Le Représentant spécial du Secrétaire général de l'ONU pour l'Afrique de l'Ouest, Saïd Djinnit, a prévenu mercredi devant le Conseil de sécurité, que la fragilité de la région du Sahel était encore persistante, tout en relevant l'importance de la Stratégie intégrée des Nations Unies pour cette région. Dans sa présentation du rapport du Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, sur les activités du Bureau des Nations Unies pour l'Afrique de l'Ouest (UNOWA) au cours du 1er semestre 2013, le diplomate algérien a affirmé que la région du Sahel représentait l'une des ''zones de vulnérabilité'' en Afrique de l'Ouest, comme cela s'est manifesté à travers la crise du Mali. Cette région, a-t-il fait observer, enregistre ''une concentration importante d'indicateurs de vulnérabilité qui se traduisent, notamment, par la dégradation de l'environnement, la désertification, l'insécurité alimentaire, les trafics d'armes et de drogue et le terrorisme''. Les tentatives récentes faites par des groupes terroristes pour déstabiliser le Niger montrent le risque d'un débordement de la crise malienne sur les pays voisins du Mali, a-t-il mis en garde. Ces tentatives, a-t-il poursuivi, ''rappellent aussi la nécessité de demeurer vigilants au sujet du Sahel et d'aider les pays de la région à éliminer les causes profondes de l'instabilité''. Dans ce sens, il a précisé que la fragilité de la région du Sahel confirmait ''toute la pertinence de la stratégie intégrée des Nations Unies pour le Sahel qui vise à compléter les efforts des pays de la région et des organisations régionales afin de remédier aux causes profondes de l'instabilité le long de la bande sahélo-saharienne et ses conséquences''. A ce propos, il est à rappeler que l'Envoyé spécial du Secrétaire général de l'ONU pour le Sahel, Romano Prodi, avait présenté récemment au Conseil de sécurité cette Stratégie régionale afin d'aider les gouvernements des pays concernés à maintenir la paix et la sécurité à long terme. En évoquant l'Afrique de l'Ouest en général, M. Djinnit a soutenu que cette sous-région de l'Afrique dont fait partie le Sahel était, plus que jamais, à la croisée des chemins dans sa quête de paix et de sécurité, et qu'elle méritait une attention accrue des Nations Unies. Par ailleurs, il s'est dit encouragé par l'engagement manifesté par la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) en vue de renforcer l'architecture collective de paix et de sécurité, tirant ainsi les leçons des défis rencontrés dans la réponse régionale à la crise au Mali. Pour M. Djinnit, les dirigeants des pays de l'Afrique de l'Ouest et de leurs institutions régionales, telle la CEDEAO, comptent sur ''l'attention et le soutien continus'' de l'ONU et de son Conseil de sécurité aux efforts qu'ils déploient en vue de promouvoir la paix, la stabilité et le développement à long terme dans la sous-région. Dans son exposé, il a aussi souligné que la situation humanitaire dans la sous-région continuait d'être caractérisée par l'insécurité alimentaire et la malnutrition, face à une diminution des ressources financières. Il a encore fait part de ses graves préoccupations concernant le caractère complexe et transfrontalier des défis posés par les groupes extrémistes et des organisations terroristes. A ce propos, il a fait valoir que la récente adoption par le Sommet de la CEDEAO de la stratégie sur la lutte contre le terrorisme et le renouvellement du Plan d'action régional contre le trafic de drogues, la criminalité transnationale organisée et l'abus de drogues représentaient des développements encourageants qui doivent désormais être traduits en actions concrètes, avec le soutien de la communauté internationale. Evoquant notamment les attaques terroristes de Boko Haram au Nigeria, M. Djinnit a souligné ''la détermination des groupes terroristes à semer la terreur et la désolation'', tout en relevant ''la complexité du problème''. Selon lui, les relations avérées entre les groupes terroristes opérant dans la sous-région exigent une action concertée et d'ampleur régionale face à cette menace, en précisant qu'une telle action doit également se pencher sur les causes profondes de l'instabilité et inclure naturellement la dimension des droits de l'homme.