Le président malien élu, Ibrahim Boubacar Keïta, a prêté serment mercredi, inaugurant une nouvelle ère pour le Mali après plusieurs mois de crise née du coup d'Etat militaire du 22 mars, suivi de la prise de contrôle du nord du pays par des groupes armés. Elu le 11 août, Ibrahim Boubacar Keïta a prêté serment devant la Cour suprême au centre international des conférences de Bamako. La passation des pouvoirs entre lui et le président par intérim Dioncounda Traoré a eu lieu au palais présidentiel à Koulouba. Mais son investiture comprend un deuxième volet avec une cérémonie prévue le 19 septembre en présence de plusieurs chefs d'Etat à Bamako. Lors de la cérémonie, M. Keita a promis de "préserver en toute fidélité le régime républicain, de respecter et de faire respecter la Constitution et la loi, de remplir (ses) fonctions dans l'intérêt supérieur du peuple, de préserver les acquis démocratiques, de garantir l'unité nationale, l'indépendance de la patrie et l'intégrité du territoire national". Agé de 68 ans, IBK, candidat du Rassemblement pour le Mali (RPM), avait remporté l'élection présidentielle au second tour avec 77,62 % des suffrages contre 22,38 %, pour son adversaire Soumaïla Cissé, de l'Union pour la République et la démocratie (URD). Des défis importants attendent le nouveau président Au lendemain de son élection à la tête du pays, M. Keïta s'est engagé à faire de la réconciliation du peuple malien la priorité de son mandat de cinq ans. "Vous me verrez pleinement engagé et entièrement disponible sur tout ce qui est de nature à consolider l'unité du Mali", avait-il promis. "Je serai le président de tous les Maliens, je serai le président de la réconciliation nationale. Cette réconciliation est nécessaire, pour faire face aux exigences légitimes de notre peuple", avait-il souligné lors de son premier discours adressé au Maliens en tant que président élu. Autres défis qui attendent le nouveau président, la réforme de l'armée, la relance d'une économie nationale exsangue, la lutte contre la corruption et l'éducation. A ce titre, il avait insisté sur "le développement économique et social, pour que toutes les Maliennes et tous les Maliens profitent des progrès que nous ne manquerons pas de faire". Ancien Premier ministre et ancien président de l'Assemblée nationale, Ibrahim Boubacar Keita aura également à faire pour permettre aux 170.000 Maliens réfugiés dans les pays voisins, Mauritanie, Burkina Faso et Niger notamment de retourner dans leurs foyers. Mais la sécurité demeure le plus grand chantier du chef de l'Etat notamment dans le nord du pays qui était occupé durant plusieurs mois par les groupes armés. Le coup d'Etat du 22 mars 2012, ayant renversé le régime du président Amadou Toumani Touré, avait précipité la chute du Nord du Mali aux mains de groupes armés qui ont laminé la rébellion touareg et l'armée malienne, commis d'innombrables exactions. En avril 2012, un président par intérim, Dioncounda Traoré avait été investi pour gérer la transition avec en ligne de mire rétablir l'unité du pays. En janvier 2013, une intervention militaire franco-africaine, toujours en cours a permis de chasser les groupes armés qui occupaient le Nord, suivi quelques mois après d'un accord entre la rébellion touareg du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA). Mission accomplie pour Dioncounda Traoré Lundi, deux jours avant la prise de fonction de Boubacar Keïta, le président par intérim Dioncounda Traoré avait estimé qu'il avait, avec son équipe, "relevé un challenge fou" au Mali, qui a connu une crise complexe de 18 mois. Il avait indiqué que les autorités désignées pour la transition avaient reçu une double mission : "le rétablissement de l'intégrité territoriale du pays" et "l'organisation d'élections générales transparentes et crédibles". "Pendant de longs mois, cette double mission aura été notre souci permanent, son accomplissement notre raison d'exister. (...) A quelques 48 heures de la fin de notre mission et sans aucune forme d'auto-satisfecit, nous pouvons affirmer fièrement : +Mesdames et messieurs, nous avons gagné le pari+", s'était-il félicité. Il avait exprimé sa reconnaissance envers la communauté internationale, qui a aidé le pays à sortir de la crise.