Le rapport publié par la banque d'Algérie sur les réserves de change le 01 juillet 2012 ne nous apprend strictement rien. Ci-joint mon analyse en synthèse largement reprise depuis déjà 4 mois par la presse internationale. Rappelons que l'objectif stratégique entre 2000/2012 était une dynamisation de la production et des exportations hors hydrocarbures. Le pré programme de soutien à la relance économique reposant sur les dépenses publiques (plus de 7 milliards de dollars US) ayant eu lieu avant 2004, celui programmé entre 2004/2009 clôturé en principe à 200 milliards de dollars US mais dont le bilan n'a pas été rendu public. En plus a été programmé une nouvelle enveloppe de 280 milliards de dollars entre 2010/2013 mais dont 130 sont des restes à réaliser des projets non terminés de 2004/2009 montrant d'importants surcouts et la non maitrise de la maturation des projets. C'est durant cette période, comme durant la période 1980/1990, du fait de la compression de la demande sociale durant la période du terrorisme, demande qui a explosée depuis 2000, que la priorité a été accordée aux infrastructures, logement qui n'est qu'un moyen du développement (70% de la dépense publique) et non au management stratégique de l'entreprise seule source permanente de la richesse. C'est durant la période 2007/2012 que nous assistons à des déballages sur la corruption qui a d'ailleurs toujours existé mais qui prend des proportions alarmantes avec une corruption socialisée de la BADR, de Khalifa, de la BCIA, BNA ,BEA ,BDL bon nombre d'agences du CPA et d'autres banques et d'entreprises publiques dont Sonatrach, le projet autoroute Est-Ouest , et bien entendu qui touche presque tous les autres secteurs de l'économie nationale ce qui a fait dire aux observateurs que le risque est de passer de l'ancien terrorisme à un autre - entendu la corruption- plus mortel pour le pays. 1.- Le constat économique en 2O12 : une croissance tirée par les hydrocarbures La population algérienne était de 35,6 millions d'habitants au 1er janvier 2010 et l'Office des statistiques (ONS) donne une population de 36,3 millions d'habitants au 1er janvier 2011 et de 37 ,1 millions au 01 janvier 2O12. La population active devrait dépasser les dix (10) millions et la demande d'emplois additionnelle varierait entre 300.000 à 400.000 personnes par an, nombre d'ailleurs sous estimé puisque le calcul de l'ONS applique un taux largement inférieur pour les taux d'activité à la population féminine. Pourtant le taux de chômage officiel est estimé à 10,2% en 2011 mais incluant les sureffectifs des administrations, des entreprises publiques, les emplois dans la sphère informelle et les activités temporaires de moins de six (6) mois en majorité des emplois improductifs refaire les trottoirs ou désherber les routes. Redressé ce taux dépasse largement les 20% car le taux d'emploi réel est fonction du taux de croissance et des structures des taux de productivité. Malgré une injection massive de la dépense publique, l'Etat dépensant 2 fois plus que la moyenne des pays émergents, mais avec des résultats qui sont deux fois moindres. Le taux de croissance global de l'économie est relativement faible, sachant qu'un accroissement par rapport à un taux de croissance faible de l'année précédente (ce qui est le cas de l'Algérie) donne toujours en valeur relative un taux de croissance faible même si le taux est supérieur l'année qui suit. Il aurait été de 2% en 2007/2008, 3% en 2009, (contre 5% entre 2005/2006) et selon les estimations internationales à 4 % en 2010, à 3,5% en 2011 et à 3,6% entre 2012 et 2014. Le produit intérieur brut en valeur nominale est de 154,4 milliards de dollars en 2009 et 161,9 milliards de dollars fin 2010 ; le FMI l'évalue à 206,5 milliards de dollars en 2012 et à 213,1 milliards de dollars en 2013 contre 190,7 milliards de dollars en 2011, encore qu'il faille raisonner à prix constants et non à prix courants de peu de signification. Le taux de croissance est tiré essentiellement par la dépense publique dont le BTPH. Face aux données officielles de croissance hors hydrocarbures moyenne de 5/6% durant la période 2008/2011, l'on peut démontrer aisément à partir du renversement de la matrice du tableau d'échange inter- industriel que la rente des hydrocarbures participe pour plus de 80% directement et indirectement à travers la dépense