Revoir la conception de la compétition du festival national de musique diwan et introduire une compétition pour le diwan rituel serait "une façon de préserver et valoriser ce legs", ont estimé lundi à Bechar, trois Mâallmines de l'ouest algérien. Lors d'une rencontre ouverte visant à mettre en avant la vision des principaux acteurs de ce festival, les Mâallem Houari d'Oran, Mohamed Rahmani de Ain Es Safra (tous deux en compétition) et Mohamed Amine Canon (Mâallem de Saîda et membre du jury de cette édition) ainsi que la presse spécialisée ont discuté la meilleure manière de servir ce legs par le biais du festival. Afin d'éviter la folklorisation de la tradition diwan, les chefs de troupes ont proposé de créer deux sections distinctes : "une première dédiée aux Mâallmines reconnus et une section réservée aux amateurs ou aux musiciens qui ne maîtrisent pas le rituel". Dans cette section réservée aux maîtres de cérémonies, les intervenants souhaitent avoir la permission de recréer sur scène les conditions du rituel et présenter un seul bordj, complet, dans la pure tradition de chaque région. Cette démarche vise à "marquer l'identité du Diwan algérien et revenir aux fondamentaux de cette musique afin de se réapproprier cette tradition faussée par une version spectaculaire, basée sur des costumes et un répertoire commercial, pratiquée ailleurs et qui gagne aujourd'hui le diwan algérien" s'accordent à dire les Mâallemines. Dans ce sens le jury de la compétition devrait compter plusieurs Mâallmines, plus aptes à juger les prestations traditionnelles vu que Mohamed Amine Canon est le premier Mâallem à intégrer le jury. Par la même occasion ce concept permettrait aussi aux amateurs d'être éventuellement pris en formation sous la houlette des dépositaires du legs, comme le souhaite Mâallem Houari, spécialisé dans la formation. Passionné par son héritage familial, Mohamed Rahmani, a aussi proposé la tenue d'un diwan complet, une cérémonie qui peut durer plus de dix heures pendant le festival ou la création d'espace d'expression qui réuniront les principales confréries du diwan afin de le valoriser. Durant cette rencontre l'idée de créer une fondation qui réunirait toute les confréries du diwan a aussi été évoquée afin de rassembler le diwan algérien, dans sa diversité autour d'une institution chapeautée par les Mkadmine des Zaouïa. Ouvert vendredi à Bechar, le festival culturel national de musique diwan se poursuit jusqu'au 13 juin au stade En Nasr avec 15 troupes en compétition.