Le 5e Festival des andaloussiates de Koléa "Koléandalouse", inauguré le 7 mai, s'est achevé samedi soir à Alger, avec le grand Orchestre maghrébin qui a gratifié l'assistance d'un florilège de chansons réunissant les grandes écoles andalouses du Maghreb. Regroupant les troupes "Dar El Gharnatia" de Koléa (Algérie), "Chabab Monastir" (Tunisie) et "Dar El Aala" (Maroc), sous la conduite respective de Mohamed Cherif Saoudi, Mahmoud Frih et Ibrahim Wazzani, l'ensemble maghrébin a présenté un programme riche et varié au grand plaisir du public nombreux de la salle Ibn Zeîdoun. Scindé en deux parties, le récital final a été mené dans les modes Sehli et Zidène, mettant en valeur les variantes mélodiques et rythmiques qui caractérisent le style de chaque région du Maghreb. Les interprétations académiques des Ecoles algériennes, les lignes mélodiques tunisiennes, marquées par le quart de ton, les styles mouwachah et tarab, ainsi que les contre-chants entraînants soumis à la présence imposante des rythmes envoûtant du Maroc ont permis une fusion intelligente et subtile rendue homogène par l'appartenance des trois genres au registre andalou. Le grand Orchestre maghrébin a été précédé par la troupe Dar El Ghernatia de Koléa, composée de 24 musiciens dont 11 femmes et qui a présenté, près d'une demi-heure durant, un programme savamment interprété par la chanteuse très prisée Lila Borsali qui a enchanté l'assistance avec sa voix limpide et cristalline. Enchaînant les pièces Arak de Tlemcen, Hade El Wahch Aâliya (Hawzi), Daâni ya men lam halti (Hawzi Goubbahi), Ya och'chak Ez'zin (Raml El Maya / Zidène), Ya qamet ghosn el yes (Zidène) et Tezwika Zidène, la cantatrice, appuyée par la complicité de Leila El Kébir, a entraîné les mélomanes présents dans une belle randonnée à travers le riche patrimoine andalou. La troupe marocaine Dar El Aala (maison de l'instrument) de Casablanca emboîtant le pas derrière les instrumentistes algériens, a fait montre d'une grande maîtrise de l'instrument dans une suite dans le genre soufi, marquée par des rythmes emballant. Soutenue par de beaux contre-chants, exécutés dans la joie des célébrations religieuses, la voix mirobolante de Merouane Hadji très présente et aux prouesses techniques appréciables, a porté le lyrisme des textes soufis dans le mouvement Insiraf : Qaïm wa nisf / Gharibet el Hosseïn, Kouddam gharibet el Hosseïn, B'taïhi och'chak, Koddam och'chak et Soufia (amdahs) fi maqam nahawend. Dans des costumes traditionnels, propres à chaque région et aux ornements multiples, les artistes ont mis en valeur le patrimoine maghrébin et offert aux regards une belle fresque aux couleurs vives, témoignant de la richesse culturelle de la région. Durant près de deux heures et demie, les voix du Maghreb se sont confondues dans l'harmonie du langage universel de la musique, 1⁄2 renforçant les liens entre les peuples et montrant la voie pour un Maghreb fort et uni », a déclaré Abdellah Wazzani, universitaire et chercheur marocain. Un documentaire de près d'une heure, retraçant le parcours d'El Hadj Slimane Anani (1923-2013), fondateur de l'Association El Gharnatia en 1972, devenue par la suite Dar El Gharnatia, a ouvert la cérémonie de ce dernier soir du festival, rappelant l'attachement de l'homme à la science et à l'art ainsi que sa grande disponibilité à la formation et l'accompagnement. L'Association Dar El Gharnatia de Koléa, actuellement présidée par Kherrous Boualem, soucieuse de la préservation du patrimoine andalou, a déjà produit sept CD et "attend la sortie imminente de son 8e opus dans lequel sera présentée la Nouba Sika", a confié à l'APS Noureddine Labri, vice président de l'Association et commissaire du festival. Organisé du 7 au 10 mai par l'Association Dar El Gharnatia, le 5e Festival des andaloussiates de Koléa "Koléandalouseö, entièrement dédié à la mémoire d'El Hadj Slimane Anani, a connu la participation des troupes El Moutriba de Blida, Essendoussia d'Alger, El Bachtarzia de Koléa, Chabab Monastir de Tunisie et Dar El Aala du Maroc.