La démolition, hier par Israël, d'un ancien hôtel au cœur d'El Qods-Est occupée, un bâtiment «symbolique» pour les Palestiniens a, tout en remettant en cause des tentatives de reprise des négociations de paix, soulevé l'indignation de la communauté internationale. La destruction a touché toute une aile de l'ancien hôtel Shepherd, situé dans la partie orientale d'El Qods pour construire sur le site des logements destinés à des colons juifs. L'hôtel appartenait à la famille de l'ancien grand mufti d'El Qods, Amine Al Husseini, et a servi de résidence à cette figure de proue de la Grande Révolte palestinienne de 1936 à 1939 contre les Britanniques et les sionistes, jusqu'à sa compromission durant la Seconde Guerre mondiale avec les nazis. Israël a proclamé l'ensemble de la Ville sainte sa capitale «éternelle et indivisible», alors que les Palestiniens veulent établir dans la partie orientale la capitale de leur Etat. La démolition de cet hôtel a été condamnée par les responsables palestiniens ainsi que la communauté internationale. Pour le maire palestinien d'El Qods, Adnan Husseini, c'est un «acte de barbarie». Le négociateur en chef palestinien Saëb Erakat voit dans cette opération de démolition des propriétés palestiniennes les unes après les autres «la volonté de l'Etat sioniste de nettoyer El Qods de son histoire, de son patrimoine et de ses habitants palestiniens». De son côté, le mouvement de résistance palestinien Hamas est allé dans le sens pour dire que cet acte vise à judaïser la Ville sainte et à isoler la Vieille ville des quartiers arabes voisins. Il a en outre demandé de «cesser toute négociation avec Israël». Pour sa part, l'Organisation de la Conférence islamique (OCI) a affirmé qu'il s'agit d'une «violation flagrante du droit international», assurant qu'elle «agira à tous les niveaux pour arrêter la mise en œuvre du plan israélien». Sur le plan international, les Etats-Unis dénoncent une «évolution préoccupante qui compromet les efforts de paix visant à établir deux Etats pour parvenir à un dénouement», estimant que l'absence d'une solution dans ce conflit «nuit à Israël, nuit aux Palestiniens, nuit aux Etats-Unis ainsi qu'à la communauté internationale». La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a aussi fermement condamné cette destruction en réaffirmant que toutes les colonies étaient illégales aux yeux de l'UE. Les colonies «minent la confiance entre les parties et constituent un obstacle à la paix», a estimé Mme Ashton, rappelant que «Jérusalem-Est fait partie des territoires palestiniens occupés» par Israël et que «l'UE ne reconnaît pas son annexion». Par ailleurs, les représentants des pays européens à El Qods et à Ramallah en Cisjordanie ont appelé lundi l'Union européenne (UE) à reconnaître El Qods-Est comme la capitale du futur Etat palestinien indépendant, selon une source médiatique. Le porte-parole du président palestinien a indiqué qu'en opérant de la sorte, Israël a ruiné tous les efforts américains et mis fin à toute chance d'un retour aux négociations. Les négociations de paix, brièvement relancées en septembre 2010 à Washington après une suspension de 20 mois, sont à nouveau suspendues, les Palestiniens exigeant la prolongation d'un moratoire de la colonisation juive, à laquelle le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'est refusé. Les négociations directes entre les deux parties étant au point mort, Israël a annoncé qu'un émissaire de Netanyahu et un représentant palestinien se rendraient dans les prochains jours à Washington pour étudier les moyens de relancer les discussions.