Les dirigeants africains vont examiner leurs relations avec la Cour pénale internationale (CPI) lors d'un sommet prévu le 11 octobre spécialement consacré à un tribunal de plus en plus contesté sur le continent, ont affirmé hier des responsables panafricains. L'Union africaine qui regroupe 54 membres a accusé la CPI, dont le siège est à La Haye, de se focaliser sur des Africains et l'a appelée à abandonner ses poursuites pour crimes contre l'humanité à l'encontre des dirigeants kenyans. «On va discuter des relations de l'Afrique avec la CPI», a dit le chef adjoint de l'exécutif de l'UA, le Kenyan Erastus Mwench. Des diplomates ont ajouté que les Etats parties à la Cour, créée pour juger en particulier du génocide, des crimes de guerre et crimes contre l'humanité, devraient évoquer la possibilité d'un retrait de la CPI. Les pays africains représentent 34 des 122 pays ayant ratifié le Statut de Rome, le traité fondateur de la CPI, entré en vigueur en juillet 2002. Selon M.Mwencha, les cas du président kenyan Uhuru Kenyatta et du vice-président William Ruto n'ont pas été placés au centre du futur sommet dont «l'ordre du jour est très large». Les deux dirigeants kenyans sont accusés par la CPI de crimes contre l'humanité pour leur rôle présumé dans les violences post-électorales qui ont fait quelque 1100 morts en 2007-2008. Le procès du vice-président Ruto a déjà débuté, celui du président Kenyatta doit s'ouvrir le mois prochain. Les députés kenyans ont voté le mois dernier une motion réclamant le retrait du Kenya de la juridiction de la cour. Quelle que soit la décision de l'UA, elle n'affectera pas les procédures en cours et un retrait représente un long processus qui ne peut être entrepris que par les Etats sur une base individuelle. L'UA a accusé en mai la CPI de se livrer à «une sorte de chasse» aux Africains et a demandé que ce soit la justice kenyane qui traite les dossiers de MM. Kenyatta et Ruto. Depuis sa création, la CPI a inculpé une trentaine de personnes, tous des Africains, pour des crimes survenus dans huit pays d'Afrique. La CPI explique avoir été saisie dans de nombreux cas par des pays africains eux-mêmes.