Le RND a organisé ce week-end une rencontre-débat pour expliquer sa politique socioéconomique. Les travaux de ce séminaire, auquel ont pris part des membres du gouvernement, des groupes parlementaires du parti ainsi que les cadres et les responsables de huit bureaux régionaux du Centre, ont été marqués par l'intervention de Abdelkrim Harchaoui et Salah Djenouhat. Ces deux cadres du RND sont chargés respectivement des affaires économiques et des affaires sociales au sein du bureau national. M. Harchaoui est revenu sur un ensemble de points relatifs à la situation financière du pays, jugée bonne, et la croissance qui reste fragile. Les questions portant sur la privatisation, le chômage ainsi que sur la réforme bancaire ont été également abordées par le conférencier. Ce dernier a dressé un tableau de l'évolution de la situation économique et des réformes engagées dans le cadre des visions adoptées par le deuxième congrès du parti. M. Harchaoui n'a pas manqué de tirer à boulets rouges sur le grand argentier du pays, Abdelatif Benachenhou. Il fera remarquer que le débat économique porte actuellement sur l'embellie financière du pays alors qu'il y a toujours absence d'un véritable développement. Durant la période allant de 1986 à 1993, les réserves de change ont atteint un seuil alarmant et le développement était par conséquent négatif. Aujourd'hui, sur le plan financier, le budget de l'Etat s'est nettement amélioré. Pour preuve, fera remarquer M. Harchaoui, c'est que les réserves de change ont dépassé les 40 milliards de dollars. « Il y a eu amélioration des équilibres macro-économiques nationaux et une stabilité financière qui protège l'Algérie de toute perturbation et tension. Cependant, nous nous interrogeons : pourquoi le pays n'arrive pas à démarrer ? », s'est demandé l'orateur. Celui-ci a expliqué que toute l'économie nationale du pays est suspendue aux hydrocarbures. 97% des recettes extérieures proviennent de l'exportation des hydrocarbures, l'Algérie paie 70% des recettes de la fiscalité pétrolière. Ces faits sont réels, estime M. Harchaoui, qui met en garde les pouvoirs publics contre le non-respect de la maîtrise des dépenses publiques. « Les hydrocarbures sont une ressource non renouvelable ; donc nous n'avons pas le droit de l'exploiter dans l'immédiat et d'une manière anarchique, car cette richesse appartient à tous les Algériens », a affirmé le conférencier qui, sur une note critique, a indiqué qu'en l'absence de projets sectoriels structurels sérieux, les dépenses seront inutiles et relèveront du gaspillage de cette ressource pétrolière. « Il est nécessaire de créer des projets et des programmes économiques en tenant compte des défis et enjeux de la prochaine décennie. Il faut conserver les réserves de change pour bien les utiliser. Il faut une transparence et de la rigueur dans la gestion de nos richesses », dira-t-il. M. Harchaoui a souligné que pour une meilleure croissance, il faut un programme sectoriel bien défini. « Chaque premier responsable d'un ministère doit, a-t-il souligné, élaborer sa propre politique, ses objectifs et les projets de croissance à réaliser. C'est de cette façon que l'on arrivera à faire décoller le pays et à le gérer d'une manière rationnelle », a-t-il déclaré. Une démarche contradictoire avec celle prônée par M. Benachenhou qui préconise une politique générale élaborée par son secteur. L'orateur défend l'idée de la modernisation des banques comme première étape et ce, avant d'entamer la phase de la réforme bancaire. « Il faut instaurer un système de paiement et de compensation avant d'aller vers un partenariat et ouvrir le capital des banques. La banque doit jouer son rôle de superviseur. Si cette optique avait été mise en place il y a des années, nous ne serions jamais confrontés aujourd'hui au problème comme celui d'El Khalifa Bank », a lancé le représentant du RND. M. Harchaoui a dit comprendre l'inquiétude de la population par rapport au projet de privatisation. Il a indiqué que son parti est certes pour la privatisation des entreprises, mais une privatisation qui exclut le bradage. « Nous sommes en faveur d'une privatisation qui valorise le potentiel existant et qui privilégiera le capital algérien », a affirmé l'ex-ministre des Finances. M. Harchaoui a soutenu aussi que le mal qui ronge profondément notre pays est le problème du chômage. Ce fléau, de son avis, est à l'origine de la violence, de l'insécurité et du banditisme qui existent dans notre pays. Pour remédier à cette situation, l'Etat doit procéder à l'élimination de ce phénomène par la création des conditions d'intégration des jeunes. En revanche, M. Harchaoui et le porte-parole du RND, M. Chorfi, ont mis l'accent sur le projet de réalisation d'un pacte socioéconomique qui s'inscrit au cœur de la politique du parti. De l'avis du représentant du RND, ce pacte, qui est composé des représentants des travailleurs, des opérateurs économiques publics et privés et des pouvoirs publics, a pour mission de dégager une démarche unifiée afin de réaliser une cohésion sociale pour le développement du pays.