Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, effectuait jeudi une visite à Goma, capitale de la province riche et instable du Nord-Kivu où s'affrontent les forces armées congolaises et les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23), après plusieurs mois de trêve. Au cours de cette brève visite, M. Ban vient s'assurer de l'installation d'une nouvelle brigade d'intervention sur le terrain et annoncer une aide supplémentaire de la Banque mondiale à hauteur d'un milliard de dollars. Le SG de l'ONU est déterminé à se rendre sur place malgré les tirs qui se multiplient depuis trois jours entre l'armée et le Mouvement du 23 mars (M23) dans la zone de Mutaho, à une dizaine de kilomètres de Goma. Des tirs d'armes lourdes ont atteint la localité de Mugunga, provoquant la fuite d'environ 30.000 personnes. Mais jeudi matin, un calme relatif régnait dans la ville. "Il y a une accalmie sur le terrain, chacun garde ses positions d'hier", a déclaré le lieutenant-colonel Olivier Hamuli, porte-parole de l'armée au Nord-Kivu. "La situation est calme ce matin", a confirmé Vianney Kazarama, porte-parole militaire du M23. A Kinshasa, première étape de sa tournée dans la région des Grands Lacs, qui doit le mener au Rwanda et en Ouganda, M. Ban avait rencontré le président Joseph Kabila et des représentants de l'opposition, et promis un engagement "soutenu" de l'ONU pour la résolution de la crise en RDC. A l'issue de son entretien avec le président Kabila, le secrétaire général de l'ONU a insisté sur la création de la brigade d'intervention avec un mandat renforcé dans l'Est qui va apporter la paix et la sécurité". C'est une première, a-t-il dit, "une première dans les opérations onusiennes". Ban Ki-moon a aussi insisté sur le développement économique de la région des Grands lacs grâce à l'enveloppe d'un milliard de dollars apportée par la Banque mondiale. Reprise des hostilités entre l'armée et le M23 Depuis lundi, les affrontements entre le M23 et les forces armées congolaises ont repris. Des échanges de tirs avec de l'artillerie lourde se sont multipliés. Les environs de Mugunga III, un camp de déplacés qui regroupe plus de 15.000 personnes, sont régulièrement touchés par les tirs. Mercredi, c'était le quartier périphérique de Ndosho, dans la banlieue de Goma, qui était touché. Le bilan provisoire donné par les humanitaires est de trois morts et une quinzaine de blessés. Craignant une escalade, plus de 30.000 personnes ont fui ces camps de déplacés vers Goma et Sake, selon le Haut-commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR). L'organisation Médecins sans frontières (MSF) a dû suspendre en partie ses activités dans le camp de Mugunga III et n'est revenu sur le site que pour évacuer des blessés. Le chef de mission pour l'ONG à Goma,Thierry Goffreau, a décrit une situation "extrêmement préoccupante". Ban Ki-moon s'est déclaré "inquiet" de la reprise des hostilités près de Goma. Il a demandé au président Kabila de donner des ordres très clairs à son armée, pour "qu'elle respecte les droits de l'homme et qu'elle ne s'en prenne pas aux civils". L'armée combat le M23 depuis mai 2012 au Nord-Kivu. Les rebelles réclament la pleine application de l'accord du 23 mars 2009 qui a régi leur intégration dans l'armée. Fin novembre, le M23 a occupé Goma pendant une dizaine de jours avant de s'en retirer contre la promesse d'un dialogue de sortie de crise avec le gouvernement. Début mai, la rébellion a suspendu sa participation au dialogue, exigeant de Kinshasa un cessez-le-feu. Un milliard de dollars pour les pays des Grands Lacs Ban Ki-Moon est accompagné en RD Congo par Mary Robinson, envoyée spéciale des Nations unies dans les Grands lacs, Hervé Ladsous, chargé des opérations de maintien de la paix à l'ONU et de Jim Yong Kim, le président de la Banque mondiale qui, lui, est venu avec une enveloppe d'un milliard de dollars pour aider non seulement la RDC mais aussi les pays des Grands Lacs. "Nous avons là une occasion historique de réduire nettement l'extrême pauvreté et d'améliorer le niveau de vie non seulement dans la région mais à travers tout le continent", a affirmé M. Kim. "Ces nouveaux financements vont permettre d'améliorer la santé, l'éducation, l'alimentation, la formation et d'autres services essentiels pour les peuples de cette région", a-t-il expliqué. "La Banque mondiale veut aider ces pays à sortir des conflits. Nous sommes déterminés à aider les Etats fragiles à sortir de cette fragilité et entrer dans le développement économique" a-t-il poursuivi.