Le secrétaire général de l'ONU est arrivé mercredi à Kinshasa dans un climat tendu par la reprise de violents affrontements entre l'armée gouvernementale et la rébellion du M23 dans l'est de la RDC. La visite de Ban Ki-moon s'inscrit dans le cadre d'une tournée dans la région des Grands Lacs qui le conduira de Kinshasa à Goma, capitale de la province riche et instable du Nord-Kivu où s'affrontent les forces régulières et rebelles, puis au Rwanda et en Ouganda. Depuis lundi, et après plusieurs mois de trêve, les combats ont repris entre les belligérants dans la zone de Mutaho, à une dizaine de km au nord de Goma. Les deux camps s'accusent mutuellement d'avoir relancé les hostilités. Le bilan de lundi est incertain: le gouvernement a évoqué 19 morts (15 rebelles et 4 soldats), et le M23 a indiqué que «deux officiers» de l'armée avaient été tués. Selon l'ONU, les combats ont aussi provoqué le déplacement d'environ 800 personnes en direction de Goma. Les affrontements interviennent alors que la nouvelle brigade d'intervention de l'ONU, composée de 3000 soldats tanzaniens, malawites et sud-africains ayant pour mission de combattre et désarmer les groupes armés dans l'est, dont le M23, a commencé son déploiement. «Vu ce qui se passe, je pense que nous devons accélérer le déploiement pour qu'ils soient pleinement à pied d'oeuvre le plus tôt possible», avait déclaré mardi Ban Ki-moon depuis le Mozambique. Dans sa tournée, le secrétaire général est accompagné par le président de la Banque Mondiale, Jim Yong Kim, par Mary Robinson, envoyée spéciale des Nations unies dans les Grands lacs et par Hervé Ladsous, chargé des opérations de maintien de la paix à l'ONU. Malgré la situation, un haut responsable des Nations unies a affirmé mardi soir qu'il n'était pas question que l'escale du secrétaire général à Goma soit annulée. Après cette étape, il se rendra à Kigali, Entebbe (Ouganda) et Addis-Abeba, siège de l'Union africaine. Hier matin, les combats ont repris, toujours dans la même zone de Mutaho. «Les FARDC (Forces armées de la RDC) nous ont attaqué depuis 06h00 (04h00 GMT) du matin (...) avec des mortiers, des chars, des BM (lance-roquette)», a déclaré le lieutenant-colonel Vianney Kazarama, porte-parole militaire du M23. Il a par ailleurs affirmé que le M23 n'avait pas l'intention de s'emparer de Goma, qu'il avait occupée une dizaine de jours fin novembre. Mais dès lundi, la Mission de l'ONU pour la stabilisation de la RDC (Monusco) - qui appuie l'armée - a renforcé ses plans de sécurisation de la ville. L'armée dément les accusations du M23. «C'est eux qui ont commencé (à attaquer) car ils veulent à tout prix prendre Mutaho (...) On est en train de riposter pour défendre nos positions et jusqu'à présent on a rien perdu», a expliqué le lieutenant-colonel Hamuli, porte-parole de l'armée au Nord-Kivu. Il a par ailleurs accusé les rebelles de ne pas «combattre» et de lancer «des bombes délibérément sur la population» et d'utiliser «des armes de longue portée qui ont atteint Mugunga et Ndosho». Mugunga, situé à l'Ouest de Goma, abrite des camps de déplacés. Une source de l'ONU a confirmé des tirs ciblant Mugunga. «Je confirme que, depuis hier (mardi), il y a eu des tirs à l'arme lourde, apparemment même des obus, qui ont été lancés dans le quartier de Mugunga mais les tirs n'ont pas atteint les camps», a-t-elle précisé. Selon elle, des habitants des camps commencent à converger vers Goma «de façon préventive». Ban Ki-moon devait rencontrer hier en fin de matinée le chef de l'Etat Joseph Kabila, puis dans l'après-midi des ministres, des représentants des assemblées et de la société civile. En ville sur la route de son hôtel, une grande affiche avec son portrait était apposée proclamant «Merci» La Monusco est la plus importante opération au monde des Nations unies.