La recherche scientifique et la production de supports académiques devient une nécessité devant la déperdition progressive du legs patrimonial du diwan, ont déclaré, jeudi à Bechar, plusieurs praticiens du rituel et des chercheurs. Devant l'ignorance du grand public de la profondeur ethnologique de cette musique, de la codification du rituel dont elle émane ainsi que de sa grande richesse en termes de langues, de dialectes et de poésie populaire, la transcription de cette culture orale devient 1⁄2urgente », selon les spécialistes. Rencontré par un journaliste de l'APS en marge du septième Festival national de musique diwan, Badi Dida, chercheur au centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (Cnrpah), a exposé les efforts de son centre ainsi que ceux de l'Office du parc national de l'Ahaggar (Opna) pour la sauvegarde des musiques targuies, afin de faire profiter les chercheurs de Bechar de l'expérience menée à Tamanrasset. Dans ce sens, le chercheur Mhamed Tahrichi de l'université de Bechar a évoqué la "possibilité de créer une antenne du Cnrpah" dans sa ville, afin de travailler sur le patrimoine culturel de la Saoura. Une proposition appuyée par Badi Dida, pour qui une 1⁄2première promotion d'ethnomusicologues formés par le centre est apte à entamer ce travail ». La création de "Dar Ed Diwan", un espace d'échange entre chercheurs, praticiens et médias, à l'image de 1⁄2Dar l'Imzad » à Tamanrasset, est un autre projet évoqué lors de ce festival par les chercheurs et les membres du commissariat, afin de constituer un fond documentaire sur le rituel. Les praticiens (Mâalmine) ont, pour leur part, soulevé la difficulté de transcrire -et éventuellement de traduire- les textes du diwan algérien, à cause de sa grande richesse linguistique et des différences décelées d'une confrérie à une autre. Les textes de cette musique, transmis oralement de Mâallem en Guendouz (disciple), sont chantés dans plusieurs dialectes africains comme le Haoussa (qu'on retrouve dans des pays comme le Mali, le Niger, le Tchad ou le Sénégal) et le Bambara, très courant au Soudan. Cette richesse linguistique représente un grand handicap pour la transcription et la traduction, car ces dialectes ne sont très peu maîtrisés, y compris par les praticiens. Même si certains "Mâalmine" étaient convaincus de l'obligation de passer de l'oralité à l'écrit, à l'image du mâallem Houari d'Oran, Mohamed Amine Canon de Saïda ou le Mkedem Mohamed Rahmani de Ain Sefra, beaucoup ont continué la formation des jeunes à l'oral. Jaloux de leur héritage, tous les représentants des confréries diwan présents possèdent pourtant des photos d'archives et quelques documents sur le diwan de leurs régions, mais restent toujours sceptiques quant à leur publication. Le Mkeddem Mohamed Rahmani de la confrérie de Ain Sefra a, quant à lui, entamé depuis longtemps un travail de recherche approfondi autour des origines du rituel du diwan algérien et aussi autour des textes et des histoires qui les ont inspirés ainsi que sur la traduction des textes Haoussa et Bambra.