La campagne de lutte contre les feux de forêt pour 2013 sera dotée de moyens supplémentaires notamment aériens pour lutter contre les incendies qui ont touché près de 100.000 hectares en 2012, a annoncé le directeur général des forêts, Mohammed Sghir Noual. "Il y a une préparation minutieuse et une mobilisation efficace pour lutter contre feux de forêt cette année", a indiqué M. Noual, en marge de la réunion de la Commission nationale de protection des forêts (CNPF) en présence du Secrétaire général du ministère de l'Agriculture et du Développement rural, Fodhil Ferroukhi. La CNPF est composée de 12 ministères et 12 institutions nationales en relation avec la protection des forêts. Cette année la commission s'est réunie un mois plus tôt que d'habitude pour mieux préparer le dispositif de lutte contre les feux de forêt. Partant de l'expérience vécue en 2012, qui était l'année la plus désastreuse depuis une décennie en matière de feux de forêt, la DGF compte, en plus du dispositif habituel, recourir à des moyens permettant de maîtriser les feux dans les massifs inaccessibles. "Nous sommes en train d'examiner avec les secteurs concernés la mobilisation de moyens aériens de première intervention notamment ceux de la Protection civile et le concours du ministère de la Défense nationale pour intervenir sur certains foyers d'incendie inaccessibles en montagne", a indiqué M. Noual. Les services de la Protection civile ont mobilisé 6 hélicoptères, alors que la DGF est en concertation avec la compagnie Tassili Airlines pour l'affrètement d'appareils de première intervention. En outre, des "instructions fermes" seront données aux services agricoles et aux Conservateurs de forêts pour qu'ils procèdent aux travaux d'entretien au niveau des exploitations agricoles "dans les meilleurs délais", a affirmé le même responsable. De nouvelles pistes ... pour lutter contre les feux de forets Les représentants des autres secteurs comme les Travaux publics, les Collectivités locales et les services forestiers se sont engagés à nettoyer et aménager les accotements des routes longeant ou traversant les massifs forestiers, et à ouvrir de nouvelles pistes forestières. M. Noual a souligné que la stratégie adoptée par l'Algérie pour lutter contre les incendies était basée sur la sensibilisation, les actions de prévention, l'alerte rapide et l'intervention rapide, étant donné que les forêts algériennes sont habitées. 40% de la population rurale vit en milieu rural. "Nous sommes passés d'une gestion administrative des feux de forêts à une gestion stratégique, c'est-à-dire, chaque forêt doit avoir son plan d'aménagement et son plan de mise en œuvre", a soutenu le directeur de la flore et de la faune au ministère de l'Agriculture, Amar Boumezber. Une dizaine d'études d'aménagement seulement ont été réalisées à ce jour sur 300 forêts existantes. "Si chaque forêt dispose d'un plan d'aménagement mis en œuvre, je pense que nous pourrons régler 90% des problèmes liés aux incendies", indique le même responsable. Le dispositif de lutte contre les feux de forêts devrait également être réparti de façon rationnelle en se basant sur le système d'alerte qui peut donner des informations sur les indices d'inflammabilité des forêts. Pour améliorer son système de prévention, la DGF est en train de travailler avec le système européen de lutte contre les feux de forêts pour accompagner les forestiers algériens dans le domaine d'investigation sur les causes des feux. La DGF va former des agents d'investigation en collaboration avec la Gendarmerie nationale pour connaître les réelles causes de ce phénomène, a révélé M. Boumezber. "Dans la précipitation on va pour éteindre le feu, mais il faudrait qu'il y ait une équipe d'investigation pour récupérer le maximum d'indices sur le déclenchement de l'incendie", a-t-il expliqué. Hormis les conditions climatiques et les accidents de chantiers, 94% des causes des feux de forêt restent inconnues, selon ce responsable qui met l'accent sur l'importance de la sensibilisation des populations pour qu'elles contribuent à la protection des forêts. La sensibilisation des populations vivant près des espaces forestiers reste de mise, selon les spécialistes qui s'attendent à des périodes de plus en plus chaudes du fait des changements climatiques. "A l'avenir, il faut savoir sensibiliser parce que nous allons connaître davantage de périodes très chaudes qui vont accentuer les feux de forêt", a indiqué à l'APS le directeur de l'Agence nationale des changements climatiques, Kamel Kara, membre de la CNPF. D'après cet expert, le système de lutte et de prévention contre les feux de forêt doit prendre en compte l'élargissement de l'écart entre les températures minimales et maximales qui influe sur les peuplements forestiers. L'espace forestier algérien est estimé actuellement à 4,1 millions ha contre 3 millions ha à l'indépendance et 5 millions avant la colonisation. Un programme du ministère s'est fixé comme objectif de planter 1,2 million ha entre 1999 et 2020 et de porter le taux de boisement national à 13% contre 11% actuellement.