Les Palestiniens se sont élevés contre les nouveaux plans israéliens visant à judaïser les territoires occupés, notamment l'annonce jeudi de la construction de plus de 290 logements dans une colonie près de Ramallah en Cisjordanie. La décision des autorités d'occupation d'implanter 296 logements dans la colonie de Beit El, "est une preuve que le gouvernement israélien veut saboter et ruiner les efforts de l'administration américaine pour relancer le processus de paix", a déploré le négociateur palestinien Saëb Erakat peu après cette annonce. Pour Erakat, la construction de ces nouveaux logements constitue "un message adressé à l'administration américaine et un coup porté au processus de paix", dans l'impasse du fait de la poursuite de la colonisation. L'annonce sur Beit El intervient quelques jours après des informations de médias et d'une ONG israélienne selon lesquelles le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a suspendu les appels d'offres pour de nouveaux logements dans les colonies afin "de donner une chance" aux Etats-Unis de relancer des négociations avec les Palestiniens, au point mort depuis fin 2010. Mais la Paix Maintenant, une ONG israélienne opposée à la colonisation, a estimé que "cette initiative prouve que Netanyahu trompe tout le monde". "D'un côté, il laisse croire qu'il freine la colonisation et de l'autre il autorise le lancement d'un énorme projet de construction", a dénoncé Hagit Ofran, de La Paix Maintenant. Israël veut plonger la région dans la violence- La décision d'Israël de construire de nouveaux logements intervient au lendemain de la détention par les autorités d'occupation de cheikh Mohammed Hussein, mufti d'al-Qods et plus haute autorité religieuse dans les Territoires palestiniens. Elle survient également après l'irruption le même jour (mercredi) de dizaines de colons juifs sur l'esplanade des Mosquées dans la vieille ville d'al-Qods, des incidents vivement dénoncés par Saëb Erakat. "L'objectif est de plonger la région dans la violence plutôt que de parvenir à la paix et à la stabilité", a estimé Erakat qui faisait allusion aux incidents de mercredi. La brève détention par Israël de cheikh Mohammed Hussein a été, par ailleurs, dénoncée par le président de l'Etat de Palestine Mahmoud Abbas qui a qualifié cette arrestation d'"atteinte flagrante" sous prétexte qu'il représentait une menace à la liberté de culte", selon un communiqué publié par l'agence de presse palestinienne Wafa. Le Premier ministre palestinien Salam Fayyad a, de son côté, qualifié la détention du mufti de "grave escalade" tandis que le ministre palestinien chargé d'El Qods occupée, Adnane al-Husseini, a dénoncé "cette arrestation provocatrice au moment où les forces d'occupation israéliennes protègent des gangs de colons extrémistes, qui terrorisent les familles palestiniennes à travers El Qods-Est occupée". Pour sa part, le ministre palestinien des Wakfs et des Affaires religieuses, Mahmoud al-Babach, a jugé cet acte "illégal et immoral car il s'attaque à un symbole religieux". La détention du mufti dénoncée par le monde arabo-musulman- L'arrestation du mufti a aussi suscité la colère au sein du monde arabo-musulman. En Jordanie, les députés ont voté mercredi une mesure réclamant au gouvernement l'expulsion de l'ambassadeur israélien Daniel Nevo. "La chambre basse du Parlement condamne l'escalade dangereuse d'Israël. Ses répercussions auront un impact sur l'ensemble de la région et créeront un nouveau cycle de violences", ont indiqué les parlementaires dans un communiqué. "Le conseil des ministres a discuté de (la décision) de permettre à des colons juifs extrémistes de pénétrer sur le site de la mosquée Al-Aqsa et de l'arrestation du mufti d'el-Qods", a pour sa part indiqué le Premier ministre jordanien, Abdallah Nsour. Il a déclaré aux députés que son gouvernement considérait de façon "très sérieuse" ces "violations israéliennes". De leur côté, la Ligue arabe et l'Organisation de la coopération islamique (OCI) ont estimé à l'issue d'une réunion commune, tenue mercredi au Caire, que l'arrestation de cette personnalité éminente et chère au peuple palestinien et au monde musulman, constituait "un nouveau message de l'ennemi sioniste pour confirmer son intention de poursuivre sa politique discriminatoire pour la judaïsation de la ville occupée d'El-Qods et à l'encontre des symboles de l'islam et du christianisme, ainsi que sa violation de la légalité internationale". La réunion a appelé, à cette effet, la communauté internationale notamment le secrétaire général de l'ONU, le président du conseil de sécurité et les principaux acteurs sur la scène politique internationale à "obliger Israël à arrêter la violation des droits de l'Homme et des décisions internationales...". Pour ces deux organisations, il n'y aura ni paix, ni de stabilité, "sans l'arrêt immédiat de l'occupation israélienne des territoires arabes".