Le Conseil des ministres s'est réuni mercredi sous la présidence du président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika et a rendu public le communiqué suivant: Son Excellence Monsieur Abdelaziz Bouteflika, Président de la République a présidé ce jour, 7 Mai 2014 correspondant au 7 Radjab 1435, une réunion du Conseil des Ministres. Ouvrant les travaux, le Président de la République a souhaité la bienvenue aux membres du Gouvernement, formant pour eux ses meilleurs vœux de plein succès dans leur noble mission au service de l'Algérie. Le Président Abdelaziz Bouteflika a également rendu hommage aux Ministres qui ont quitté le Gouvernement, au sein duquel ils ont apporté leur contribution à l'œuvre de redressement national. De son côté, M. le Premier ministre, a exprimé la reconnaissance des membres du Gouvernement et la sienne, au Chef de l'Etat pour la confiance qu'il a placé en eux, ainsi que leur engagement à ne ménager aucun effort pour être à la hauteur de la mission dont ils sont investis. Le Chef de l'Etat est également revenu sur le scrutin du 17 Avril dernier, renouvelant ses remerciements aux électeurs qui l'ont honoré d'une forte majorité de leurs suffrages, et soulignant que cette confiance du peuple est une noble et lourde charge confiée non seulement au Président de la République, mais aussi, à ceux qui auront à l'assister au service du pays. Le Président Abdelaziz Bouteflika a ajouté que les élections présidentielles du mois d'Avril dernier ont vu aussi le vaillant peuple algérien se prononcer fermement contre le désordre, la violence et la Fitna, faisant montre ainsi d'un élan patriotique exceptionnel et s'engageant à barrer la route à l'aventurisme et à ses prophètes. Le Président de la République a également relevé que les citoyens et les citoyennes sont légitimement fiers de vivre une démocratie pluraliste effective à laquelle ils sont fortement attachés. Mais, en même temps, les algériens et les algériennes ne sauraient accepter que la démocratie s'exerce hors des règles et des institutions définies dans la Constitution, ou loin d'une conduite pacifique qui s'impose à tous, ni encore moins, en contresens de la volonté souveraine exprimée par notre Peuple. Avant d'aborder l'examen de son ordre du jour, le Conseil des Ministres a été informé de l'opération brillamment menée par l'Armée Nationale Populaire il y deux jours, dans la région de Tinzaouatine, durant laquelle a été annihilée une dangereuse tentative d'infiltration d'un groupe terroriste lourdement armé, dont les éléments sont originaires du Mali, de Libye et de Tunisie. Cette opération se poursuit encore. Le Président de la République, Chef Suprême des Forces armées a déclaré que cette nouvelle agression extérieure interpelle toute la société pour faire preuve de la plus grande vigilance et soutenir ainsi l'engagement héroïque de l'Armée Nationale Populaire et des forces de sécurité face au terrorisme abject. Le Président Abdelaziz Bouteflika a aussi saisi cette occasion pour donner au Gouvernement ses premières directives en prévision de l'élaboration de son projet de Plan d'action et du lancement de ses activités. Le Président de la République a également profité de cette réunion pour indiquer la feuille de route qu'il compte suivre dans le cadre de la préparation de la révision de la Constitution. Ainsi, le Président de la République a réitéré son engagement à mettre en œuvre le programme sur la base duquel le Peuple algérien lui a accordé la majorité de ses suffrages le 17 Avril, et a invité le Gouvernement à en prendre en charge le contenu dans son Plan d'action. Le Chef de l'Etat a souligné que les Pouvoirs publics devront livrer une véritable course contre le temps dans la mise en place des réponses aux attentes de la population notamment la jeunesse, et dans la construction d'une économie diversifiée et compétitive pour assurer une meilleure croissance ainsi que la pérennité du développement national et de la politique de justice sociale. Indiquant que toutes ces questions feront l'objet de délibérations futures, le Président de la République a focalisé ses orientations au Gouvernement sur quelques sujets dont il a souligné l'urgence à savoir : Premièrement, la promotion de la bonne gouvernance, la lutte contre la bureaucratie et l'amélioration du service public qui doivent mobiliser l'ensemble des secteurs d'activité, Deuxièmement, la préservation des deniers publics de tout gaspillage, et la lutte contre la corruption et toute forme d'atteinte à l'économie nationale, Troisièmement, le renforcement de la démocratie participative en mobilisant le concours de la société civile, notamment dans la gestion locale, Quatrièmement, la mise en route du nouveau découpage territorial, en accordant la priorité les premières années, aux régions du Sud et des Hauts Plateaux où le facteur des distances rend urgent un rapprochement de l'Administration territoriale de ses administrés, Cinquièmement, la mise en place sans délai, de l'autorité de régulation de l'audiovisuel et de l'autorité de régulation de la presse écrite, Sixièmement, l'accélération du processus de réformes économiques et sociales