L'ancien secrétaire général des Nations unies Kofi Annan a souligné lundi que la Cour pénale internationale (CPI) ne se focalisait pas sur l'Afrique, malgré les plaintes de dirigeants du continent qui accusent le tribunal de parti pris. "Je voudrais souligner que ce sont la culture de l'impunité et les individus qui sont jugés par la CPI, pas l'Afrique", a déclaré M. Annan lors d'un discours pour l'anniversaire de l'archevêque sud-africain Desmond Tutu. La CPI, basée à La Haye, est de plus en plus contestée par l'Union africaine (UA), qui regroupe 54 pays membres et doit examiner ses relations avec l'instance judiciaire lors d'un sommet spécial vendredi et samedi. L'UA accuse la cour de ne s'en prendre qu'à des dirigeants africains, mais "je sais que ce n'est pas le cas", a lancé M. Annan, "inquiet" de ces attaques. Les accusations de l'UA surviennent après diverses procédures contre des leaders de l'UA, notamment la condamnation à 50 ans de prison en septembre de l'ex-président libérien Charles Taylor pour crimes contre l'humanité en septembre, le procès en cours depuis septembre - pour les mêmes motifs - du vice-président kényan William Ruto, et celui à venir en novembre du président kényan Uhuru Kenyatta, toujours pour crimes contre l'humanité. Quatre des dossiers africains jugés par la CPI ont été ouverts à la demande de dirigeants africains, tandis que deux autres, sur le Darfour et la Libye, ont été ouverts par le Conseil de sécurité des Nations unies, a souligné M. Annan. L'Union africaine a demandé à la CPI de cesser les procédures pour crimes contre l'humanité visant les dirigeants du Kenya, dont les députés ont voté le mois dernier une motion réclamant le retrait du pays de la juridiction de la cour. Durant son discours, M. Annan a prévenu que "des défis sérieux demeurent et de nouvelles menaces émergent". "Aussi réels et excitants que soient les progrès, nous ne pouvons-nous permettre de devenir suffisants. Après tout, l'Afrique a déjà connu des aubes trompeuses dans le passé", a-t-il rappelé. "La croissance impressionnante n'a pas éradiqué l'extrême pauvreté, en particulier dans les zones rurales (...) ni les énormes inégalités qui existent sur ce continent". "En dépit de l'extraordinaire richesse en ressources naturelles de l'Afrique, la mauvaise gouvernance et le manque de transparence ont trop souvent mené à la corruption, l'exploitation et les ravages environnementaux", a-t-il déploré.