Le parcours de militant de la lutte de libération et de "précurseur de la liberté d'expression" que fût l'ex-directeur d'El Moudjahid, Mohamed Morsli, surnommé "Si Aziz", ont été évoqués dimanche à Alger par ses compagnons de lutte et de plume. Ancien officier de l'Armée de libération nationale (ALN), Ali Hemlet a évoqué, au forum d'El-Moudjahid, le parcours commun, le sien et celui de Mohamed Morsli, depuis qu'ils furent étudiants au Maroc avant d'évoluer au sein du Ministère de l'armement des liaisons générales (MALG). "Morsli avait beaucoup d'idées sur l'Algérie de demain, il avait jeté les bases de ce qui allait être la Charte de Tripoli et avait contribué à clarifier les choses à l'époque", a noté, de son côté, son autre ex-compagnon du MALG et ex-ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Nouredine Yazid Zerhouni. Considérant Mohamed Morsli comme "un pilier de la presse indépendante", l'ex-Directeur général de la Radio nationale, Benhamadi Zouaoui, a relevé les idées "plurielles" que véhiculait l'intéressé qu'il a côtoyé au sein du quotidien El Moudjahid lorsque celui-ci l'avait dirigé la première fois entre 1967 et 1968. "Il a mené un combat énorme pour la liberté d'expression et avait le sens de la substance. Il était très courageux et nous avaient tous protégés", a-t-il ajouté à son sujet avant de déplorer que Morsli soit "parti dans le silence et la frugalité". Abondant dans ce sens, son ex-collègue Amar Belhimer a souligné qu'"aucun journaliste n'a été sanctionné de son temps pour ses idées" avant de rappeler "le pédagogue" qui savait s'entourer des meilleurs, citant à ce propos les défunts Bachir Rezzoug et Halim Mokdad. Le directeur général du quotidien El-Watan, Omar Belhouchet, a exprimé "l'honneur" qu'a été pour lui de travailler avec le défunt Morsli entre 1980 et 1981 dont il retiendra "l'esprit libre par rapport à l'autorité de l'Etat et de l'Establishment" et dont il dira qu'il a "su libérer les initiatives". "Il prenait énormément sur lui et tenait aux règles d'éthique et au professionnalisme dans l'exercice du métier de journaliste. Il était hors temps", a-t-il ajouté avant de faire savoir que son ex-patron avait le souci d'aborder des sujets délicats et tabous au risque de "déplaire". "Sous sa carapace d'homme sévère, Morsli était d'un humour ravageur, difficile à faire soumettre. La lettre de démission ne quittait jamais sa poche et je tentais, en compagnie d'autres, de le dissuader de la déposer. Il fût un homme de caractère et de coeur", a indiqué, pour sa part, son ex-collègue et ex-directeur général de l'Agence Presse Service (APS), Nacer Mehal. Le successeur de Morsli à la tête du quotidien gouvernemental (El Moudjahid) en 1982, Mohamed Louber, est allé dans ce sens pour relever le caractère "rebelle" de son prédécesseur qui était à ses yeux, un "professeur de qualité". "Il avait une sorte de fierté naturelle et était quotidiennement en difficultés avec sa tutelle tant il était d'une intégrité absolue et tenait à son indépendance. Autant de raisons qui ont fait qu'il ne pouvait rester plus longtemps à la tête du journal", a témoigné, pour sa part, l'ex-directeur général de l'APS, Mohamed Merzoug. Ancien militant de la guerre de libération nationale et membre de la section du renseignement, de l'administration et de l'économique au sein du MALG, Mohamed Morsli a occupé plusieurs fonctions au sein de l'administration dont le ministère de l'Industrie et a été directeur de publication d'El-Moudjahid en 1967-1968 et en 1980-1981. Né le 24 août 1938, Mohamed Morsli est décédé le 25 décembre 1999.