L'armée de République démocratique du Congo (RDC) s'apprêtait lundi à reprendre le contrôle de Goma, au lendemain du redéploiement de la police dans cette ville stratégique de l'est du pays que les rebelles du M23 ont évacuée samedi sous la pression internationale. L'armée congolaise était initialement attendue dimanche à Goma mais son retour dans cette ville a été repoussé à lundi après-midi voire mardi, et ne doit intervenir qu'après le feu vert des autorités de Kinshasa. Les soldats de l'armée régulière, les FARDC, sont rassemblés dans la base militaire de Mubambiro depuis dimanche, à une vingtaine de kilomètres de Goma, selon un officier supérieur de l'armée. "Nous attendons (les ordres) pour les faire rentrer dans Goma", a-t-il ajouté. "La logistique, cela prend du temps", a indiqué, pour sa part, le porte-parole du gouvernement de RDC, Lambert Mende, justifiant ainsi le retard accusé dans le redéploiement de l'armée dans Goma. Geoffrey Muheesi, un membre ougandais d'un mécanisme de vérification régional, chargé notamment d'observer le retrait de la rébellion, a, quant à lui, expliqué que le retard des militaires était dû au long trajet à parcourir par route par l'armée. En attendant le retour de l'armée, la police avait déjà commencé dimanche à se redéployer à Goma pour sécuriser cette ville après une douzaine de jours d'occupation par la rébellion du M23 qui combat l'armée régulière depuis le mois de mai dans le Nord-Kivu. Un peu plus de 160 policiers sont arrivés dimanche au port de Goma, en provenance, via le lac Kivu, de Bukavu, à une centaine de km plus au sud. Ils sont venus s'ajouter à un contingent de quelque 300 policiers arrivés dès vendredi. Cependant, la situation sécuritaire demeure précaire à Goma où un camp de déplacés situé à une dizaine de km de cette ville dans le village de Mugunga, s'est fait attaquer dans la nuit de samedi à dimanche. Le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) n'a signalé aucun mort, mais des cas de viols et de pillages lors de l'attaque par des hommes armés non identifiés. "Des militaires sont entrés dans le camp par deux axes (...) Ils avaient des mitraillettes et des lance-roquettes," a indiqué le responsable du camp, Eraston Ngulu Ndibito, parlant lui aussi "six cas de viols" signalés. Mi-novembre, avant la progression de la rébellion du M23 sur Goma, et ses environs, le camp abritait, selon le HCR, quelque 14.000 personnes. Aujourd'hui, sa population est estimée à entre 30.000 à 35.000 personnes. Sur le plan politique, aucune date n'a été encore donnée pour le lancement. Des négociations prévues entre Kinshasa et les rebelles, promises en échange du repli du M23. Ces rebelles ont accepté la semaine dernière de se retirer sur leurs positions initiales, à une vingtaine de km plus au nord de Goma, aux termes d'une médiation des pays voisins des Grands Lacs et en échange de promesses d'ouverture de négociations avec le pouvoir en place à Kinshasa, censées débuter de façon imminente. Le porte-parole du gouvernement a assuré dimanche que "l'écoute des griefs (des rebelles) par le président" Joseph Kabila allait commencer "incessamment". Le M23 est composé d'ex-rebelles qui avaient intégré l'armée de RDC en 2009 après la signature d'un accord de paix avec Kinshasa. Ses hommes se sont mutinés il y a environ huit mois, estimant que les autorités congolaises n'avaient jamais pleinement respecté leurs engagements.