Finies les méthodes classiques pour monter une campagne électorale, même pour une présidentielle: voici venir les temps virtuels des débats électroniques en Algérie à travers les réseaux sociaux, qui ont plongé le scrutin du 17 avril prochain dans le cyberespace. Ainsi, les batailles désormais sans attraits de l'affichage au rendez-vous à chaque élection, sont reléguées lors de cette campagne électorale pour l'élection présidentielle du 17 avril prochain au second plan par des batailles épiques et virtuelles entre les partisans des six candidats. Le constat est là: cinq jours après le début de la campagne électorale, les tableaux d'affichage sont vides, aucune affiche de candidat parfois, et les citoyens ne se bousculent plus devant ces panneaux placés dans les grandes artères urbaines ou les places des villages. Quelques candidats ont lancé des chaînes de télévision "spéciale présidentielle 2014" qui servent essentiellement à diffuser les discours et différentes déclarations politiques. "C'est une réalité qui est en train de bouleverser complètement les traditions. La majorité des gens sont scotchés maintenant pendant de longues heures devant leurs laptop ou tablettes et suivent de près les nouvelles via Internet", rapporte le journaliste Ahmed Bensebane, directeur de communication de Abdelaziz Belaïd, candidat du Front Al Mostakbal. "Cela explique en partie le changement de stratégie par les responsables de campagne des candidats, conscients que les panneaux d'affichage n'apportent pas grand chose, et misent ainsi beaucoup plus sur les réseaux sociaux dont Facebook et Twitter", précise-t-il. En apnée dans le cyberespace L'équipe de campagne du candidat indépendant Abdelaziz Bouteflika, a elle aussi opté pour une campagne cybernétique afin de présenter les réalisations du chef de l'Etat durant ses 15 années au pouvoir de manière ''soft''. ''Du light pour les jeunes'', estime un membre de cette direction. Des vidéos et des articles de presse mettant en exergue les efforts de Bouteflika notamment pour l'instauration de la paix et la sécurité en Algérie à travers la loi de la concorde et de la réconciliation nationale sont régulièrement publiées sur la page Facebook, créée spécialement pour la présidentielle 2014. "Les panneaux d'affichage sont indispensables certes, mais il y a aussi un espace virtuel dans lequel il faudra être présent. Au cours d'une campagne électorale les candidats sont appelés à s'adresser à toutes les composantes de la société. C'est un espace de débat et d'échange d'informations non négligeable", a pour sa part expliqué, Madjid Bekkouche, chargé de communication à la permanence de Abdelaziz Bouteflika. Les internautes créent des groupes pour soutenir tel ou tel candidat sur les réseaux sociaux et invitent leur amis, des membres de leur famille et même des personnes qu'ils ne connaissent pas à rejoindre leur groupe qui s'élargi au fur et à mesure. "Les réseaux sociaux ont un effet viral. Si par exemple, on parle d'une manière négative de votre candidat, une présence sur le net s'impose pour le défendre en apportant des éléments contradictoires, sinon certains vont croire parfois même des rumeurs insidieuses gonflées ensuite par l'effet virtuel du Net sur le réel", a-t-il ajouté. De son côté, la direction de campagne du candidat Ali Benflis accorde une importance particulière à cet aspect. Le programme électoral de Ali Benflis, l'autre candidat indépendant à cette présidentielle, ainsi que ses interventions lors de ses différents meetings sont répercutés sur sa page Facebook et les autres réseaux sociaux. "Internet et Facebook sont parmi les principaux outils de notre campagne. Nous avons une équipe qui s'occupe exclusivement de cette question", souligne Lotfi Boumeghar, directeur de campagne adjoint de Benflis, chargé de l'information. Bref, si les joutes électorales ont encore de beaux jours devant elles ''façon salles de cinéma ou stades de football pour haranguer les foules, leur fin a commencé cependant avec cette présidentielle 2014, annonciatrice d'une ére nouvelle'', résume un journaliste.