La médecine a fait quelques pas de plus dans la lutte contre le mélanome, un cancer de la peau particulièrement agressif, démontrent les résultats de plusieurs essais cliniques dévoilés samedi lors d'une importante conférence médicale à Chicago (Illinois, nord). "De nouveaux traitements ciblés et des immunothérapies qui dopent le système immunitaire s'avèrent être des stratégies efficaces pour arrêter la progression de ces maladies difficiles à traiter", les cancers avancés résistants aux thérapies traditionnelles, a observé Gregory Masters, un cancérologue du centre du cancer Helen Graham à Newark (Delaware, est), lors de la présentation de plusieurs essais cliniques portant notamment sur le mélanome. Parmi ces études, présentées à la conférence annuelle de l'American Society of Clinical Oncology (ASCO), un essai clinique de phase 2 avec 245 patients atteints d'un mélanome métastasé a montré que l'anticorps ipilumumab commercialisé sous le nom de Yervoy par le laboratoire Bristol-Myers Squibb, combiné à la Leukine de la firme Genzyme, qui stimule le système immunitaire, réduisait de 35% le risque de décès par rapport aux malades ne prenant que le Yernoy. Ainsi, plus des deux tiers des participants traités avec la combinaison Yervoy-Leukine étaient encore en vie un an après contre la moitié dans le groupe témoin. Le Yervoy, un nouveau traitement contre le mélanome avancé dévoilé en 2010, active une protéine (CTLA-4) qui dope l'activité des lymphocites T, cellules clé du système immunitaire. Les médecins longtemps impuissants "Cet essai clinique vient s'ajouter aux succès remarquables et aux avancées que nous voyons contre le mélanome avancé depuis deux ans", a souligné le Dr Lynn Schuchter, une porte-parole de l'ASCO et spécialiste du mélanome. Une autre étude clinique de phase 1 sur 107 patients dont le mélanome avancé s'aggravait malgré les traitements standards a montré que le nivolumab, un anticorps stimulant le système immunitaire développé par le groupe pharmaceutique américain Bristol-Myers Squibb, a permis une réduction de 30% de la tumeur chez 31% des participants. Jusqu'alors les immunothérapies permettaient de réduire les tumeurs de seulement 5 à 10%. Les chances de survie à deux ans sont estimées à 43%, ont aussi indiqué les chercheurs en présentant l'essai clinique à l'ASCO. Cet essai clinique préliminaire ne permet pas de comparer directement avec d'autres traitements mais "les résultats sont frappants avec une durée de survie médiane qui excède celle obtenue avec la plupart des thérapies contre le mélanome récemment mises sur le marché", ont souligné les chercheurs. "Je pense que le nivolumab représente une vraie percée pour les malades atteints d'un mélanome métastasé et probablement pour d'autres maladies", a jugé le Dr Mario Sznol, professeur de cancérologie à la faculté de médecine de l'université de Yale (Connecticut, nord-est), qui a mené cette étude. "Le haut niveau d'activité anti-cancer observée avec ce traitement ouvre de de nouvelles voies pour des recherches qui permettront de mieux comprendre comment les tumeurs échappent au système immunitaire", a-t-il ajouté. Selon lui, cette recherche, financée par Bristol-Myers Squibb, confirme que l'immunothérapie est une approche importante pour traiter le mélanome face auquel les cancérologues ont été longtemps impuissants. Une troisième étude clinique présentée samedi redonne également espoir aux malades souffrant d'un mélanome de l'œil, cancer très rare touchant 2.000 personnes par an aux Etats-Unis et pour lequel aucun traitement n'était jusqu'alors efficace. Un essai clinique de phase 2 avec 98 malades a montré que le Temodar (selumetinib), du laboratoire britannique Astrazeneca, qui neutralise une protéine jouant un rôle clé dans la prolifération des cellules cancéreuses, a réduit la tumeur de 50% chez les personnes traitées et a doublé la durée durant laquelle le cancer était contrôlé. Selon l'OMS, le cancer de la peau est responsable de 66.000 décès par an dans le monde, dont environ 80% sont des mélanomes, qui sont en forte augmentation. Plus de la moitié des patients ont moins de 59 ans.