Une exposition collective d'installations réunissant jusqu'à fin janvier des plasticiens algériens de différentes générations issus majoritairement des Beaux-arts a été inaugurée jeudi à Alger. Intitulée "Setta Ouahed Sab3a", cette exposition regroupe sept artistes qui mêlent dans leurs oeuvres diverses formes artistiques pour développer des concepts à travers l'espace du Palais des Raïs, un ancien fort restauré datant du XVIIIe siècle. Ces installations proposent une méditation sur des thèmes comme la mémoire, la place de la femme dans la société ou encore le patrimoine culinaire, religieux et pictural algériens. Titrées "Win Rana ! Rayhine" (Noureddine Hammouche), "La naissance" (Douibi Souad) ou encore "Couscous" (Hab le hibou) occupent chacune des sept chambres de la partie restaurée de la bâtisse ottomane, invitant le visiteur à entrer de plain pied dans des œuvres qui mélangent peinture, photographie, vidéo, collage ou encore art de la récupération. La plus jeune artiste du groupe, Douibi Souad, propose une réflexion sur la place du corps féminin dans la société à travers une série de poupées en chiffon sur lesquelles elle a imprimé différentes citations de chansons ou de textes littéraires qui l'ont marquée. Dans son installation, cette plasticienne se met également en scène en diffusant une vidéo filmée dans les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf où on la voit improviser une danse en tenant une des poupées exposées. Pour Douibi Souad, l'art de l'installation est avant tout synonyme de "liberté" et d' "espace", deux éléments qui vont de pair, dit-elle, avec une forme de "prise de risque", par la mise en scène de son propre corps aux côtés des corps des poupées, fabriquées à partir de chiffons récupérés. Chafaa Fatima tente, pour sa part, de rendre hommage aux "femmes anonymes" assassinées par des terroristes entre 1993 et 2003 dans la région de la Mitidja (50 km d'Alger). Intitulée "El Kemsa", cette installation qui mêle photographies et impressions numériques s'appuie sur le motif de la "main de Fatma", un symbole très présent dans les sociétés maghrébines, censé protéger contre le mauvais oeil. Imprimées en trois exemplaires, ces fresques murales sont accompagnées des noms de quatre-vingt trois de femmes assassinées que l'artiste a recensées auprès d'une association de famille de victimes du terrorisme. D'autres artistes, comme Hab le hibou et Belaid Hocine rendent hommage à la richesse culinaire algérienne dans "Couscous" pour le premier et "Laaqaqer" (épices, remèdes) pour le second.