Suggestions - Revoir la conception de la compétition du festival de musique diwan et introduire une compétition pour le diwan rituel serait «une façon de préserver et valoriser ce legs». C'est ce à quoi ont appelé hier, à Béchar, trois Mâallmines de l'Ouest algérien. Lors d'une rencontre ouverte visant à mettre en avant la vision des principaux acteurs de ce festival, les Mâallem Houari d'Oran, Mohamed Rahmani de Aïn Es Safra (tout deux en compétition) et Mohamed Amine Canon (Mâallem de Saïda et membre du jury de cette édition) ainsi que la presse spécialisée ont discuté la meilleure manière de servir ce legs par le biais du festival. Afin d'éviter la folklorisation de la tradition diwan, les chefs de troupes ont proposé de créer deux sections distinctes : «une première dédiée aux Mâallmines reconnus et une section réservée aux amateurs ou aux musiciens qui ne maîtrisent pas le rituel». Dans cette section réservée aux maîtres de cérémonies, les intervenants souhaitent avoir la permission de recréer sur scène les conditions du rituel et présenter un seul bordj, complet, dans la pure tradition de chaque région. Cette démarche vise à «marquer l'identité du Diwan algérien et revenir aux fondamentaux de cette musique afin de se réapproprier cette tradition faussée par une version spectaculaire, basée sur des costumes et un répertoire commercial, pratiquée ailleurs et qui gagne aujourd'hui le diwan algérien» s'accordent à dire les Mâallemines. Dans ce sens le jury de la compétition devrait compter plusieurs Mâallmines, plus aptes à juger les prestations traditionnelles vu que Mohamed Amine Canon est le premier Mâallem à intégrer le jury. Par la même occasion ce concept permettrait aussi aux amateurs d'être éventuellement formés sous la houlette des dépositaires du legs, comme le souhaite Mâallem Houari, spécialisé dans la formation. Durant cette rencontre l'idée de créer une fondation qui réunirait toutes les confréries du diwan a aussi été évoquée afin de rassembler le diwan algérien, dans sa diversité autour d'une institution chapeautée par les Mkadmine des zaouïas. Dans la soirée, la troupe Hna Msalmine de la localité de Aïn Sefra (wilaya de Nâama) a marqué son passage, hier dans la soirée, sur la scène de Béchar, par une interprétation de très haut niveau d'un programme diwan dans la pure tradition de la confrérie. Le Mkeddem Mohamed Rahmani a tenu à «porter sur scène le maximum de symboles authentiques de cette tradition» sur le plan des costumes, des couleurs, de la chorégraphie ou du programme choisi. Dans ce sens, le Mâallem a gardé la tenue traditionnelle du rituel algérien (tunique sobre) ainsi que le turban de son père et formateur, les Bordjs (morceaux) choisis (Baba hamou, dawa, haoussa, bambra) «ancrés dans la culture orale des principales tribus gnawa». L'authenticité était aussi au rendez-vous avec la troupe Ahl Ed Diwan de Mascara qui ont, eux aussi, présenté un programme rare surtout du point de vue danse tout en ayant une prestation musicale modeste. Pour la première fois le public de Béchar a eu l'occasion de découvrir la musique targuie grâce au festival qui a convié le groupe Imerhan de Tamanrasset. Fondée en 2011, cette troupe qui se rapproche beaucoup du groupe malien de référence Tinariwen a connu un très grand succès auprès de public de Béchar.