publique au taux de croissance officiel, ne restant aux seuls créateurs der richesses que moins de 20% dans la création de la valeur. Entre le taux de croissance réel et le taux de chômage officiel, nos calculs donnant un taux de chômage corrigé bien plus important qui sans les hydrocarbures serait supérieur à 60% de la population active. Quant au taux d'inflation, pour le gouvernement, il a été de 1,6 % en 2005, 3% en 2006, à 3,5 % en 2007, 4,5% en 2008, 5,7% en 2009 4% en glissement annuel pour 2010/2011 avec un glissement annuel supérieur à 5, 5% pour 2O12. Or, un agrégat global comme le revenu national par tête d'habitant peut voiler d'importantes disparités entre les différentes couches sociales. Une analyse pertinente doit lier le processus d'accumulation la répartition du revenu ( 70% percevant moins de 200 euros par mois net) , le modèle de consommation par couches sociales , l'évolution des biens de première nécessité dont la hausse entre 2009/2012 est largement supérieure au taux officiel. Certes, le SNMG a plus que doublé en passant de 6.000 à 15 000 dinars ces dernières années, à prix courants, mais devant déflater par le taux d'inflation réel pour déterminer le véritable pouvoir d'achat. Aussi, une interrogation s'impose : comment est-ce qu'un Algérien, qui vit au SNMG, 150 euros par mois au cours officiel, 10O euros sur le cours du marché parallèle soit 4 euros par jour alors que le prix du kilo de viande dépasse 10 euros fait face aux dépenses incontournables : alimentation, transport, santé, éducation. La cellule familiale, paradoxalement, la crise du logement (même marmite, même charges) et les transferts sociaux qui ont atteint plus de 1.200 milliards DA en 2011, soit 18% du budget général de l'Etat et plus de 10% du PIB (taux identique entre 2009/2010) jouent temporairement comme tampon social. Comme se pose la problématique de la dépendance, la facture alimentaire qui va tendre vers a dépassé 9 milliards de dollars en horizon 2012/2014 2011. Quel est donc le bilan du PNDA qui a englouti des centaines de milliards de dinars ? Le taux d'inflation non comprimé par les subventions grâce à la rente des hydrocarbures qui non ciblées découragent la production locale et encouragent les fuites hors des frontières, serait supérieur à 15% en référence au taux officiel. Pour les exportations, le FMI table sur 81 milliards de dollars en 2012 et de 78 milliards de dollars en 2013 (contre 76,8 milliards de dollars en 2011), tandis que les importations devraient se chiffrer à 57,4 milliards de dollars en 2012 et à 58,1 milliards de dollars en 2013 (contre 56,6 milliards de dollars en 2011).Quant à la balance des comptes courants du pays, le Fonds évalue le solde à 20,6 milliards de dollars en 2012 et à 16,8 milliards de dollars en 2013 (contre 19,6 milliards de dollars en 2011). Cependant, selon le FMI, à moyen terme, pour assurer l'équité entre générations, l'Algérie devra maîtriser davantage les dépenses publiques et en accroître la qualité, et axer son développement sur les segments hors hydrocarbures. Car, l'évolution des recettes algériennes est fortement tributaire des hydrocarbures et un ralentissement de l'économie mondiale qui est actuellement contrebalancée par des tensions géostratégiques (Iran) entraînerait une diminution des volumes d'exportation. Les exportations en hydrocarbures sont en moyenne de 98% entre 2009/2011 libellées en dollars, la fiscalité pétrolière fluctuant entre 60/75% des recettes fiscales. L'essence de la hausse des importations de biens et services est l'envolée de la dépense publique. C'est que l'économie algérienne est fortement dépendante des biens de capital et des biens de consommation intermédiaires et finaux presque tous importés n'ayant pas jeté les bases d'un appareil productif capable d'affronter la concurrence internationale et les tendances relatives des grands agrégats économiques bien que positives, révèlent une macroéconomie sous contrôle relatif : la persistance des déficits publics a produit un système d'éviction sur l'investissement productif et une dette publique intérieure et extérieure épongée artificiellement par la rente des hydrocarbures. Or pour le gaz qui devrait dans la part des exportations aller en croissant une étude récente du FMI prévoit une bulle gazière en raison tant de la contraction de l'économie mondiale, de la