Dans un entretien accordé à la Chaîne III de la Radio nationale dont il était l'invité de la rédaction, Abdelkrim Harchaoui, député du RND et ancien ministre des Finances, a évoqué les travaux de la commission parlementaire d'enquête sur les manifestations violentes qui se sont déroulées en janvier et février 2011. Lui-même a été écouté durant quatre heures par cette commission, fait-il savoir. Ce qui a été remarqué, dit-il à ce propos, ce sont les manipulations de marchés et d'autres manipulations. La commission parlementaire, ajoute-t-il, va proposer des solutions pour assurer la sécurité alimentaire du pays, car, estime-t-il, là est le problème. M. Harchaoui a défendu les dispositions de la loi de finances complémentaire pour 2009 (LFC 09) visant à protéger l'économie nationale. «Où sont les investisseurs étrangers ?», a-t-il rétorqué à des interlocuteurs qui prétendaient que les mesures de la Loi de finances complémentaire pour 2009 les avaient bloqués. Ils ne sont pas venus, fait-il constater, quand toutes les portes étaient ouvertes. Pourquoi attendre ? lance-t-il. Il estime que les mesures prises dans le cadre de la LFC 09 sont légitimes. Quant au secteur privé, il est faible, fait-il remarquer, il n'y a pas eu de gros investissements privés. S'il y a des entrepreneurs privés qui veulent relever le défi, ils en ont les conditions. La transition a trop duré, estime-t-il. Pour M. Harchaoui, l'Etat doit se désengager et c'est aux entreprises à intervenir. Les intérêts du pays doivent être gérés par les Algériens, dit-il. Il rappelle qu'entre 2008 et 2009, les pertes de recettes dues à la chute du prix du baril de pétrole ont été de 33 milliards de dollars, le baril étant passé du niveau record de 147 dollars en juillet 2008 à 35 dollars quelques mois après. Il rappelle également que l'Algérie avait connu une récession économique qui a duré huit ans entre 1986 et 1993. M. Harchaoui est d'ailleurs revenu longuement sur cette période difficile et sur les conséquences du contre choc pétrolier de 1986 et de l'endettement qui l'a suivi entraînant le pays dans une situation qui l'a obligé à rééchelonner la dette extérieure en acceptant au préalable le programme du Fonds monétaire international (FMI) qui a imposé les restrictions budgétaires durant les années 90. Concernant le budget de l'Etat, il fait observer qu'il doit répondre à trois obligations : maîtriser la dépense publique, recouvrer la ressource et réaliser les objectifs macroéconomiques. Il faut, souligne-t-il, réaliser un équilibre entre les objectifs et les ressources mobilisables. Pour M. Harchaoui, l'Algérie a toutes les chances de réaliser ses programmes. Nous avons deux obligations, fait-il remarquer, l'équilibre budgétaire et la viabilité de la balance des paiements. Beaucoup de projets d'infrastructures ont été réalisés ou sont en cours de réalisation, ajoute-t-il, l'Algérie est en chantier. A propos des révoltes dans certains pays arabes, on ne sait pas d'où ça vient et on ne sait pas où ça va aller, dit-il. Il plaide pour la stabilité, car, argumente-t-il, le capital est lâche, il n'aime pas l'instabilité. Celle-ci contrarie la croissance. Notre problème, souligne-t-il, c'est la stabilité de l'Algérie.