Le Comité de l'ONU chargé de la décolonisation, ou Comité des 24, a entamé mercredi l'examen de la situation prévalant au Sahara occidental avec les auditions des pétitionnaires durant lesquelles les délégations des Etats membres de l'ONU qui sont intervenues ont toutes exprimé leur soutien continu au droit à l'autodétermination du peuple sahraoui. Dans son intervention durant cette première journée d'audition, la représentante du Venezuela à l'ONU, Arline Diaz Mendoza, a déclaré que son pays soutenait le droit à l'autodétermination du peuple sahraoui, rappelant que le Venezuela avait reconnu la République arabe sahraouie démocratique depuis 1983. ''Le Venezuela souhaite que l'on concrétise au plus vite et de manière pacifique la volonté du peuple sahraoui'', a insisté la représentante. Pour sa part, le représentant de l'Equateur, Xavier Lasso, a réaffirmé l'appui de son pays ''aux aspirations légitimes du peuple sahraoui'' et a exhorté que soit mis fin ''à la situation d'occupation militaire de ce territoire non autonome''. Il a notamment appelé toutes les parties et l'Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental, Christopher Ross, à faire tout leur possible pour assurer la tenue d'un référendum au Sahara occidental et permettre au peuple sahraoui d'exprimer sa volonté à travers l'exercice de son droit à l'autodétermination, conformément aux objectifs de la Charte de l'ONU et des résolutions pertinentes. Le représentant a, par ailleurs, insisté sur la nécessité de procéder à un examen attentif de la situation des droits de l'homme dans les territoires sahraouis occupés étant donné, a-t-il souligné, que cela n'a pas été inclus dans le mandat de la Mission des Nations Unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (MINURSO). Il a aussi estimé qu'une ''solution rapide'' à la situation du Sahara occidental était ''urgente'' dans le contexte régional actuel. Le Comité de décolonisation a également entendu la représentante de Cuba, Yessika Comesana Perdomo, qui a fait observer que la lutte pour l'indépendance et pour la reconnaissance du droit à la fondation d'un Etat sahraoui sur le territoire du Sahara occidental remontait à plus de 40 ans. ''Le peuple sahraoui vit une situation humanitaire dramatique'', a-t-elle déploré, rappelant que le Comité des 24 avait un rôle central dans l'examen de cette question en vue de permettre au peuple sahraoui de déterminer lui-même son avenir. La représentante cubaine s'est dite préoccupée par l'exploitation des richesses des territoires sahraouis occupés et par la situation humanitaire des Sahraouis qui s'aggrave, en particulier avec la diminution de l'aide internationale en raison des conséquences de la situation économique et financière de nombreux pays. Notant qu'aucun progrès remarquable n'avait été réalisé sur la question du Sahara occidental, elle a considéré qu'il était urgent de trouver une issue à ce conflit ''conformément aux résolutions pertinentes des Nations unies et au respect du droit du peuple sahraoui à vivre librement et en paix sur son territoire''. La représentante a précisé que Cuba avait contribué au développement du peuple sahraoui, en particulier dans le domaine de l'éducation : Plus de 300 jeunes Sahraouis étudient actuellement à Cuba, tandis qu'a la fin de l'année 2012, un nombre de 1.825 étudiants Sahraouis avaient obtenu un diplôme cubain, a-t-elle précisé. De son côté, le représentant du Nicaragua, Jasser Jimenez, a rappelé l'engagement et la solidarité de son pays avec la lutte du peuple sahraoui pour qu'il puisse jouir de son droit à l'autodétermination. ''Il est impératif que le peuple sahraoui obtienne son indépendance'', a-t-il clamé. Dans cet esprit, a-t-il poursuivi, le Nicaragua a reconnu depuis septembre 1979 la République arabe sahraouie démocratique et ''continue d'appuyer la lutte de ce peuple''. En attendant un règlement définitif de cette question, a-t-il ajouté, la communauté internationale devrait assurer la défense des droits de l'homme des Sahraouis dans les territoires occupés par le Maroc. Présent à cette réunion, le représentant du Front Polisario à l'ONU, Ahmed Boukhari, a affirmé que la communauté internationale tentait de résoudre ce conflit du Sahara occidental depuis une quarantaine d'années sur la base des principes des résolutions des Nations Unies et de l'Union africaine (UA). ''En 1975, avec l'invasion et l'occupation du territoire sahraoui par les forces de sécurité marocaines, qui ont remplacé les forces coloniales espagnoles, nous avons assisté à un précédent dangereux pour la sécurité et la stabilité des pays africains, des pays qui émergeaient de leur lutte contre la longue nuit coloniale'', a-t-il souligné. Dans ce contexte, il a observé que tous les efforts de l'ONU et de l'UA, en particulier depuis 1991, et l'approbation d'un plan de règlement de la question du Sahara occidental par le Conseil de sécurité, se sont heurtés à l'opposition du Maroc. A ce propos, il a rappelé que le Maroc s'est opposé à la mise en œuvre de ce plan, qu'il avait pourtant accepté, après avoir réalisé que ce référendum allait mener à l'indépendance des Sahraouis. ''Le refus du Maroc de voir appliquer les mesures approuvées par la communauté internationale, au centre desquelles figure l'exercice par le peuple sahraoui de son droit à l'autodétermination à travers la tenue d'un référendum, est dû au fait que le Maroc s'est rapidement rendu compte que lors du référendum, les Sahraouis choisiraient, sans faille, l'indépendance'', a déclaré le représentant du Front Polisario. M. Boukhari a également affirmé qu'il existait ''une volonté délibérée du Maroc de saper tous les efforts déployés par la communauté internationale qui visent à trouver une solution juste et durable au conflit du Sahara occidental''. Par ailleurs, il a fait remarquer que l'ONU et le Conseil de sécurité n'avaient pas encore adopté des décisions et des mesures qui permettraient de convaincre le Maroc de son obligation de coopérer à la décolonisation de la dernière colonie située en Afrique inscrite à l'ordre du jour du Comité des 24. Selon lui, le Front Polisario estime que ''l'ONU, si elle n'agit pas, court le risque de se retrouver face à une situation qui nuit à sa crédibilité, et ce, dans une espèce de statu quo, de situation de ni guerre, ni paix, où se poursuivent des violations des droits de l'homme et le pillage de ressources naturelles d'un territoire non autonome occupé par la force''. Dans ce contexte, M. Boukhari a insisté pour que le Comité de décolonisation assume sa responsabilité ''face à la pour suite de cette longue injustice commise contre le peuple sahraoui''. Soulignant que la mission confiée à la MINURSO est ''entravée par les manœuvres d'obstruction du Maroc'', il a émis le souhait que le Comité spécial reprenne de manière décisive son rôle de ''décolonisateur''.