Le risque de conflit ethnique est "extrêmement élevé" au Soudan du Sud, en proie à d'intenses combats entre factions de l'armée, a mis et en garde jeudi la Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Navi Pillay. "Je suis profondément inquiète pour la sécurité des civils pris entre deux feux. Le risque que les combats prennent une dimension ethnique est extrêmement élevé et pourrait conduire à une situation dangereuse", a déclaré Mme Pillay dans un communiqué. "Nous avons reçu des informations faisant état de civils tués à Juba en raison de leur appartenance ethnique", a-t-elle ajouté. "J'appelle le gouvernement à envoyer un message clair à ceux qui commandent au sein de la SPLA (Armée populaire de libération du Soudan, forces armées du pays) afin d'empêcher toute attaque de représailles sur la base de l'appartenance ethnique et tribale et de juger les responsables présumés", a-t-elle poursuivi. Les combats, déclenchés selon les autorités par une tentative de coup d'Etat de l'ex-vice-président Riek Machar, rival politique du chef de l'Etat Salva Kiir, ont fait plus de 500 morts et 800 blessés entre dimanche soir et tard mardi à Juba (selon l'ONU), et menacent désormais de s'étendre au reste du Soudan du Sud, déjà en proie à de vives tensions ethniques. Ces violents affrontements ont provoqué d'importants déplacements. A Juba, environ 20.000 personnes, principalement des femmes et des enfants, se trouvent toujours dans les bâtiments de l'ONU. Au nord de Juba, environ 10.000 autres personnes déplacées ont trouvé refuge dans les locaux des Nations unies de la localité de Bor. Elle indique par ailleurs être "extrêmement préoccupée par le sort des personnes arrêtées par le gouvernement et par les rapports faisant état de nombreuses exécutions extra-judiciaires". "En particulier, j'exhorte les autorités de clarifier le sort des anciens hauts responsables du gouvernement arrêtés à Juba il y a deux jours, dont l'ex-gouverneur de l'Etat des Lacs et l'ex-secrétaire général du SPLM (Mouvement populaire de libération du Soudan, parti politique au pouvoir)", a déclaré Mme Pillay. Selon le Haut-Commissariat de l'ONU, le gouvernement a confirmé l'arrestation d'au moins dix anciens hauts responsables du gouvernement, dont six ministres. Dans l'Etat de Warrab, les forces de sécurité loyales au gouvernement ont aussi arrêté un "nombre de responsables locaux clés accusés d'avoir soutenu le coup d'Etat présumé". Le Soudan du Sud est en proie à d'importantes tensions politiques depuis le limogeage en juillet dernier par le président Kiir de l'ensemble du gouvernement, notamment du vice-président Riek Machar, son rival politique qui avait annoncé son intention de se présenter contre le chef de l'Etat sortant à la présidentielle de 2015.