L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a avisé jeudi que l'intensification des cultures génétiquement modifiées de par le monde avait donné lieu à une augmentation d'incidents liés à la présence d'OGM de faible quantité dans les produits alimentaires échangés dans le cadre du commerce extérieur. Les incidents concernant des cargaisons de grains, céréales et autres espèces cultivées ont entraîné des interruptions des échanges, les pays importateurs ayant détruit ou retourné les cargaisons à l'expéditeur, a fait savoir cette organisation onusienne. Les traces de cultures génétiquement modifiées se mélangent accidentellement avec des cultures alimentaires ou fourragères non OGM durant les phases de production (par exemple, l'essai en plein champ d'une culture OGM à proximité d'un champ sans OGM), de transformation, de conditionnement, de stockage et de transport. La notion de "faible quantité" n'est définie ni quantifiée par aucune réglementation internationale, et son interprétation est donc laissée à la discrétion des pays, explique la FAO. Pour un grand nombre de pays, cela correspond à une quantité décelable, c'est-à-dire des concentrations infimes, tandis que d'autres s'en remettent au cas par cas. L'organisme génétiquement modifié peut être autorisé à des fins commerciales ou pour la vente dans un ou plusieurs pays, mais ne pas être autorisé dans un pays importateur. Par conséquent, si le pays d'importation détecte la plante non autorisée, il peut être juridiquement contraint de refuser la cargaison. Dans la première enquête du genre, 75 pays membres de la FAO sur 193 ont répondu à un questionnaire sur la présence de faibles quantités d'OGM dans le commerce international de produits destinés à l'alimentation humaine et animale. Les résultats seront examinés à Rome les 20 et 21 mars en cours lors d'une consultation technique organisée par la FAO. Cette enquête a révélé le signalement de 198 incidents de faibles quantités d'OGM décelées dans des cultures non OGM entre 2002 et 2012, ainsi que des cargaisons comportant de faibles quantités d'OGM en provenance principalement des Etats-Unis, du Canada et de la Chine, mais aussi d'autres pays qui ont accidentellement disséminé ces produits. Une fois l'incident détecté, la plupart des cargaisons ont été détruites ou renvoyées à l'expéditeur, sachant que la majorité des incidents concernaient le riz, les graines de lin, le maïs et la papaye. Si le nombre d'incidents est minime par rapport aux millions de tonnes de produits destinés à l'alimentation humaine et animale échangés dans le monde chaque jour, les interruptions des échanges commerciaux peuvent, cependant, s'avérer extrêmement coûteuses, a déclaré Renata Clarke, spécialiste de la sécurité sanitaire des aliments à la FAO. ''Nous avons été surpris de constater des incidents en provenance de toutes les régions, et il semblerait que plus on renforce les tests et la surveillance, plus on recense d'incidents'', a-t-elle affirmé. L'autre fait qu'elle a relevé est que même si les techniques d'identification d'organismes génétiquement modifiés sont désormais plus sensibles, ''37 pays sur 75 ont répondu qu'ils avaient une capacité faible, voire nulle, de détection des OGM, c'est-à-dire qu'ils ne disposent pas de laboratoires, de techniciens et de matériels adaptés''. En outre, la plupart des pays n'ont pas encore mis en place de politiques, législations ou règlements généralement applicables à la présence d'OGM en faible quantité.