La situation au Soudan du Sud inquiète de plus en plus la communauté internationale qui a appelé les parties en conflit à "surmonter les divergences politiques par des moyens exclusivement pacifiques". Le Soudan du Sud est en proie à des tensions politiques depuis le limogeage en juillet dernier par le président Salva Kiir du vice-président Riek Machar, son principal rival politique. Cette situation s'est exacerbée la semaine dernière avec le déclenchement de combats suivis d'une tentative de coup d'Etat, menée selon les autorités, par Riek Machar. Ces violences ont fait, selon des estimations, plus de 500 morts et 800 blessés entre dimanche et mardi à Juba. Dans une déclaration unanime mais non contraignante, le Conseil de sécurité de l'ONU a appelé vendredi le président Salva Kiir et l'ancien vice-président Riek Machar, dont la rivalité politique a provoqué une vague de violences entre leurs deux communautés, Dinka et Nuer, "à lancer un appel à la cessation des hostilités et à l'ouverture immédiate d'un dialogue". Pour sa part, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a appelé aussi au dialogue. "Il est temps maintenant pour les dirigeants du Soudan du Sud de maîtriser les groupes armés sous leur contrôle, de cesser immédiatement les attaques contre les civils et de mettre un terme à l'engrenage de la violence entre différents groupes ethniques et politiques", a-t-il indiqué. L'Algérie aussi "regrette vivement" l'effusion de sang qui a marqué la dernière escalade des violences au Soudan du Sud qui "traverse une phase difficile dans la construction et la consolidation de ses institutions en faisant face à de tensions politiques internes", selon le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, M. Amar Belani. "Nous saluons l'appel du président Salva Kiir au dialogue et nous exhortons les anciens compagnons dans la direction historique du SPLM (Sudan People's Liberation Movement) à surmonter les divergences politiques par des moyens exclusivement pacifiques", a-t-il encore dit. Kiir et Machar acceptent de discuter En réponse aux appels internationaux, le gouvernement du Soudan du Sud a déclaré samedi qu'il était prêt à discuter avec Riek Machar. "Nous sommes prêts à dialoguer avec tout rebelle dont Riek Machar, sans conditions", déclare le gouvernement sur son compte twitter. La veille, le président Kiir et son rival Machar avaient promis à une mission africaine de médiation de "mener un dialogue sans conditions", selon l'ambassadeur français à l'ONU, Gérard Araud qui rendait compte à la presse de consultations d'urgence au Conseil de sécurité, qu'il préside en décembre, sur la dégradation de la situation dans le pays. "Nous avons appris que le président et l'ex-vice-président, ainsi que la veuve de John Garang, avaient apparemment accepté de s'engager dans un dialogue sans conditions", a-t-il indiqué, sans autres précisions. De son côté, le ministre éthiopien des Affaires étrangères, Tedros Adhanom, qui dirige la délégation de médiation africaine de cinq Etats, a déclaré, après avoir rencontré vendredi les deux rivaux, que les discussions étaient "très productives". Sur le terrain, l'armée du Soudan du Sud, appuyée par des hélicoptères, tentait samedi de reprendre le contrôle de la ville de Bor, au nord de Juba, tombée jeudi aux mains des partisans de Riek Macha, selon un porte-parole. "Nous avançons sur Bor (...) il y a des combats, mais nous sommes aidés par des unités aériennes", a déclaré le porte-parole de l'Armée populaire de libération du Soudan (SPLA), Philip Aguer. Bor est la capitale de l'Etat de Jonglei, l'une des régions les plus explosives de la jeune nation du Soudan du Sud, devenue indépendante en 2011. Philip Aguer a également souligné que l'Etat-clé d'Unité, producteur de pétrole, était sous le contrôle du gouvernement, précisant qu'il y avait eu des combats pendant la nuit dans Bentiu, capitale de cet Etat. Au moins cinq employés sud-soudanais du secteur pétrolier ont été tués mercredi soir dans par des hommes armés non identifiés dans l'Etat d'Unité.