révolution du gaz non conventionnel et des nouvelles mutations énergétiques mondiales, (énergies renouvelables) pendant au moins la période 2013/2020. Que deviendra l'Algérie avec la fin des contrats à moyen terme 2O13/2014, avec la baisse de ses recettes issues du gaz qui représente environ 40% des recettes globales et qui devaient croitre entre 204/2020? Par ailleurs, le gouvernement doit être attentif pour toute analyse objective à la balance des paiements. Le montant poste assistance technique étrangère est passé de 2 milliards de dollars entre 2OO1-2OO2, à 4 milliards de dollars en 2004, 10 milliards de dollars entre 2008/2010 et approche 12 milliards de dollars fin 2O11.
2- Le système financier algérien sclérosé et des réserves de change virtuelles Le système financier algérien est dans l'incapacité d'autonomiser la sphère financière de la sphère publique, cette dernière étant totalement articulée à la sphère publique dont l'Etat est actionnaire à 100%, le privé local ou international étant marginal, et les dernières mesures contenues dans la loi de finances 2010 devraient encore le restreindre. Il est le lieu d'enjeux importants de pouvoir expliquant que els réformes annoncées depuis 20 ans sont toujours différées. Après plus de 10 années d'ouverture, le marché bancaire algérien selon le rapport de la banque d'Algérie, de 2009 se compose de six banques publiques et de quatorze banques privées avec une concentration au niveau des actifs de plus de 39% au niveau d'une seule banque, la BEA, communément appelé la banque de la Sonatrach Le système financier est actuellement le lieu par excellence de la distribution passive de la rente. La richesse nationale créée puise sa source dans la relation du triptyque: stock physique (stock ressources naturelles d'hydrocarbures) - stock monétaire (transformation: richesse monétaire) - répartition (modalités et mécanismes de répartition: investissement-consommation-fonds de régulation). La monnaie est avant tout un rapport social traduisant la confiance entre l'Etat et le citoyen, et se pose cette question pourquoi ce dérapage du dinar depuis deux années sur le marché parallèle avec une distorsion de plus de 45/50% par rapport au cours officiel de la banque d'Algérie ( 1 euro coté entre 140/150 dinars), pouvant d'ailleurs démonter qu'existe une corrélation statistique entre le cours des hydrocarbures et la valeur du dinar algérien de plus de 70%. Entre 2011/2012, sans hydrocarbures, le dinar flotterait avec un cours qui dépasserait 450 dinars un euro soit une dévaluation de 300%. C'est que Sonatrach ne créée pas de richesses ou du moins très peu, transforme un stock physique en stock monétaire (champ de l'entreprise) ou contribue à avoir des réserves de change. Qu'en est-justement de ces réserves de change objet de toutes les convoitises tant internes qu'internationales ? Le Fonds monétaire international (FM), a demandé récemment au gouvernement algérien de contribuer à l'augmentation de ses ressources afin d'aider les pays en crise. L'Algérie doit fournir sa réponse courant octobre 2012. Les réserves internationales d'un pays sont, généralement, l'ensemble des disponibilités composant le portefeuille des actifs que sa Banque centrale détient (devises, or, droits de tirages spéciaux (DTS). La Chine dispose des réserves de change passées de 819 milliards de USD en 2005 à 2.847 milliards de USD en 2010 et à 3.181 milliards de dollars au 1er janvier 2012. C'est le fruit du travail des Chinois. Pour l'Algérie, cela provient de la rente des hydrocarbures. Aussi, les réserves de change (ne provenant pas de la création de la valeur en Algérie), sont certes une condition nécessaire mais non suffisante pour un développement durable. La monnaie, semblable au sang dans le corps humain, permet de dynamiser la production comme moyen d'échange ou de la freiner en cas de thésaurisation ou d'émission de la monnaie sans contreparties productives générant d'ailleurs l'inflation qui pénalise l'investissement (hausse des taux d'intérêt) et les couches les vulnérables. Les réserves de change sont-elles une condition du développement ? Ces réserves permettent de sécuriser l'investissement et surtout d'éviter un dérapage plus important de la valeur du dinar, par rapport aux devises. Il existe actuellement une corrélation d'environ 70% entre la valeur actuelle du dinar et