L'armée sud-soudanaise marche sur la ville stratégique de Bor, capitale de l'Etat de Jonglei, "pour la reprendre aux rebelles", a annoncé jeudi le porte parole de cette institution. "Nous marchons sur Bor (...). Quitter la ville faisait partie d'une retraite tactique, mais maintenant nous avançons à nouveau sur la ville", a déclaré le porte-parole de l'armée, Philip Aguer. Mardi, les rebelles avaient pris le contrôle de la capitale de l'Etat de Jonglei située à seulement 200 kilomètres au nord de la capitale du Soudan du Sud, Juba. La ville a changé de mains trois fois depuis le début des combats à la mi-décembre. Les opérations militaires se poursuivent alors que les négociations tardent à s'engager. Pourtant les délégations du président Salva Kiir et de son rival et chef de la rébellion, l'ex vice-président Machar se trouvent depuis jeudi à Addis Abeba en Ethiopie. "Nous sommes prêts pour les discussions mais nous n'allons pas rencontrer la délégation gouvernementale aujourd'hui", a dit un délégué des rebelles, Yohanis Musa Pouk alors que l'incertitude régnait sur le calendrier et les modalités des pourparlers. Les pourparlers visent à mettre fin à un conflit qui a déjà fait des milliers de morts en plus de quinze jours dans ce pays indépendant depuis 2011 seulement. Le ministre éthiopien des Affaires étrangères, Tedros Adhanom, avait annoncé mercredi que "des discussions informelles" se tiendraient dès jeudi. Selon l'Igad (Autorité intergouvernementale pour le développement en Afrique de l'Est), l'organisation régionale qui doit chapeauter les discussions, les pourparlers porteront d'abord sur la façon de mettre en oeuvre un cessez-le-feu, ensuite sur la manière de résoudre les différends politiques qui ont "conduit à (...) la confrontation actuelle". Quant à la vie des Sud-Soudanais, elle empire chaque jour au point où les organisations humanitaires ont accru les avertissements dénonçant une aggravation de la situation. Selon le chef de la mission humanitaire de l'ONU dans le pays, Toby Lanzer, les habitants de Bor notamment font désormais face à "une situation de plus en plus désastreuse. L'eau, la nourriture et les médicaments commencent à manquer, les conditions sanitaires se dégradent". Les combats ont commencé le 15 décembre, quand M. Kiir a accusé M. Machar -limogé de son poste en juillet 2013- d'avoir tenté un coup d'Etat. M. Machar a rejeté cette accusation, accusant en retour le président d'avoir voulu éliminer ses rivaux.