La directrice générale d'El Moudjahid remettant un bouquet de fleurs à M.Naït Mazi Les amis du journaliste et ancien directeur d'El Moudjahid sont nombreux à avoir assisté à la projection d'un documentaire qui retrace sa carrière. La projection du documentaire Le Moudjahid de la plume consacré par le réalisateur Salim Aggar à l'ancien directeur général d'El Moudjahid, Noureddine Naït Mazi, a été une occasion pour ses anciens collègues de se retrouver dans une ambiance conviviale. A travers les témoignages des journalistes, dont certains ont dirigé par la suite de nombreuses publications, c'est toute la dimension humaine et l'oeuvre de Naït Mazi qui est rappelée à la mémoire de ceux qui l'ont connu et que les plus jeunes pourront découvrir. Certaines images du documentaire sont tournées lors de l'hommage qui a été rendu au journaliste à l'occasion de l'édition 2011 du Salon international du livre d'Alger. Hier, à la salle des conférences d'El Moudjahid, plusieurs figures qui ont vécu les premières heures du journalisme en Algérie étaient présentes. C'était le cas d'autres anciens directeurs du journal comme Zoubir Zemzoum et Mohamed Saïdani ainsi que Mohamed Louber. Parmi ceux qui ont tenu à revoir leur ancien directeur général figurent Omar Berbiche et Tayeb Belghiche d'El Watan et Boukhalfa Amazit ainsi que Mahmoud Boussoussa et d'autres encore. L'assistance venue découvrir le documentaire était composée, non seulement de journalistes, mais aussi des travailleurs des services techniques. D'ailleurs, Naït Mazi a longuement parlé dans le documentaire de toutes ces catégories de travailleurs avec lesquels il a eu à assumer ses responsabilités pendant 20 ans dans les années 1970 et 1980. L'oeuvre décline les conditions de travail des journalistes pendant ces années. C'est Naït Mazi qui en fait la description. Selon lui, le quotidien reflétait bien le paysage politique de l'époque lors des premières années de l'indépendance et du lancement des trois révolutions, agraire, industrielle et culturelle, par Houari Boumediene. Ce dernier a reçu, en tête-à-tête, le directeur du journal pour lui apporter des remarques sur l'action de la presse. La publication venait de faire paraître une publicité du ministère du Tourisme sur le Sahara décrivant ses habitants comme des descendants d'esclaves. C'était juste avant la disparition du président. «Alors, ainsi les Algériens sont des descendants d'esclaves?» dit-il à son hôte. Par la même occasion, le président lui déclare qu'il ambitionne de restructurer la presse dès qu'il eut fini de revoir le fonctionnement du parti FLN. Il n'eut pas le temps de réaliser son projet. Pendant l'activité des deux hommes, l'une des contributions d'El Moudjahid est celle d'avoir porté la voix de l'Algérie dans le monde, car elle était l'un des piliers du mouvement des Non-alignés. A ce propos, Naït Mazi dit qu'il n'attendait pas de recevoir des instructions du gouvernement mais que c'était lui-même qui en demandait. «Les ministres ne me téléphonaient pas chaque matin», dit-il, mais cela ne l'a pas empêché de maintenir une ligne éditoriale constante et claire de son journal. Il regrette qu'il ne puisse pas dire la même chose de la presse d'aujourd'hui, car il estime qu'au sein des journaux, la ligne éditoriale fluctue sans cesse. Lors des interventions qui ont suivi la projection du documentaire, le journaliste Boukhalfa Amazit a déclaré que les journalistes de ces années-là n'étaient pas des plumes au service du pouvoir, mais qu'ils croyaient sincèrement en la révolution agraire et en la gestion socialiste des entreprises. Quant à Naït Mazi, il a fait de l'Indépendance nationale et de la justice ses mots d'ordre et sa ligne de conduite en politique. Le directeur général avait d'autres valeurs dont l'observance était imposée à ses journalistes telles que la rigueur et la maîtrise de la langue. L'un de ceux ayant débuté leur carrière à El Moudjahid est Ahmed Fattani qui a apporté son témoignage dans le documentaire. Il précise que c'était un journal qui se distinguait en Afrique à côté d'Al Ahram en Egypte. Il se souvient aussi du supplément diplomatique de la publication qui expliquait les positions de l'Algérie sur l'actualité internationale. Les photos insérées dans le documentaire sont des indices sur les relations de l'Algérie avec ses partenaires et avec les leaders de diverses nations. Le général Giap et le président Allende ainsi que de nombreux dirigeants africains ont fait des responsables algériens leurs alliés et ont forcément rencontré des journalistes comme Naït Mazi qui s'est aussi déplacé à l'étranger pour s'inspirer des expériences des autres pays. La rencontre d'hier, qui était une opportunité pour se remémorer cette partie de l'histoire de l'Algérie, s'est achevée sur une note d'humour avec l'air jovial de Mahmoud Boussoussa qui, lui aussi, a écrit un livre pour retracer le parcours d'El Moudjahid.