Une exposition de photos, sur les nombreux remparts et portes qui faisaient, jadis, de Blida une citadelle fortifiée, a été organisée par le chercheur en histoire de cette ville Youcef Ouraghi, à la faveur de la tenue du mois du patrimoine. Dans ce contexte, M. Ouraghi a déclaré samedi à l'APS que les remparts et les sept (7) portes de Blida furent érigés vers l'année 1820, par son gouverneur turc, en vue d'assurer la protection de ses habitants contre d'éventuels assaillants. Ainsi furent érigées "Bab Sebt" au nord, en référence au marché hebdomadaire tenu à Mouzaia, "Bab Zaouïa" au nord-est en référence à la Zaouïa de Sidi Medjbeur, "Bab Dzair" à l'est, et au nord-ouest "Bab El Kseb", menant vers Sidi Yacoub, Bouarfa et Trab Lehmer (terre rouge). La cinquième porte, à l'ouest, était "Bab Lekbour", alors qu'au sud se trouvait "Bab Rahba" pour signifier la bienvenue aux montagnards qui venaient écouler fruits, légumes et bétail dans la ville, et enfin au sud- est était "Bab Khouikha" signifiant en turc la petite porte. "Toutes ces portes étaient ouvertes par l'autorité ottomane très tôt le matin, pour être fermées dès le coucher du soleil, à l'exception de "Bab Dzair", dont la fermeture s'étendait jusqu'au delà de la prière du soir (Icha), "pour permettre aux retardataires de rejoindre leurs chez soi ", a indiqué M.Ouraghi. Après l'occupation française, soit vers 1865, l'administration coloniale éleva les remparts de la ville avec des pierres jusqu'à quatre (4) mètres de hauteur, tout en procédant au remplacement des portiques en bois par d'autres en fer, le tout dans le but d'assurer la protection des habitants, constitués en majorité de colons, bien sûr. Selon notre interlocuteur, les portes et remparts de Blida sont demeurés debout un siècle durant, avant que l'administration française ne décide leur destruction vers 1926, pour entourer la ville avec une ceinture de grands boulevards bien alignés à l'aide de bigaradiers "Larendj". Il a, en outre, souligné la particularité des portes de Blida, qui étaient construites en forme d'une couronne surmontée des richesses de la Mitidja, représentées par trois couleurs distinctes, à savoir le rouge avec ses sept (7) palmiers, le blanc avec ses sept (7) orangers et le vert avec sept (7) roses. Selon plusieurs sources concordantes, la ville de Blida fut fondée par Cheikh Sidi Ahmed Lekbir, qui s'y installa en 1519 après avoir quitté l'Andalousie. Il s'établit au niveau du confluent de l'Oued "Tabarkachent" et chaabat Erroumane, tout près d'un cours d'eau douce, avant de transformer les lieux en une Zaouïa, devenue par la suite un lieu de pèlerinage pou un grand nombre de ses adeptes. Les documents disponibles à la mairie de Blida indiquent que le premier noyau du centre ville était constitué d'une mosquée, d'un Hammam et d'un four traditionnel. Mettant à profit son expérience dans le domaine de l'irrigation, le Saint Sidi Ahmed Lekbir a initié un système d'exploitation des eaux provenant du mont Atlas, pour irriguer les terres et les arbres fruitiers. Peu à peu, une vie se forma autour de ce noyau mis en place par le Saint homme, jusqu'à constituer une petite ville qu'il baptisa du nom de "Bouleida". Plus tard, vers 1530, arriva sur les lieux Sidi Ahmed Ben Youcef El Andaloussi, chef spirituel (wali) de la Zaouïa de Miliana. Il fut tellement conquis par l'opulence et les richesses de cette petite ville, qu'il déclara, pour exprimer son admiration devant son hôte Ahmed Lekbir : "Si Sidi Ahmed Lekbir t'a donné le nom de Bouleida, moi je te nomme Bouleida Leourida (Blida la rose)", rapporte-t-on.