ce stock de devises via la rente des hydrocarbures. Autrement, le dinar flotterait à une parité de 300/400 dinars l'euro. Rappelons tout de même qu'il existe une disparité depuis une année entre le cours officiel et le cours sur le marché parallèle de la cotation du dinar algérien. Le différentiel varie entre 45 et 50%, traduisant certainement une sortie de capitaux. Cela renvoie à la monnaie qui est un rapport social traduisant le rapport confiance Etat/citoyens, un signe permettant les échanges ne créant pas de richesses. La monnaie, autant que les réserves de change, est un signe, moyen et non facteur de développement. Selon les évaluations du FMI sur les réserves de change officielles 2012 (hors fonds de souveraineté) des pays pétroliers de la région, les trois plus gros détenteurs de ces réserves sont l'Arabie saoudite (683,5 milliards de dollars), l'Algérie (205,2 milliards de dollars) et l'Iran (113,1 milliards de dollars). Pour l'Algérie, il convient de comptabiliser la part de l'or dont le dernier rapport du FMI estime à 173,6 tonnes. Le Fonds indique que la dette extérieure brute de l'Algérie ne représentera que 2,4% du PIB en 2012 et devra se maintenir au même taux en 2013 (contre 2,8% en 2011). La moyenne de la dette extérieure dans les pays exportateurs de pétrole de la région MENA est de 22,2% du PIB, les plus fortement endettés étant le Bahreïn et le Soudan avec respectivement 135,2% et 77,8% du PIB. Concernant la dette publique de l'Algérie, elle devra baisser à 8,9% du PIB en 2012 et à 8,6% en 2013 (contre 9,9% en 2011). Où sont ces placements ? Début septembre 2011, dans une déclaration reprise par l'agence officielle APS, le gouverneur de la banque d'Algérie, estimant les réserves de change à 162,2 milliards de dollars contre 148,9 milliards à la fin 2009, a déclaré officiellement que les rendements des placements ont été de 4,74 milliards de dollars en 2009 à 4,60 milliards de dollars en 2010 alors qu'elles étaient de 5,13 milliards de dollars en 2008, de 3,81 milliards de dollars en 2007 et de 2,42 milliards de dollars en 2006. Avant la crise de 2008, les dépôts dans des banques privées internationales dites AAA (dont certaines ont été décotées) constituaient 20%, un montant qui a été ramené à 2% seulement depuis 2010, toujours selon le rapport de la Banque d'Algérie qui ne précise pas quel a été le sort des 18% pendant la crise d'octobre 2008 ni l'identité des banques de dépôt. Par ailleurs, selon le gouverneur, environ 98% de ces placements, répartis entre les Etats-Unis et l'Europe, sont effectués en portefeuille de titres souverains (valeurs d'Etat) que l'Algérie avait achetés entre les années 2004 et 2007, lorsque les taux d'intérêt mondiaux étaient relativement élevés. Ces titres sont soumis à un taux d'intérêt moyen fixe de 3% en 2010, (supposant un placement à moyen terme et non à court terme, ne pouvant pas les retirer avant terme sans le risque de perde les intérêts), un rendement légèrement inférieur à celui de 2009 et 2008. Si l'on prend donc début 2011, cela signifie que 90% des réserves de change de l'Algérie sont placées à l'étranger tant en bons de trésor américains qu'en obligations européennes. La question qui se pose est si des réserves algériennes ont été placées en obligations grecques, espagnoles, portugaises, hollandaises, pays qui accusent une très grave crise d'endettement et donc que l'Algérie aide déjà indirectement ? Devra t- elle retirer ces montants pour aller les placer au FMI et à quel taux, et surtout à quel terme, ce qui les réemprunterait aux pays en difficultés ? L'Algérie pourra-t-elle récupérer son argent en cas de très graves difficultés de ces pays pour ne pas dire de faillite d'autant plus qu'il est annoncé une accentuation de la crise en Europe durant les prochaines années ? Donc, il s'agit d'abord de savoir si l'Algérie dispose d'un montant important disponible immédiatement pour répondre aux vœux du FMI et quel sera le taux d'intérêt. Ainsi, le rendement des placements en valeurs d'Etat est presque négatif dans la mesure où le taux d'intérêt de 3% correspond «tout juste au taux d'inflation mondial actuel de 2010/2011. En effet, les taux à court terme ne peuvent être supérieurs au taux d'escompte des banques centrales et sont soumis aux fluctuations des taux directeurs bas et des tensions inflationnistes. Les taux directeurs