Face à la lenteur dans la mise en œuvre des processus devant permettre l'exercice par les populations des territoires non autonomes, dont le Sahara occidental, de leur droit à l'autodétermination, des pays ont demandé, lors de la session de la commission onusienne de décolonisation de l'ONU, l'envoi d'un signal fort à l'Assemblée générale en l'exhortant à réaffirmer à l'égard des puissances administrantes. Le Comité spécial chargé d'étudier la situation concernant l'application de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux a examiné mardi dernier les questions du Sahara occidental, de la Nouvelle-Calédonie, de Guam, des îles Turques et Caïques, et des Îles Vierges américaines. La plupart des délégations qui ont intervenu, notamment celles du Venezuela, de la Bolivie et de Cuba, ont estimé qu'il est devenu urgent et important pour l'Assemblée générale des Nations unies de convenir de la célébration d'une troisième Décennie internationale de l'élimination du colonialisme. Elles ont notamment regretté la lenteur de la mise en œuvre des processus devant permettre l'exercice par les populations des territoires non autonomes de leur droit à l'autodétermination. Tous les pétitionnaires ont souhaité que le Comité spécial envoie un signal fort, via la Quatrième Commission, à l'Assemblée générale en l'exhortant à réaffirmer à l'égard des puissances administrantes combien il est important que soient menés à bon terme les processus de décolonisation des territoires non autonomes encore inscrits sur la liste de l'ONU. Face aux nombreuses interrogations sur les moyens à mettre en œuvre pour faire avancer le processus d'autodétermination au Sahara occidental, le représentant du Front Polisario auprès de l'ONU a regretté que la communauté internationale “se soit détournée du projet initial d'organiser un référendum d'autodétermination” dans le territoire, ainsi que “l'inefficacité” de la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (MINURSO) qui, selon lui, “maintient un statu quo sans fin, un état de ni paix, ni guerre, ni référendum”. Il a émis le souhait que le Comité spécial puisse se rendre au Sahara occidental. Il a aussi mis en exergue les violations des lois et textes internationaux commises par la puissance occupante. “Jusqu'à ce jour, le Conseil de sécurité n'a pas véritablement exercé ses pouvoirs de contraintes envers l'Etat marocain, a regretté le pétitionnaire. En 1992, 1998 et 2000, le Conseil de sécurité, garant des arrangements entérinés entre les deux parties, n'a pris aucune initiative en vue de favoriser la tenue du référendum d'autodétermination prévu au Sahara occidental, et le Conseil n'a pas non plus manifesté son soutien à la souveraineté sahraouie”, a regretté Ahmed Boukhari. Il a par ailleurs accusé le Maroc de s'être livré à des manipulations concernant les listes électorales qui auraient dû servir à l'organisation du référendum. “Ce référendum lui-même se fait attendre depuis 18 années”, a-t-il déploré. “Aujourd'hui, le Maroc use du prétexte du combat contre le terrorisme pour faire perpétuer l'immobilisme sur la question du Sahara occidental et empêcher l'indépendance du territoire”, a-t-il fait remarquer, sans oublier de rappeler à la communauté internationale que le Sahara occidental, qui “est la dernière colonie d'Afrique, est un cas oublié par la communauté internationale”. Cela a amené le président du Comité spécial à estimer qu'il est important que le Comité spécial établisse un lien de travail effectif avec l'Envoyé spécial du Secrétaire général pour le Sahara occidental et procède à des échanges d'informations avec le Conseil de sécurité, dans le souci d'avancer. Quant au représentant cubain, M. Pedro Nuñez Mosquera, il a affirme que le conflit du Sahara occidental devait être examiné et débattu uniquement dans le contexte de la résolution 1514 (XV), adoptée par l'Assemblée générale des Nations unies le 14 décembre 1960 et intitulée “Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux”. “Le peuple sahraoui doit aujourd'hui décider lui-même de son avenir, comme cela est clairement stipulé dans plusieurs résolutions des Nations unies”, a-t-il clamé toute en rappelant que le Sahara occidental est inscrit depuis 1963 sur la liste des territoires non autonomes. Pour lui, “les négociations en faveur de l'indépendance doivent se poursuivre”. De son côté, M. Jorge Valero Briceño du Venezuela a souligné qu'il est important de soutenir l'autodétermination du Sahara occidental. “Depuis trois décennies, le peuple sahraoui se bat pour son indépendance, et le Comité spécial a toujours été à ses côtés”, a noté le représentant vénézuélien, qui a réitéré le vœu de voir le peuple sahraoui exercer rapidement son droit à l'autodétermination. Le représentant du Nicaragua a demandé ce que le Comité spécial pourrait faire pour aider le Représentant spécial du Secrétaire général à assurer le bon déroulement du processus de décolonisation au Sahara occidental.