que dictent la promotion d'une économie diversifiée et compétitive, et la mise en œuvre du Pacte National Economique et Social de croissance conclu en Février dernier, en gardant la création des emplois parmi les objectifs cardinaux de cette démarche, Septièmement : la prise de toutes dispositions nécessaires pour améliorer la maîtrise, l'approvisionnement et la régulation du marché intérieur, y compris en prévision du mois sacré de Ramadhan et de la période estivale. Dans le même temps, le Gouvernement devra poursuivre les négociations pour l'adhésion de l'Algérie à l'Organisation Mondiale du Commerce en veillant à la sauvegarde des intérêts de l'économie nationale. Huitièmement : l'élaboration du Programme 2015-2019 d'investissements et de développement, de sorte à intégrer, dans sa préparation, les concertations nationales et locales requises, tirer les leçons des expériences passées, et améliorer son impact sur le développement local et le développement humain, mais aussi sur le développement d'une économie productive et compétitive dans tous les secteurs. Le Chef de l'Etat a conclu ses directives relatives aux activités du Gouvernement en précisant que ce dossier sera de nouveau abordé dans quelques jours, à l'occasion de l'étude, en Conseil des Ministres, du Projet de Plan d'Action que le Gouvernement aura à présenter devant l'Assemblée Populaire Nationale puis le Conseil de la Nation. Le Président Abdelaziz Bouteflika a, par la suite, abordé le projet de révision de la Constitution, déclarant ce qui suit : "En 2011, j'avais lancé un processus de réformes politiques globales qui, outre l'initiation et la révision de plusieurs lois importantes, incluait aussi une révision de la Constitution. Dans ce cadre, les personnalités nationales, les partis politiques et les grandes organisations ont été consultés à deux reprises, notamment sur la révision constitutionnelle. "Une Commission d'experts que j'ai nommé a été saisie des propositions relatives à la révision constitutionnelle, émanant des partenaires consultés, et, aucune limite préalable n'a été fixée à cette instance, hormis celles relatives aux constantes nationales et aux valeurs et principes fondateurs de notre société. "La Commission d'experts a mis en forme des propositions d'amendements visant à adapter la Loi fondamentale aux exigences suscitées par l'évolution rapide de notre société et par les mutations profondes en cours à travers le monde, et cela dans le but de consolider la démocratie participative, de renforcer les droits et libertés individuels et collectifs, et de conforter l'Etat de droit dans notre pays. "Plus concrètement, les amendements proposés par cette Commission sont notamment destinés à renforcer la séparation des pouvoirs et le rôle du Parlement, à conforter l'indépendance de la Justice, à affirmer la place et les droits de l'opposition, et à consolider les garanties des droits et libertés des citoyens. "Aussi, partant de mon attachement aux vertus de la démocratie participative, et désireux de renforcer notre entente nationale, j'ai déclaré, lors de mon investiture, que je relancerai le chantier préparatoire à une révision constitutionnelle consensuelle, et j'ai indiqué que les forces politiques, les principales représentations de la société civile, ainsi que les personnalités nationales seront de nouveau conviées à s'associer à cette entreprise de première importance. "Aujourd'hui, j'ai le plaisir d'annoncer qu'à la mi-Mai, les partis politiques, les personnalités nationales et les associations seront rendus destinataires des propositions d'amendements dégagés par la Commission d'experts. "Par la suite, ces interlocuteurs seront invités à des rencontres à la Présidence de la République, qui seront entamées au début du mois de Juin prochain, pour exposer et débattre leurs vues, commentaires et éventuelles contre-propositions au sujet des propositions qu'ils auront eu le temps d'étudier. "J'ai chargé M. le ministre d'Etat, Directeur de Cabinet de la Présidence de la République de conduire, sous mon autorité, l'ensemble de l'opération indiquée plus haut. La transparence entourera ces contacts et consultations pour permettre à l'opinion d'en suivre le déroulement. "Une fois ces consultations achevées, un projet consolidé de révision constitutionnelle sera élaboré, en prenant en considération les vues et propositions des partenaires à ce dialogue. Ce texte fera alors l'objet de la procédure relative à la révision constitutionnelle, sur le fondement de l'article 174 ou 176 de la Loi fondamentale en vigueur. "La révision constitutionnelle est un moment important dans la vie de la Nation. Elle mérite donc le concours de tous les acteurs politiques, dans le respect des différences et même des divergences tout à fait acceptables dans notre pays qui s'enorgueillit du niveau déjà atteint par son pluralisme démocratique. "Aussi, je saisis cette occasion pour renouveler mon appel aux personnalités, aux partis politiques et aux organisations à s'associer à ce chantier d'importance nationale qui, je le souhaite, aboutira à une révision constitutionnelle consensuelle", a conclu le Président Abdelaziz Bouteflika.