"Le théâtre de la mer : une expérience" est le titre d'un nouvel ouvrage signé Kaddour Naïmi qui relate la courte existence de sa troupe fondée en août 1968 à Oran. Ce livre se propose d'apporter des éclairages sur l'histoire et le parcours de la troupe "Théâtre de la Mer" qui a vécu quatre années seulement, a indiqué l'auteur lors d'une séance de présentation animée mercredi au Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle (CRASC), basé à Oran. La publication, qui verra prochainement le jour aux éditions du CRASC, est "un témoignage direct" destiné notamment aux historiens et jeunes universitaires en quête de sources documentaires autour du 4ème Art algérien, a expliqué M. Naïmi. Dans son livre, l'auteur évoque la création de sa troupe, son parcours et ses grandes réalisations collectives concrétisées par les artistes membres dont les deux premiers furent Mustapha Mangouchi et Yousfi Mohamed, rejoints ensuite par d'autres noms de la scène culturelle à l'instar du regretté Ahmed Skif. La troupe qui s'est étoffée au fil du temps, comprenant jusqu'à 14 membres, a produit plusieurs pièces à succès, à commencer par "Mon corps, ta voix et sa pensée" (sur l'évolution de l'homme selon la théorie darwinienne), suivie de "La valeur de l'accord" (sur la conquête spatiale), de "La fourmi et l'éléphant" (sur la résistance du peuple vietnamien face à l'agression américaine), "Format révolution", "A l'aurore où est l'espoir" (sur le chômage) et "Mohamed prends ta valise" (avec Kateb Yacine sur le thème de l'émigration). L'auteur aborde également le contexte dans lequel a évolué sa troupe, rappelant qu'à l'époque feu Ould Abderrahmane Kaki était directeur du théâtre d'Oran tandis que feu Alloula, alors acteur, faisait ses premiers pas dans la mise en scène. L'expérience du "théâtre de la mer" a été assez marquante pour le théâtre algérien, a estimé M. Naïmi, observant à ce propos que sa troupe, bien qu'elle fût officiellement amateur, activait en réalité de manière professionnelle, soit huit heures par jour. A travers son livre, l'auteur rend hommage à ses compagnons au sein de cette troupe qui, a-t-il affirmé, fut la première à produire le théâtre dit de "la halqa", ajoutant que près de 300 représentations ont été données. Toutes les pièces du "Théâtre de la Mer" ont été jouées en dehors de la scène officielle, sauf au Théâtre national d'Alger (TNA) pour "Mohamed prends ta valise", mais là aussi les spectateurs étaient sur le plateau, donc en forme de halqa, a-t-il fait valoir. "La troupe en question se produisait à travers tout le pays, présentant ses créations collectives dans les fermes autogérées, dans les usines, dans les lycées et à l'université, invitant aussi le public au débat qui prenait parfois jusqu'à deux heures, soit plus que la durée même du spectacle", s'est remémoré l'auteur, dramaturge et cinéaste. Avant de fonder "Le théâtre de la Mer", M. Naimi, a fait des études de mise en scène à l'Ecole Supérieure d'Art Dramatique de Strasbourg (France). De 1974 à 1979, il consolide sa formation, en obtenant une licence de sociologie à l'Université de Louvain-La-Neuve (Belgique). M. Naïmi a été récompensé à l'échelle internationale pour ses œuvres théâtrales, littéraires et cinématographiques dédiées notamment à la thématique sociale. Etabli à l'étranger pendant quarante ans, il revient au pays où il réalise en 2012 "Al hanana, ya ouled !" (La tendresse, les enfants !) dans le cadre du festival international du théâtre de Béjaïa. La présentation de son ouvrage sur la troupe "Théâtre de la Mer" s'est tenue en présence d'Ahmed Amine Dellaï, chercheur au CRASC, qui a fait savoir que cette publication entre dans le cadre des "Cahiers Tourat" dédiés par ce Centre national de recherche au patrimoine culturel algérien. Il s'agit, a-t-il expliqué, d'une nouvelle série intitulée "Documents pour servir l'histoire du patrimoine algérien", qui se propose d'offrir aux chercheurs des documents de "première main" comme le témoignage de M. Naïmi ou d'autres écrits sur Mahieddine Bachtarzi avec ses lettres et chansons interdites de diffusion à l'époque coloniale. M. Dellaï qui est spécialisé dans la poésie populaire "Melhoun" a en outre annoncé la prochaine élaboration de dictionnaires spécifiques aux produits littéraires de la langue populaire, avec un lexique de la terminologie soufie de Sidi Lakhdar Benkhelouf, précisant que ce projet est mené dans le cadre des Programmes nationaux de recherche (PNR).