sont depuis 2009/2010 pour la FED dans la fourchette des 0-0,25%. Pour la BCE, ce taux était de 1,25% en 2010 avec un relèvement à 1,5% en avril 2011 et un retour à 1% à la fin de l'année. La banque d'Angleterre fixe son taux directeur à 0,5%. Le Japon pour sa part affiche un taux tendant vers zéro. D'une manière générale si le stock, à moins d'une faillite généralisée de toute l'économie mondiale ou d'une grave crise politique en Algérie (ce qui entrainerait le gel des avoirs algériens à l'étranger), est garanti par les Etats, les risques sont minimes. Mais cela pose le problème des rendements. Le taux d'intérêt est de plus en plus élevé si les placements se font à moyen et long terme. Il faut donc être attentif tant à l'évolution des cotations de l'euro et du dollar constituant que de l'inflation mondiale. A-t-on placé 45% en dollars, 45% en euros, 5% en yen et 5% en livre sterling comme l'a affirmé le Ministre des Finances ?
3. Non maitrise de la dépense publique et tensions budgétaires Face à cette aisance financière, la dépense publique est passée successivement de 55 milliards de dollars en 2004, à 100 milliards de dollars en 2005 puis à 140 milliards de dollars fin 2006 et qui a été clôturée entre 2004/2009 à 200 milliards de dollars mais faute de bilan on ne sait pas si l'intégralité de ce montant a été dépensé. Le niveau de la dépense publique entre 2010/2012 dépasse le cours de 110/120 dollars le baril. Quant au programme d'investissements publics 2010/2014, le gouvernement a retenu des engagements pour 286 milliards de dollars, et concerne deux volets, à savoir le parachèvement des grands projets déjà entamés entre 2004/2009, l'équivalent à 130 milliards de dollars (46%) et l'engagement de projets nouveaux pour un montant de près de 156 milliards de dollars. Qu'en sera-t-il des restes à réaliser pour les nouveaux projets inscrits au 31/12/2004 à la fois faute de capacités d'absorption et d'une gestion défectueuse ? Peut-on continuer dans une voie suicidaire avec l'assainissement des entreprises publiques qui a couté au trésor plus de 50 milliards de dollars entre 1971/2010 sans résultats probants , 70% des entreprises étant revenues à la case de départ et le gouvernement vient de débloquer encore 16 milliards de dollars pour l'année 2011 au nom d'une paix sociale fictive et transitoire , qui combinée à l'injection d'une masse monétaire sans précédent risquant de conduire le pays à une hyperinflation que l'on essaie de comprimer transitoirement par des subventions ? Cette tendance lourde de non maitrise de la dépense publique est confirmée par la loi de finances complémentaire 2011 qui a été établie sur la base de 37 dollars le baril de pétrole et pour le taux de change 74 dinars pour 1 dollar. Cette loi prévoit une forte aggravation du déficit budgétaire à 33,9% du produit intérieur brut. Les dépenses de fonctionnement prévues sont de 4 291 milliards de dinars dont 856,8 milliards de dinars additionnels, en hausse de 24,9% et les dépenses d'équipement de 3.981 milliards de dinars dont 797,26 milliards de dinars additionnels, en hausse de 25%. Quant aux recettes budgétaires elles sont de 3 198 milliards de dinars (en hausse de 6,8%), dont 1669 milliards de dinars de fiscalité ordinaire, en hausse de 11%, et 1 529 milliards de fiscalité pétrolière, en hausse de 3,8% et le Fonds de régulation des recettes (FRR) est évalué à 4842,8 milliards à fin 2010. Le déficit budgétaire s'établirait à 4693 milliards de dinars. C'est que le budget de l'Etat, c'est-à-dire l'ensemble des comptes décrivant les recettes et les dépenses de l'Etat pour une année civile. Les impôts dans une économie productive sont les principales recettes de l'Etat composés des impôts directs versés directement par les contribuables à l'Etat et des impôts indirects incorporés au prix d'un bien ou d'un service et payés à un intermédiaire qui les reversent à l'Etat. Pour le cas Algérie la dominance est la fiscalité pétrolière. Quant aux dépenses, elles concernent les interventions dans les domaines social, économique et international. Un budget est dit en équilibre si les recettes sont égales aux dépenses. En cas d'un déficit budgétaire, ce dernier doit être financé soit par des emprunts qui augmentent la dette de l'Etat avec un cout dans la mesure où il faut payer les intérêts, soit par le recours à des réserves