Un expert de l'ONU a appelé jeudi à un moratoire sur le développement et l'utilisation des ''robots létaux autonomes'' (RLA), afin de permettre une réflexion internationale sur l'encadrement de ces machines dotées du pouvoir de tuer. ''Si les drones sont systématiquement téléguidés par des êtres humains, auxquels revient la décision d'employer la force létale, les RLA sont, quant à eux, équipés de systèmes informatiques qui leur permettent de choisir leur cible de manière autonome'', a prévenu le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, Christof Heyns, devant le Conseil des droits de l'homme. Affirmant que ces robots tueurs soulèvent des questions considérables sur la protection de la vie, par temps de guerre et de paix, il a alors mis en garde que s'ils devaient être introduits, ''ce serait alors des machines, et non plus les humains, qui décideraient qui doit mourir et qui reste en vie''. Selon M. Heyns, ces machines pourraient rendre plus facile l'entrée en guerre d'un pays, tout en rendant problématique le respect du droit humanitaire international. ''Actuellement, il paraît incertain que les RLA puissent être programmés de manière à faire la différence entre un combattant et un civil et à éviter les dommages collatéraux'', a-t-il poursuivi. D'autant plus, a observé cet expert, le déploiement des RLA ''pourrait rapidement devenir intolérable puisque aucun mécanisme de responsabilité pénale ne peut leur être appliqué''. Dans son rapport, M. Heyns a demandé aux Etats de mettre en place un moratoire sur la production, l'assemblage, le transfert, l'acquisition, le déploiement et l'utilisation des RLA, au moins jusqu'à l'établissement d'un cadre international sur l'utilisation de ces machines. ''Une guerre sans conscience conduit à des carnages mécanisés'', a avancé M. Heyns : ''La privation de la vie mérite d'amples délibérations. La décision de permettre à des machines de tuer des hommes mérite d'être mûrement réfléchie au niveau mondial''. A rappeler que Human Rights Watch avait lancé en avril dernier une campagne pour convaincre les gouvernements de renoncer aux armes entièrement autonomes. Pour cette ONG internationale des droits de l'homme, les rapides progrès technologiques permettent aux Etats-Unis et à d'autres pays dotés d'armes de haut niveau technique, dont le Royaume-Uni, Israël, la Chine et la Russie, de se munir de systèmes qui donneraient une plus grande autonomie de combat à des machines. Dans ce sens, elle a averti que si un ou plusieurs pays choisissaient de déployer des armes entièrement autonomes, d'autres pourraient se sentir obligés d'abandonner leur politique de retenue, ce qui conduirait à une course aux armes robotisées. Le recours à des robots tueurs, a-t-elle encore soutenu, transgresserait toute frontière morale et juridique, et devrait être rejeté comme étant inacceptable pour la conscience publique.