La Directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova, s'est alarmée suite à la profanation du mausolée Sidi Mahmoud, vendredi dernier à Tombouctou, par des hommes armés du groupe islamiste Ansar Eddine qui a participé à la prise de la ville malienne et s'y est, par la suite, implanté en imposant l'application de la chariâa, selon sa vision (ça rappelle la démarche des talibans). D'après les informations reçues par l'Unesco, la porte d'entrée du mausolée et son rideau de protection auraient été brûlés et les populations de Tombouctou qui s'y rendent tous les vendredis pour la procession ont été empêchées d'y accéder.«Cette profanation marque une aggravation très préoccupante des attaques contre le patrimoine malien déjà fortement menacé au cours des dernières semaines. J'en appelle à toutes les parties impliquées pour qu'elles assurent, sans délai, la protection de ce bien du patrimoine mondial, essentiel à la préservation de la riche culture malienne, et relevant du patrimoine indivisible de l'humanité. Ce patrimoine culturel est notre bien commun, et rien ne saurait justifier qu'on y porte atteinte», a déclaré la Directrice générale.Les mosquées de Tombouctou et leurs 16 mausolées sont parmi les témoins de l'âge d'or de Tombouctou au 16e siècle, et des activités d'enseignement universitaire de l'islam qui s'y déroulaient. Depuis le déclenchement du conflit dans le Nord-Mali, Mme Bokova a déjà exprimé ses inquiétudes sur les risques de destruction menaçant le patrimoine culturel malien à travers plusieurs appels à la protection de ce patrimoine et à la vigilance contre le trafic illicite des biens culturels. Le dernier appel en date a été lancé mi-avril dernier quand des informations ont rapporté que des milliers de livres, de manuscrits et de documents anciens avaient été saccagés et pillés par des rebelles qui avaient pris le contrôle de l'Institut des hautes études et de recherches islamiques Ahmed-Baba (Iheri-AB) de Tombouctou ainsi que d'autres institutions culturelles. «Ces centres abritent des documents anciens, écrits ou recopiés localement, acquis sur des marchés d'Afrique du Nord, d'Al-Andalus ou du Machrek, ou envoyés par des pèlerins depuis des pays musulmans éloignés. Beaucoup d'entre eux datent de l'âge d'or de Tombouctou, qui se situe entre le 12e et le 15e siècle. Ils traitent de sujets variés allant des études religieuses aux mathématiques, en passant par la médecine, l'astronomie, la musique, la littérature, la poésie, l'architecture ou encore les pratiques ésotériques, et portent le témoignage de la richesse historique de la ville, à la fois carrefour culturel et centre d'apprentissage. Ce patrimoine doit être protégé. Les citadins, dont je salue l'engagement, l'ont compris, eux qui se sont rassemblés pour organiser leur sauvetage. Mais ils ont besoin de notre aide. J'appelle solennellement toutes les parties concernées à la vigilance et à travailler en concertation afin d'éviter que ces trésors qui sont si importants pour l'humanité toute entière ne se perdent pas», avait déclaré Irina Bokova. Aussi, a-t-elle demandé à toutes les autorités compétentes des pays partageant une frontière avec le Mali , de prendre, en application de la Convention de l'Unesco de 1970 - dont ils sont signataires, avec le Mali-, les dispositions pour interdire et empêcher l'importation, l'exportation et le transfert illicites de biens culturels provenant du Mali. Mme Bokova a aussi appelé les partenaires institutionnels de l'agence onusienne dans la lutte contre le trafic illicite de biens culturels, notamment Interpol, à faire preuve de vigilance. Les professionnels du marché de l'art et les collectionneurs à qui les trafiquants pourraient proposer la vente d'objets patrimoniaux pillés, ont également été sollicités pour qu'ils résistent à la tentation et contribuent à la lutte contre ces réseaux de trafic. H. G.