préalablement accumulées à partir d'excédents budgétaires soit par une hausse d'impôts. Enfin par une émission monétaire « planche à billets », avec le risque d'un processus inflationniste si l'offre de biens et de marchandises produite intérieurement ne s'accroit pas, pouvant par les importations atténuer ce processus, tout dépendant des réserves de change, des prix au niveau international et de la cotation de la monnaie au niveau local. Un lecteur averti en commentant mes écrits m'a fait remarquer très justement je le cite : « Même la fiscalité ordinaire est prélevée sur les revenus du pétrole en aval après avoir été accordée sous forme de produits en amont. La TVA sur l'importation constitue l'essentiel de la TVA nationale soit 60% et les 40% restant sont dans les faits prélevés non sur une valeur ajoutée quelconque mais sur la marge brute intérieure sur les mêmes produits provenant du port. La TAP est prélevée sur les mêmes activités qui pour la plus part consistent en la revente en l'état et pour le reste en mixture et conditionnement de produits importés grâce aux hydrocarbures ». On peut en déduire que pour l'ensemble de l'économie, les hydrocarbures contribuent pour plus de 80% directement et indirectement à la fiscalité entre 2004/2010 et certainement encore entre 2011/2014. Le gouvernement devrait éviter de faire un pari hasardeux sur un cours du pétrole supérieur à 110/120 dollars à prix constants seuil minimum pour combler l'actuel déficit budgétaire et comprimer artificiellement l'inflation par des subventions, devant être attentif également aux fluctuations monétaires tant du dollar ( exportation) que de l'euro plus de 60% de nos importations. Les fondements de l'économie publique ont leurs ses propres règles applicables à tous les pays comme en témoigne récemment la crise grecque, portugaise ou espagnole et les politiques d'austérité budgétaire de l'ensemble des pays développés ou émergents. Le guide de management des grands projets d'infrastructures économiques et sociales élaboré en 2010 par la caisse nationale d'équipement pour le développement (CNED) sur le contrôle financier et la dépense d'équipement, stipulant que toutes les études de maturation des projets devront être validées par la CNED, avant le lancement des projets, et la soumission de toute réévaluation des projets au delà de 15%, à l'aval du Conseil des ministres, contribueront ils à affiner l'action des pouvoirs publics en matière d'efficience des dépenses publiques ? Ces mesures mettront- elles fin au gaspillage des ressources eu égard au surcoût caractérisant la majorité des mégaprojets ?
En conclusion, comment ne pas constater en ce mois de juillet 2012 est que les réformes sont timidement entamées malgré des discours apparemment libéraux, et moralisateurs que contredisent journellement les pratiques sociales. L'Algérie est en syndrome hollandais après 50 années d'indépendance politique : 98%d'exportation d'hydrocarbures à l'état brut et semi brut, 70/75% des besoins des ménages et des entreprises sont importés avec des liens dialectiques entre la logique rentière et l‘extension de la sphère informelle. Tout est irrigué par les hydrocarbures donnant des taux de croissance, du taux de chômage, du taux d'inflation fictifs. Les banques, lieu de distribution de la rente, continuent de fonctionner comme des guichets administratifs, et du fait des enjeux les réformes souvent différés s'attaquant plus aux aspects techniques qu'organisationnels, alors qu'elles sont le moteur des réformes, la privatisation et le partenariat comme moyens d'investissement et de valeur ajoutée piétinent faute de cohérence et de transparence ; la facture alimentaire continue d'augmenter malgré le fameux programme agricole ( PNDA) dont il conviendra de faire le bilan du fait plusieurs de milliards de dollars de dépenses , la bureaucratie et la corruption continuent de sévir. Comme conséquence, résultats de la pratique de plusieurs décennies et non seulement de la période actuelle, nous assistons à des tensions à travers toutes les wilayates contre la hogra- la corruption, la mal vie, d'une jeunesse dont le slogan « nous sommes déjà morts » ce qui traduit l'impasse du système économique rentier à générer une croissance hors hydrocarbures, seule condition d'atténuation des tensions sociales pour faire face à ce malaise social croissant.