L'ipilimumab, un médicament anticancéreux destiné au traitement des mélanomes au stade avancé, peut permettre des survies chez certains patients allant jusqu'à dix ans, selon une étude rendue publique samedi à Amsterdam. "Nos travaux ont montré qu'il y a un plateau de survie qui débute la troisième année et qui s'étend jusqu'à environ la dixième année" a déclaré le Pr. Stephen Hodi, de l'Institut du Cancer de Boston devant le Congrès européen du cancer 2013. Forme très agressive de cancer de la peau, le mélanome est un cancer qui, s'il n'est pas dépisté à temps, est souvent mortel. Il est en constante augmentation depuis 30 ans dans le monde, malgré les campagnes de prévention contre les dangers du soleil. Un seul traitement est disponible actuellement pour traiter la forme métastatique, l'ipilimumab (ou Yervoy), un anticorps monoclonal commercialisé depuis 2011 aux Etats-Unis par le laboratoire Bristol Myers Squibbs (BMS). Il n'est efficace que chez 15% des patients et présente une toxicité non négligeable. Alors qu'une étude clinique avait déjà montré un taux de survie à 5 ans de 18% chez les patients ayant pris ce médicament, le Pr. Hodi et plusieurs collègues européens ont analysé les données disponibles concernant plus de 1.800 patients traités. Ils ont découvert un taux médian de survie de 11,4 mois, mais une évolution nettement plus favorable pour environ un cinquième d'entre eux : trois ans après le début du traitement, 22% étaient toujours vivants, et 7 ans après, ils étaient encore 17%. La survie la plus longue a atteint 9,9 ans. Selon le Pr. Hodi, l'allongement de la survie était indépendant des doses de traitement reçues ou de l'existence de traitements associés. "Cette étude montre clairement que l'ipilimumab peut permettre de contrôler durablement la tumeur chez des patients atteints de mélanome métastatique", a commenté pour sa part le Pr. Alexander Eggermont, directeur général de l'Institut de cancérologie Gustave Roussy (IGR). L'ipilimumab bénéficie en France d'une autorisation temporaire d'utilisation (ATU) dite de cohorte, c'est-à-dire qu'il est réservé à un groupe de patients traités dans le cadre d'un protocole thérapeutique.