Le président de la République a adressé mardi un message au peuple algérien à l'occasion de la célébration de Yaoum El Ilm (journée du savoir). Voici la traduction APS du message : "Il me peine de ne pouvoir prendre part avec mes compatriotes aux festivités marquant la journée de Yaoum El Ilm comme il est de tradition chaque année, mais je tiens à partager avec eux cette célébration à la veille de la grande échéance nationale que représente l'élection présidentielle, un rendez-vous d'importance majeure qui nous rassemblera pour renforcer notre souveraineté par le choix du candidat le mieux approprié et le programme qui constituera un modèle de gouvernance pour notre pays pour les cinq prochaines années. Marquons donc, ensemble, une halte en ce jour de commémoration de la mort du leader de notre renaissance nationale, l'imam Abdelhamid Ben Badis qui consacra sa jeunesse et sa vie entière à la diffusion du savoir et de la conscience religieuse et nationaliste en s'assignant comme mission première d'éclairer les esprits et de les libérer du joug de l'ignorance imposé par l'occupant haineux. Cette noble entreprise eut pour résultat de sortir notre peuple de sa léthargie et de raviver les énergies à travers toutes les régions du pays. Cet homme, dont Dieu le Tout-Puissant a gratifié le peuple algérien était un esprit érudit, un moudjahid mais surtout un guide éclairé. Sa démarche émanait d'une pensée perspicace et universelle englobant toutes les disciplines de la connaissance, du militantisme et de l'enseignement. Il s'est tracé comme objectif capital de réhabiliter notre langue et notre identité, composantes essentielles de notre personnalité authentique, avilies par le colonisateur. Savant et militant, il sut être un exemple pour ses disciples et autres adeptes qui affluaient de tout le territoire. Pour combattre l'occupant, il mit toute sa passion et sa ferveur dans l'oeuvre grandiose qu'il s'est définie pour diffuser la science et le savoir, facteurs d'éveil, mettant à contribution les mosquées et les écoles privées qu'il érigea dans les quatre parties du pays. En libérant le peuple de l'emprise des charlatans et autres esprits mystificateurs de pareille espèce mais, aussi, des traîtres perfides, il prédisposa ses enfants à entrer de plain-pied dans le siècle présent et à livrer un combat d'égal à égal à l'occupant et à ses alliés. Ses disciples et adeptes se lancèrent à la quête des sciences et du savoir qu'ils mirent au service de leurs compatriotes. Son action a ciblé aussi bien les jeunes, sans distinction aucune entre les garçons et les filles, que les adultes et son programme pédagogique engloba l'exégèse du Coran, la prédication et l'orientation. Maître à penser de l'Association des oulémas musulmans algériens, ce précepteur accompli traitait avec déférence les savants éminents qui, eux aussi, oeuvraient pour le bien de leur peuple qu'ils voulaient élever aux rangs des nations avancées. Convaincu que l'avenir se construisait par la complémentarité des efforts et des vocations, il a encouragé, en dépit des intimidations de l'occupant, la pratique du sport en parrainant l'émergence de plusieurs formations et clubs pour prémunir les jeunes générations contre toute forme de paresse et d'oisiveté, coordonnant dans le même temps ses actions avec les autres acteurs du mouvement national. Telle fut la ligne de conduite qu'il avait tracée et que ses successeurs adoptèrent à sa mort pour perpétuer son oeuvre. Depuis le recouvrement de sa souveraineté, l'Algérie s'évertue à privilégier la science et le savoir car convaincue que seule cette voie était à même de lui permettre de concrétiser ses espérances, et parce qu'elle fut aussi la source dont s'est abreuvée le mouvement national, dès sa création, pour rassembler les motifs de l'affranchissement du joug colonial, brandissant l'arme du savoir jusqu'au déclenchement de la glorieuse guerre de libération et la consécration de la victoire. L'intérêt est, certes, grandiose, mais reste insuffisant pour réunir toutes les conditions permettant une meilleure prise en charge du génie et de la verve des nouvelles générations à travers la promotion de la créativité scientifique, intellectuelle et artistique. Nous sommes convaincus que nos réalisations ne sont pas moindres. Un bref aperçu du registre de ce qui a été accompli entre 1999 et 2014 suffirait pour voir défiler les multiples acquis qui attestent des efforts considérables que nous avons consentis. Aussi, ce qui a été réalisé pour notre société, assoiffée de renaissance et