Le secteur agricole a connu une croissance positive en 2012, grâce aux efforts déployés par les pouvoirs publics, mais n'"a pas encore atteint les évolutions attendues" en termes de croissance des cultures et des productions agricoles, constate le CNES dans un rapport publié mercredi. "En 2012, l'agriculture a connu une croissance positive due aux efforts déployés par le secteur et les facilitations dont ont bénéficié les opérateurs", note le Conseil national économique et social (CNES) dans son rapport sur l'état économique et social de la Nation pour la période 2011-2012. Le secteur a continué en 2011 à déployer des efforts pour "sortir, au plus vite, de l'état d'archaïsme dans lequel il s'est retrouvé", alors que l'objectif pour l'année 2012 était d'"accroître les investissements", constate le conseil. En valeur, le taux de croissance du secteur s'est établi à plus de 13% en 2012 par rapport à 2011 portant la part du secteur dans le PIB à 4,9% en 2012 contre 3,4% en 2011. La structure des importations a connu une légère baisse de 0,94% en 2012. La facture alimentaire a atteint 8,98 milliards de dollars en 2012 contre 9,85 milliards de dollars en 2011. "A l'heure où le pays cherche à réduire sa dépendance à l'égard des importations, qui ont progressé de 6 milliards de dollars en 2011, on aspire toujours à atteindre l'autosuffisance alimentaire", souligne le rapport. Par filière, la céréaliculture, la pomme de terre, les maraîchers, le lait, les agrumes et la tomate ont connu une "amélioration" de la production. L'aviculture, qui était confrontée, pendant des décennies, à une désorganisation avérée commence progressivement à se structurer grâce notamment à la création du conseil interprofessionnel de cette filière, constate le même rapport. Ce dernier relève, toutefois, que l'agriculture algérienne continue de "souffrir, en amont, d'une insuffisante intensification des modes de production et, en aval, du manque d'infrastructures pour le traitement post-récolte". S'appuyant sur le bilan de la Politique du Renouveau agricole et rural lancée en 2009, le CNES note une "tendance à l'amenuisement des productions agricoles au nord du pays". L'agriculture doit s'orienter vers les Hauts plateaux et le Sud "Ni la vallée de la Mitidja, ni les plaines d'Annaba ou le massif du Chélif ne figurent en effet parmi les régions à forte production agricole, pourtant, mieux dotés en ressources (pluviométrie et foncier) et renfermant le plus haut potentiel agricole du pays", constate le rapport. "Compte tenu du rétrécissement de la SAU, l'agriculture doit davantage s'orienter vers les Hauts plateaux et le sud du pays. Mais il ne faut pas négliger les contraintes pesantes" liées notamment à l'exploitation excessive et incontrôlée des eaux souterraines sur les sols à long terme, recommande le conseil. A propos du foncier, le rapport avance que 65.000 actes de concession avaient été délivrés en 2011, dans le cadre de la nouvelle loi régissant l'exploitation des terres relevant du domaine privé de l'Etat. L'objectif étant d'arriver à 200.000 actes durant la période 2012-2013 sur un total de 219.000 exploitants concernés par la reconversion de l'ancien droit de jouissance perpétuelle de ces terres à la concession. Le rapport fait aussi état de 11.900 exploitants traînés devant la justice et près de 3.000 ha de terres détournées qui devraient être récupérés par voie judiciaire au profit de l'Office national des terres agricoles (ONTA). Concernant la propriété privée gérée par la loi sur l'Accès à la propriété foncière agricole (APFA), une circulaire a été promulguée pour assainir la situation des exploitants ayant mis en valeur leurs terres en leur donnant des actes de propriété, souligne le même document. A propos du dispositif d'accompagnement des jeunes investisseurs, le rapport avance que 10.000 jeunes ont profité du dispositif ANSEJ-CNAC pour la création de nouvelles exploitations agricoles et d'élevage. Les pouvoirs publics ont mobilisé 1.000 milliards DA pour le quinquennal 2010-2014 soit 200 milliards DA/an pour soutenir le renouveau agricole et rural à travers les mesures et actions d'incitation à l'investissement privé. Il est attendu de ce programme, à l'horizon 2014, l'amélioration de la sécurité alimentaire du pays. "De gros efforts sont entrepris comme en témoignent les gros investissements initiés (...), cependant le secteur est encore loin d'atteindre les évolutions attendues en termes de croissance des cultures et des productions agricoles", affirme le CNES, qui constate un recul des surfaces agricoles cultivables sous la pression des périmètres urbains en perpétuelle évolution.