L'ancien ministre des Finances, Abdelkrim Harchaoui, a appelé mardi à Alger à la mise en place de mécanismes pour le contrôle des dépenses publiques et de leur rentabilité et le plafonnement du déficit du budget pour garantir une gestion efficace du budget de l'Etat. M. Harchaoui qui s'exprimait lors des travaux d'une journée parlementaire sur le projet de loi de finances 2014 organisée par le groupe parlementaire du Rassemblement national démocratique (RND), a estimé qu'on ne peut se contenter d'allouer des sommes faramineuses aux programmes de développement. Il faut, selon lui, contrôler les moyens de les dépenser et rechercher la rentabilité de cet argent. Il a indiqué, dans ce contexte, que beaucoup d'infrastructures réalisées dans différents secteurs ne sont pas bien exploitées. Elles n'accomplissent pas le rôle et ne réalisent pas l'objectif pour lequel elles ont été conçues, a-t-il dit, appelant à mettre en place des mécanismes de suivi de l'état de réalisation des objectifs économiques et sociaux de ces structures. Les collectivités locales doivent jouer leur rôle dans ce domaine, selon M. Harchaoui qui précise qu'aucun projet ne peut être inscrit sans l'avis des collectivités locales qui sont les plus indiquées pour estimer sa faisabilité et son utilité. L'ancien ministre a appelé à plafonner le déficit budgétaire général de façon à ne pas dépasser un certain taux afin de rationaliser les dépenses et garantir la stabilité financière du pays à long terme. "Il faut retenir les leçons de la crise de la dette en Europe et aux Etats-Unis et se rappeler l'expérience de l'Algérie dans les années 1990 afin de ne pas reproduire les mêmes erreurs", a-t-il déclaré. M. Harchaoui a plaidé, d'autre part, pour la hausse du prix de référence du baril de pétrole lors de l'élaboration du budget, en fonction de l'évolution du marché mondial. Pour lui "il est difficile de lire le budget et saisir son déficit en raison du prix de référence du baril de pétrole fixé à 37 dollars alors qu'il est de 90 dollars pour d'autres chapitres du même budget". S'agissant du projet de budget 2014, il a estimé que les objectifs relatifs au chômage et à l'inflation étaient "raisonnables" mais que les prévisions de croissance demeurent en deçà des capacités du pays. "Les potentialités du pays lui permettent de réaliser un taux de croissance de près de 8% sachant que toutes les entraves qui se dressent sur cette voie peuvent être dépassées", a-t-il soutenu. Les dépenses publiques, a-t-il ajouté, augmentent à un rythme "inquiétant", d'autant qu'une augmentation de quelque 1600 milliards de DA sera enregistrée entre 2013 et 2014, les deux tiers au titre du budget d'équipement, sachant que les recettes augmenteront de près de 100 milliards de DA seulement. "Il faut adopter, le plus tôt possible, une politique vigilante comme nécessité incontournable, car le budget de l'Etat ne doit pas rester dépendant des fluctuations des prix du pétrole", selon M. Harchaoui. Afin de rompre avec la dépendance au secteur des hydrocarbures en tant que principale sources de revenus du pays, M. Harchaoui a proposé d'investir dans les energies non conventionnelles et renouvelables et de dynamiser le système de production nationale notamment à travers un pacte économique par lequel toutes les parties y compris les entreprises économiques s'engagent à œuvrer à la promotion de l'industrie nationale.