de progrès, en matière de liberté de pensée et d'expression depuis 1999, n'est, dans bien de pays, pas aussi accessible. D'énormes responsabilités interpellent ainsi l'apprenant autant que le savant, le penseur ou l'artiste pour opérer l'amorce d'une renaissance globale à laquelle nous aspirons tous. L'innovation et la création en sont la clé, elles ne se transmettent pas par atavisme, mais impliquent nécessairement une optimisation des connaissances et une amélioration des capacités et des aptitudes. J'ai la certitude que la nouvelle génération d'Algériennes et d'Algériens n'admet pas, à l'instar de celle qui l'a précédée, d'esquiver les difficultés, ne dédaignant guère à investir les plus hauts sommets. C'est dire qu'elle mérite réellement que l'on s'y intéresse et qu'on la protège pour lui éviter d'être la proie de conjonctures périlleuses. Fortement ambitieuse, elle mérite aussi notre soutien et notre appui pour l'aider à s'imposer et à affirmer sa valeur et ses incontestables aptitudes. Quiconque considère le parcours que nous avons effectué dans la formation de nos ressources humaines, constate indubitablement que nous ne sommes pas encore arrivés à compter entièrement sur cette valeur indispensable au développement du pays. Nous persistons, en effet, à négliger beaucoup de nos compétences en raison de l'absence d'une réglementation rigoureuse à même d'attribuer aux personnes qualifiées la place qui leur sied. Il s'agit de nos jeunes instruits formés à l'intérieur du pays et à l'étranger aux frais de la nation, diplômés et nantis d'un savoir dont nous avons grandement besoin, qui se retrouvent ainsi accablés d'une charge qui ne cadre pas avec leurs spécialités et leurs aptitudes. Nos compétences sont ainsi annihilées tout comme les montants faramineux engagés et le temps précieux que nous auront perdu à une époque où les peuples rivalisent d'ingéniosité et s'adonnent à une concurrence sans merci à la recherche du progrès et de la prédominance. Nous envoyons les meilleurs parmi nos jeunes dans différents pays du monde pour l'acquisition des sciences modernes, mais nous les oublions de sitôt car à leur retour nous nous soucions peu de les intégrer dans les postes qui leur conviennent au sein des universités, des laboratoires, des sociétés et usines. Ils se voient alors contraints de revenir d'où ils sont venus et de s'employer à servir des pays qui n'ont contribué, ni de près ni de loin, à l'effort éducatif, financier et moral qu'aura exigé leur formation. ALGER- Ne devrions-nous pas tirer enseignement et mettre fin à cette déperdition des ressources humaines et matérielles du pays et à ce désordre dans la planification et la gestion et dont les autres tirent les plus grands avantages ? Nous tenons, comme à l'accoutumée, à célébrer Youm El Ilm avec le peuple tout entier et les hommes de science, pour souligner l'intérêt accordé au savoir et son importance dans la réalisation de la prospérité de la société et du bien-être des individus. Il s'agit, pour nous également, de manifester notre considération à l'égard de la corporation de l'éducation et pour le rôle vital qu'elle assume dans la formation des ressources humaines. L'enseignant reste, par conséquent, le pilier fondamental du processus éducatif, car c'est à lui qu'incombe la réalisation des objectifs escomptés en matière d'éducation. Les droits et les devoirs de l'enseignant sont bien établis, mais il est primordial d'être plus attentif à ses préoccupations et d'améliorer ses conditions socioprofessionnelles afin de lui permettre de relever les défis et de résoudre les difficultés quotidiennes qui se posent à lui. Il mérite tous nos égards car il vient en tête du processus d'impulsion du développement et du progrès tant pour ce qui est des sciences et connaissances qu'il inculque aux générations qui se succèdent que pour les valeurs morales, l'amour de la patrie, la fierté et la dignité qu'il enracine en elles. Nous demeurons convaincus que les éducateurs, les formateurs, les enseignants universitaires et les chercheurs sont tous conscients qu'il n'est d'autre moyen, hormis la science et le savoir, pour remporter les enjeux de l'époque et relever ses défis. C'est dire que nous comptons énormément sur le sérieux infaillible et l'effort soutenu garants d'une adaptation aux progrès scientifiques enregistré dans tous les domaines et de la formation de générations compétentes ambitieuses fortes d'un haut sens nationaliste et d'une détermination inébranlable qui garantiront force et dignité à notre pays et progrès