Une réunion internationale pour la sauvegarde du patrimoine culturel du Mali se tiendra lundi au siège de l'Unesco, a-t-on appris vendredi auprès de cette organisation onusienne basée dans la capitale française. Au cours de cette journée, qui s'inscrit dans le cadre de la solidarité avec ce pays dévasté par le conflit armé qui y prévaut, les responsables du patrimoine culturel malien et des experts de l'Unesco examineront un projet de plan d'action pour la restauration de ce patrimoine, notamment des manuscrits, avec des décideurs du Mali, des pays voisins et de France. Cet événement prévoit une série de présentations et de discussions avec la participation des ministres de la Culture du Mali et de France, ainsi que des responsables du patrimoine culturel, des musées et des bibliothèques du pays. Il fait suite à une visite au Mali de la Directrice générale de l'Unesco Irina Bokova, qui a lancé des appels répétés en faveur de la préservation du patrimoine culturel de ce pays. L'Unesco s'est engagée à soutenir les efforts du Mali pour reprendre possession de son patrimoine, très sévèrement endommagé par les groupes islamistes armés qui occupaient une large partie du pays en 2012. A Tombouctou et Gao, ces groupes islamistes armés ont en effet largement endommagé et détruit les sites du patrimoine mondial. Ils ont aussi cherché à détruire les remarquables bibliothèques du pays. Les collections de manuscrits de Tombouctou constituent un patrimoine inestimable d'environ 300.000 documents, dont beaucoup datent de l'âge d'or de la ville, du 12è au 15è siècles de l'ère chrétienne. Ces collections comprennent des manuscrits écrits ou copiés localement, ainsi que des oeuvres provenant de tout le monde musulman, de Al-Andalus en Espagne, d'Afrique du Nord et du Proche-Orient. Les sujets abordés dans ces oeuvres couvrent un vaste éventail du savoir ancien : de la théologie aux mathématiques, en passant par la médecine, l'astronomie, la musique, la littérature, la poésie, l'architecture, ainsi que les pratiques ésotériques. Ils représentent collectivement un témoignage unique sur le passé culturel de la ville en tant que centre d'apprentissage et carrefour d'échanges commerciaux et culturels. Ils sont porteurs également de précieuses informations sur l'histoire précoloniale de l'Afrique musulmane. L'Unesco s'est impliquée dans la préservation de ces manuscrits au fil des décennies et a contribué à la création de l'Institut des hautes études et de recherches islamiques Ahmed Baba inauguré en 1974 et devenu depuis, le plus grand référentiel de manuscrits anciens en Afrique de l'Ouest. En avril 2012, les groupes islamistes ont occupé et endommagé l'institut. Une grande partie de son équipement, y compris le matériel de numérisation a été détruit. Pire encore, avant de fuir les lieux, les groupes islamistes ont brûlé quelque 40 000 manuscrits de cet institut de référence.