L'opposition syrienne en exil a annoncé sa participation à la prochaine conférence de paix dite de Genève II, alors que celle de l'intérieur avait décidé de boycotter, ce qui attise davantage les divergences au sein des adversaires du régime du président Bachar Al-Assad qui a souligné dimanche qu'il ne quitterait pas le pouvoir. Réunis la veille à Istanbul (Turquie), les membres de l'assemblée générale de la Coalition de l'opposition syrienne se sont prononcés pour l'envoi d'une délégation à la conférence de Genève II. Lors d'un vote à bulletins secrets, 58 membres de la Coalition ont voté oui à cette participation, 14 ont voté non, 2 se sont abstenus et 1 a voté blanc, selon les résultats communiqués par la Coalition. Le président de la Coalition de l'opposition Ahmad Jarba a souligné que la participation à la conférence ne signifiait pas la fin des opérations menées par sa branche armée, l'Armée syrienne libre (ASL) contre les forces du gouvernement du président Al-Assad. M. Jarba a insisté que les discussions prévues à Genève avaient "comme unique but de satisfaire les demandes de la révolution (...) et avant tout de retirer au boucher tous ses pouvoirs". Cette conférence, qui doit débuter mercredi à Montreux (Suisse), vise à réunir les délégations du gouvernement et de l'opposition syriens à la table des négociations en vue de trouver une solution politique susceptible de mettre fin au conflit en Syrie, qui a fait plus de 130.000 morts et des millions de réfugiés et déplacés depuis mars 2011. L'annonce par la Coalition de sa participation à la conférence a été saluée par plusieurs pays occidentaux. Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry a estimé que cette décision est dans l'intérêt de tous les Syriens qui ont terriblement souffert d'une guerre civile sans fin. Le ministre allemand des Affaires étrangères a pour sa part qualifié la décision de l'opposition syrienne de "petite lueur d'espoir pour les gens en Syrie". Pour le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, le choix "courageux" de participer à Genève "est celui de la recherche de la paix". Pour sa part, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon a souligné qu'il s'agit d'"une étape courageuse et historique vers une solution politique négociée à un conflit qui cause tant de misère et de destruction depuis trois ans". L'opposition syrienne n'arrive pas à parler d'une seule voix Alors que la Coalition de l'opposition à l'étranger a confirmé sa participation à la conférence, l'opposition de l'intérieur avait annoncé mercredi dernier sa décision de boycotter cette réunion. Le Comité de coordination nationale pour les forces de changement démocratique (CCND) qui ne fait pas partie de la Coalition nationale de l'opposition syrienne, dénonce un scénario préparé à l'avance par les puissances étrangères pour décider du sort des Syriens. L'ONU, les Etats-Unis et la Russie avaient mis l'opposition "devant le fait accompli en lui demandant de faire son possible pour faire réussir cette mission difficile et compliquée en quatre jours", avait estimé le CCND. "On ne peut pas dire que cette manière d'organiser une conférence pour décider de l'avenir d'un peuple soit sérieuse, sauf s'il n'y a que la décision internationale qui compte", avait souligné le CCND. Le Comité a précisé ne pas avoir reçu d'invitation en son nom mais une copie de celle adressée au chef de la Coalition de l'opposition Ahmad Jarba. Selon des observateurs, les divergences d'opinions au sein de l'opposition syrienne rendent de plus en plus compliquée la recherche d'une solution au conflit. Pis encore, cela pose une autre problématique plus sérieuse, celle de qui détient la légitimité de représenter le peuple syrien. Le gouvernement syrien qui avait déclaré à plusieurs reprises qu'il participerait à la réunion, sans conditions préalables, avaient balayé d'un revers de la main toute idée de départ du président Al-Assad. Ce dernier a averti dimanche qu'il n'avait pas l'intention de quitter le pouvoir. "Si nous avions voulu nous rendre, nous l'aurions fait depuis le début", a-t-il déclaré lors d'une rencontre avec des parlementaires russes à Damas. Les combats se poursuivent, Damas propose un cessez-le-feu à Alep Alors que l'attention est portée sur la réunion de Genève, les combats continuent de plus belle en Syrie. Samedi, au moins 16 personnes sont mortes à Alep (nord) et ses environs, dans des raids de l'armée de l'air contre des positions rebelles, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Répondant aux appels de la communauté internationale pour permettre l'acheminement de l'aide humanitaire, le régime syrien avait proposé vendredi un "échange de prisonniers" et un plan prévoyant "l'arrêt de toutes les actions militaires" dans la région d'Alep. La veille, une première cargaison d'aide alimentaire est entrée pour la première fois depuis septembre 2013, dans le camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk, au sud de Damas, assiégé par l'armée. Cette aide a été rendue possible grâce à un accord conclu entre des représentants de factions palestiniennes et les rebelles dans le camp.