et prospérité à notre peuple. La science et le savoir constituent aujourd'hui la pierre angulaire de la construction de l'économie, car notre époque privilégie la science à tout autre moyen dans la gestion du développement et l'échec dans l'acquisition du savoir et de la technologie est néfaste, à plus d'un titre, pour la sécurité nationale. C'est pourquoi je n'ai ménagé aucun effort pour que les industriels et les investisseurs aillent à la quête de la science et que les scientifiques algériens, qu'ils soient dans le pays ou à l'étranger, mettent à profit leurs expériences par la concrétisation de la complémentarité escomptée entre recherche et conception et entre application et production aux fins d'un véritable transfert technologique. Aussi, j'appelle tous les scientifiques algériens à contribuer à la cristallisation d'une vision d'avenir qui permette d'imprimer à notre pays une dynamique de renouveau et de progrès fondés sur la science. Je suis convaincu que les capacités intellectuelles, scientifiques et cognitives et l'esprit de loyauté à la patrie, d'abnégation et d'innovation de nos scientifiques et de nos chercheurs permettront d'asseoir une véritable renaissance en Algérie et de réaliser son développement durable. Mon voeu est que les uns et les autres soient en perpétuelle quête des sciences car celles-ci se renouvellent et progressent constamment. Nos scientifiques et nos chercheurs sont la richesse de l'Algérie. Ils doivent, pour autant, mettre à sa disposition leur savoir et lui vouer leurs énergies, tout en tirant fierté de leur nationalisme et de leur appartenance au pays. Je tiens à cette occasion à saluer la mémoire des femmes et des hommes qui étaient à l'avant-garde du mouvement national et des vénérables scientifiques et enseignants passés de vie à trépas et ceux tombés en martyrs dans l'accomplissement de leur devoir national. Je tiens aussi, en ce jour, à adresser mes félicitations à tous ceux qui continuent de s'acquitter de leur noble mission à tous les niveaux des secteurs de l'éducation nationale, de l'enseignement et de la formation professionnels et de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique, sans omettre ceux qui apportent leur concours au titre de l'enseignement privé et des cours d'alphabétisation. A tous ceux-là, je témoigne mon respect et ma déférence en cet anniversaire hautement significatif pour notre présent et notre avenir, pour les générations actuelles et futures que nous voulons armer de science et de savoir afin qu'elles puissent permettre au pays de prendre son plein essor vers le progrès et le développement et assurer la prospérité de son peuple. Puisse Dieu, le Tout-puissant, faire de ce pays un acteur incontournable dans la transmission des sciences et des savoirs. Alors que nous nous apprêtons à nous rendre, (jeudi), dans les bureaux de vote pour élire le président du pays, je me dois de rappeler, une nouvelle fois, que la souveraineté politique appartient au peuple et que, si celui-ci entend fonder un système démocratique sur des bases saines, il se doit de consacrer cette souveraineté par le vote de toutes ses composantes habilitées à le faire, car la construction de la démocratie et sa légitimité sont tributaires de la participation de toutes les citoyennes et de tous les citoyens au suffrage. Bien plus qu'un droit, le vote est la consécration même de la citoyenneté et un devoir pour les membres de la nation en ce qu'il permet de choisir sa voie et d'élire les femmes et les hommes qui la serviront. L'abstention, qu'elle procède d'une indifférence ou d'une attitude immotivée, dénote une propension délibérée à vouloir demeurer en marge de la nation. Pour une société qui édifie sa démocratie, le vote est l'aune à laquelle se mesure la capacité de la famille, de l'école, des partis et des associations à amener les citoyennes et les citoyens à s'investir pleinement dans la vie civique de leur société. Le vote est aussi un devoir qui engage la conscience de l'individu à l'égard de l'intérêt général et du devenir de la nation. Il évite la rupture des liens d'appartenance à la patrie. J'appelle toutes les citoyennes et tous les citoyens à participer à l'élection présidentielle et à exprimer leur choix en consécration de la souveraineté de leur peuple recouvrée au prix d'un lourd tribut. Toutes les Algériennes et tous les Algériens doivent prendre exemple sur nos valeureux martyrs et préserver ce cher pays qu'ils nous ont légué, en gardant toujours à l'esprit que nous n'avons d'autre pays que l'Algérie."