Le président de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila, poursuivait mercredi ses consultations avec ses homologues des pays voisins, dont le Rwandais Paul Kagame, sur la crise à Goma (est), tombée la veille aux mains des rebelles du M23. Dans la capitale ougandaise, Kampala, le président Kabila a eu mardi soir un tête-à-tête avec M. Kagame dont le pays est accusé, par Kinshasa et l'ONU de soutenir le M23 ce Kigali ne cesse de démentir. Selon le ministre ougandais des Affaires étrangères, Sam Kutes, M.Kabila et Kagame ont aussi rencontré leur homologue ougandais Yoweri Museveni, dont le pays est également accusé de soutenir le M23, composé d'anciens rebelles, intégrés aux forces congolaises en 2009, qui se sont mutinés et affrontent à nouveau l'armée de RDC depuis le printemps dans le Nord-Kivu. Ce mercredi après-midi, M. Museveni devait encore rencontrer l'un après l'autre les présidents rwandais et congolais, avant une nouvelle rencontre à trois. Ces rencontres interviennent alors que la capitale de la province du Nord-Kivu, Goma, frontalière du Rwanda, avait été prise mardi dans la journée par les rebelles congolais du M23 qui , selon plusieurs témoignages, n'a pas rencontré de résistance de l'armée qui s'est regroupée à Saké, à une vingtaine de km au sud-est. Après la chute de Goma aux mains du M23, le Conseil de sécurité de l'ONU a soutenu mardi à l'unanimité une résolution, présentée par la France, appelant à des sanctions contre deux chefs du M23, Innocent Kaina et Baudouin Ngaruye. Le Conseil de sécurité a également fait part de sa "profonde inquiétude" concernant le "soutien extérieur" dont bénéficie apparemment le M23, avec notamment "des renforts de troupes, des conseils tactiques et la fourniture d'équipement". Il a, en outre, appelé à la fin immédiate de tout "soutien extérieur" aux rebelles et demandé au secrétaire général Ban Ki-moon d'indiquer sous peu quels sont les pays qui apportent leur aide aux rebelles. "Des mesures appropriées" seront prises au regard des conseils de M. Ban, a ajouté le Conseil. Les Etats-Unis ont, quant à eux, condamné "la violation de la souveraineté de la RDC" et appelé Kigali à "amener le M23 à se retirer et faire en sorte qu'il ne bénéficie plus de soutien extérieur". Le Rwanda a lui pris acte de la chute de Goma et demandé au gouvernement congolais de négocier avec les rebelles."Ce qui s'est passé aujourd'hui à Goma montre clairement que l'option militaire (...) a échoué et que le dialogue politique" est la seule option, a affirmé la ministre rwandaise des Affaires étrangères Louise Mushikiwabo. Par ailleurs, la mission des Nations Unies pour la Stabilisation en RD Congo (Monusco) a annoncé mercredi qu'elle restait "engagée" à Goma mettant en garde contre toute atteinte aux droits de l'homme, dans un communiqué qui rappelle que le M23 est entré dans Goma "suite aux affrontements l'ayant opposé aux FARDC (armée régulière congolaise) appuyés par les troupes et les hélicoptères d'attaque de la Monusco". "L'ONU avec ses partenaires humanitaires, n'épargneront aucun effort pour continuer l'assistance aux déplacés et autres personnes vulnérables". "Toute action visant à l'empêcher d'exécuter son mandat ne saurait être tolérée" précise le texte. Une attaque contre les Casques Bleus étant "considérée comme un crime de guerre". Le M23 a été créé début mai par des militaires, qui après avoir participé à la rébellion de Laurent Nkunda, ont intégré l'armée congolaise en 2009, à la suite d'un accord de paix. Ils se sont mutinés en avril, arguant que Kinshasa n'avait pas respecté ses engagements. Ils refusent notamment d'être mutés dans d'autres régions, ce qui les éloignerait de leur zone d'influence dans l'est. Goma avait déjà été occupée à deux reprises en 1996 et 1998 par des rébellions, appuyées par le Rwanda. En 2008, une autre rébellion, menée par Nkunda, s'était arrêtée aux portes de la ville après avoir défait l'armée. Les nouveaux combats de ces derniers jours ont provoqué d'importants mouvements de population et notamment la fuite de populations déplacées, désormais affamées, a déploré mardi Médecins sans Frontières (MSF). "Il y a urgence car cela représente plus de 100.000 déplacés, sans aucun abri, sans accès à l'eau, sans aucune nourriture et une partie d'entre eux sont porteurs de choléra", a souligné le Marcela Allheimen, responsable de MSF à Paris.