L'Observatoire français contre l'islamophobie a estimé que la "Charte de la laïcité à l'école", présentée lundi par le ministre de l'Education, Vincent Peillon, était une "charte de trop" car prévoyant l'application de lois déjà entrées en vigueur comme celle interdisant le foulard islamique dans les collèges et lycées. "Si cette Charte proposée par le ministre français de l'Education est de trop, c'est tout simplement parce que sur ses 15 articles, plusieurs nous renvoient à l'application de lois votées et déjà mises en application, telle la Loi de 2004 interdisant le foulard dans les collèges et lycées", a indiqué le président de l'Observatoire, Abdallah Zekri, à l'APS. Tout en signalant qu'il est dit que cette charte a été pensée pour faire face au communautarisme, il a jugé que cela "laisse entendre, en supposé, contre les musulmans et leur religion". "Cette Charte est de trop, car il y a eu en 2007 des chartes diffusées dans les services publics et qui n'ont rien donné. Il y a eu dans le passé plusieurs textes et règlements qui ont soulevé les thématiques proposées par cette nouvelle Charte et rédigées par la droite et la gauche", a ajouté M. Zekri, qui a rappelé que, sous la présidence de François Mitterrand (1981-1995), il y a eu aussi le Livret Républicain et la Charte de Citoyenneté. Comme règle principale imposée par la Charte, désormais publiée à l'entrée de toutes les écoles, collèges et lycées de la République française, il est stipulé qu'aucun élève ne peut invoquer une conviction religieuse ou politique pour contester à un enseignant le droit de traiter une question au programme. A ce sujet, M. Zekri a estimé que des cas de refus au nom d'une religion d'un quelconque enseignement ne sont pas légion en France. "Rien n'est démontré, à ce sujet. Ce ne sont que des rumeurs", a-t-il affirmé, estimant que cette charte devrait étudier d'autres thèmes tels que les cantines scolaires et les fêtes religieuses. Il a relevé que, pour les cantines scolaires, les musulmans de France ne souhaitent pas manger de porc et "c'est leur droit, mais ne revendiquent pas de repas (halal) de substitution", comme cela est souvent colporté. Pour les fêtes religieuses, le président de l'Observatoire a relevé que seuls les musulmans ne bénéficient pas de jours de congés pour les célébrer, alors que pour les catholiques il y a Noël, Pâques, l'Ascension, la Pentecôte, l'Assomption, la Toussaint...etc. "Où est la laïcité ? Faut-il l'appliquer pour les uns et pas pour les autres ?", s'est-il demandé. Le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Dalil Boubakeur, a, de son côté, dit percevoir dans le nouveau texte un "regard oblique sur l'islam", notamment le passage sur l'interdiction du port de signes ou de vêtements. "On voit très bien à qui il s'adresse, je crains, comme c'était le cas pour la loi de 2004 sur l'interdiction du voile et des signes religieux à l'école, de voir les musulmans de France stigmatisés dans leur ensemble et que cette interdiction ne soit perçue comme trop brutale", a-t-il indiqué. Déclinée en quinze points, la "Charte de la laïcité à l'école" interdit notamment le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une apparence religieuse.