Le FMI plaide pour une réforme globale des subventions à l'énergie dans le monde, affirmant que cela se traduirait par des gains importants à la fois pour la croissance économique des pays et l'environnement. Les subventions à l'énergie (produits pétroliers, gaz, électricité, charbon notamment) s'élèvent annuellement à la somme astronomique de 1.900 milliards de dollars (prix avec taxes) dans le monde, soit l'équivalent de 2,5% du PIB mondial et 8% des recettes publiques de l'ensemble des pays, précise un nouveau rapport publié mercredi par le FMI qui exhorte les décideurs du monde à réviser leurs systèmes de subventions énergétiques. Outre les pays de la région MENA, qui représentent environ 50% de l'ensemble des subventions mondiales à l'énergie, les trois pays dont les subventions sont les plus élevées dans le monde sont les Etats-Unis (502 milliards de dollars), la Chine (279 milliards de dollars) et la Russie (116 milliards de dollars). Les subventions créent des distorsions multidimensionnelles Dans son analyse, l'institution de Bretton Woods note que si le but des subventions à l'énergie était de protéger les consommateurs, elles exacerbent, toutefois, les déséquilibres budgétaires et évincent les dépenses publiques prioritaires. En outre, elles sont aussi à l'origine d'une distorsion de l'affectation des ressources car elles encouragent une consommation excessive d'énergie, réduisent les incitations à l'investissement dans les énergies renouvelables et accélèrent l'épuisement des ressources naturelles. Autre aspect négatif observé par le Fonds est que les subventions créent des incitations à la contrebande : ''Si les prix intérieurs sont nettement inférieurs à ceux des pays voisins, il existe de fortes incitations à la contrebande des produits vers les destinations où les prix sont plus élevés'', note le rapport qui cite la région MENA comme l'une des régions où ce phénomène est fortement répandu. ''Le commerce illégal des produits énergétiques accroît le coût budgétaire pour le pays qui subventionne, tout en limitant la capacité du pays qui reçoit les articles de contrebande à taxer la consommation intérieure d'énergie'', poursuit-il. Par ailleurs, il soutient que la plupart des avantages des subventions reviennent aux ménages dont le revenu est plus élevé, ce qui exacerbe les inégalités, tandis que les générations futures sont touchées car elles subissent les effets négatifs de l'accroissement de la consommation énergétique sur le réchauffement de la planète. Quelles mesures pour une réforme exhaustive ? A partir de ce constat, le FMI considère que la réforme des subventions fait intervenir six éléments majeurs. Il s'agit de l'élaboration d'un plan exhaustif de la réforme du secteur de l'énergie avec des objectifs à long terme clairs, une analyse de l'impact des réformes et une consultation des parties prenantes, une grande stratégie de communication appuyée par une amélioration de la transparence, moyennant la diffusion d'informations sur l'ampleur des subventions et leur impact budgétaire. La réforme doit également se faire avec des augmentations de prix correctement échelonnées, des mesures ciblées d'atténuation des effets des réformes pour protéger les pauvres et des réformes institutionnelles qui dépolitisent la fixation des prix énergétiques. A ce propos, le FMI estime que la résistance de la population d'un pays à la réforme des subventions est moins ferme lorsque la croissance économique est relativement élevée et l'inflation faible. En effet, explique-t-il, la hausse du revenu des ménages, en conséquence d'une bonne croissance économique, peut les aider à mieux faire face aux augmentations des prix de l'énergie qu'entraîne la réforme des subventions.