La campagne pour les élections législatives du 28 septembre touche à sa fin dans un contexte marqué par des tensions, après des violences meurtrières entre opposants et partisans du président Alpha Condé à Conakry. Lancée le 23 août, la campagne électorale devait prendre fin dimanche soir. Elle a finalement été prolongée jusqu'à jeudi à la suite du report du scrutin - du mardi 24 septembre au samedi 28 du même mois- décidé le week-end dernier, après des discussions entre les camps politiques et sous l'égide de la communauté internationale. A trois jours du scrutin, la sécurité a été renforcée dans la banlieue de Conakry. Des policiers sont notamment présents sur une des principales artères de la banlieue, le Boulevard Le Prince, qui traverse des quartiers réputés fiefs de l'opposition comme Hamdallaye, Dar-es-Salam et Bambéto. Cellou Dalein Diallo, chef de l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG, parti théoriquement libéral), est le principal opposant du président Alpha Condé, chef du Rassemblement du peuple de Guinée (RPG). Des incidents dans la banlieue de Conakry entre des partisans du RPG et de l'UFDG ont fait dimanche et lundi un mort et plus de 70 blessés, selon un bilan officiel. Le report, un geste d'apaisement Attendu depuis 2011 et repoussé plusieurs fois, le scrutin législatif de samedi prochain, a été repoussé au 28 septembre à la suite de tractations entre le pouvoir et l'opposition. Ce report a été annoncé samedi dernier par le facilitateur international Said Djinnit. L'opposition avait réclamé une réforme du fichier électoral et un nouveau découpage électoral pour rapprocher les électeurs des bureaux de vote, et réduire le nombre d'électeurs inscrits à 500 maximum par bureau de vote. Selon M. Djinnit, le comité de suivis des accords du 3 juillet dernier, sous l'implication de la facilitation internationale, "a décidé de procéder à une ultime démarche en vue de corriger les dernières anomalies relevées suite à la distribution des cartes d'électeurs, l'affichage de la liste et la répartition des bureaux de vote dans tout le pays". Après ce report, "rien ne pourra plus entraver la tenue des élections législatives dans des conditions libres, transparentes et inclusives le samedi prochain", a assuré le facilitateur. Pour le chef de la mission d'observation électorale de l'Union africaine (UA), Mahamadou Danda, le report des élections est "un geste d'apaisement" permettant de "décrisper" le climat politique dans le pays. Les législatives guinéennes auraient dû avoir lieu dans les six mois suivant l'investiture, en décembre 2010, d'Alpha Condé, premier chef d'Etat démocratiquement élu de ce pays à l'histoire marquée par les violences politiques, militaires et ethniques depuis son indépendance de la France en 1958. Ces élections sont perçues par certains observateurs comme "un troisième tour" de la présidentielle de 2010 entre les formations du RPG (au pouvoir) et de l'UFDG (opposition), la première en quête de majorité pour avoir une liberté de gestion jusqu'à la fin du mandat de M. Condé en 2015, et la deuxième en quête de revanche, après la défaite en 2010 de Cellou Dalein Diallo, à la présidentielle face à M. Condé. Pouvoir et opposition appellent au calme A l'approche des législatives, les leaders politiques de la mouvance présidentielle et de l'opposition radicale ont adressé lundi un message conjoint d'appel au calme et à l'esprit de civilité, afin d'achever le déroulement de la campagne électorale "sans incident". A l'occasion de cette déclaration conjointe, Lansana Komara, du bureau exécutif du RPG Arc-en-ciel (parti au pouvoir), a précisé que les deux camps ont décidé d'unir leurs voix pour interpeller les militants de tous les bords politiques à "éviter les affrontements et les actes de vandalisme qui sont de nature à ternir l'image du pays". Selon lui, le 28 septembre prochain doit être "une occasion pour les Guinéens d'élire les représentants du peuple (les députés) qui contribueront à renforcer la démocratie et la stabilité dans le pays". De son côté, le Dr Oussou Fofana, vice-président de l'UFDG, a déclaré qu'"il est essentiel que ces élections se déroulent dans un climat apaisé avant, pendant et après le scrutin législatif, jusqu'à l'annonce des résultats définitifs". Quelque 5 millions d'électeurs sont appelés à choisir samedi leurs 114 députés sur la base de listes présentées par une trentaine de partis en lice. Plus de 5.000 observateurs superviseront ce scrutin, selon la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Environ 400 observateurs sont venus de l'étranger, dont 80 de l'Union européenne et le reste d'institutions et autres ONG africaines, d'après la même source.