La première édition des Andaloussiates maghrébines de Monastir (Tunisie) s'est achevée, dimanche dernier, par l'attribution du 1er prix à l'association Dar El Gharnatia de Koléa (Tipasa). Le vœu du défunt président de l'association d'Echabab de Monastir, Hadj Bachir Harzallah, a été exaucé, grâce à la volonté de ses élèves artistes, son successeur, Frih Mahmoud, et ses compagnons. Cette association culturelle de Monastir, créée en 1970, dispose d'un riche palmarès. Le Festival international n'est que l'aboutissement de 42 années d'efforts des Tunisiens. Les artistes, venus d'Espagne, du Maroc et d'Algérie, ont participé à cette première édition qui s'est déroulée au complexe culturel de Monastir. Les familles mélomanes étaient nombreuses lors de l'ouverture de cette édition, afin d'assister, durant 30 minutes, à la production inédite d'une troupe de 24 musiciens constituée de Marocains, Algériens et Tunisiens. Tout un symbole. Shahrazed Hadji (Algérie), Merouane Hajji (Maroc) et Frih Mahmoud (Tunisie) se sont relayés durant toutes ces minutes exceptionnelles pour présenter la richesse du patrimoine musical andalou. Sublimes voix des 3 artistes qui ont provoqué des sentiments intenses dans une atmosphère qui rappelait les années de bonheur vécues par les familles tunisiennes dans la ville de Habib Bourguiba. Même le ministre tunisien de la Culture, docteur Mehdi Mabrouk, présent lors de l'entame de la manifestation, surpris par la qualité du spectacle et le travail sérieux de l'association de Monastir, a décidé d'instituer le festival à compter de la 2e édition. Merouane Hajji, en dépit de son jeune âge, s'est avéré être une véritable star. L'enfant de Fès a interprété un répertoire Al-Ala, avec un istikhbar, des qassaïdes de medh et a terminé par une fiyachiya (soufi), des moments de transe agrémentés par les youyous des femmes qui accompagnaient le chanteur dans ses chants. Frih Mahmoud, l'enfant de Monastir, a excellé à son tour dans le genre malouf. Les artistes marocains et tunisiens portaient leur tenue traditionnelle. Au moment où les Marocains et les Tunisiens imposaient des rythmes des noubas, les élèves de l'Association culturelle de Koléa, dans la salle, dansaient aux rythmes des chants. Les familles tunisiennes et les artistes sur la scène n'attendaient que ces instants pour transformer l'atmosphère dans une mer de bonheur. Le maestro, Saoudi Med Chérif, à la tête de 24 musiciens, dont 10 filles, a proposé un programme très riche, constitué des styles des 3 écoles algériennes de musique andalouse. Une production qui aura impressionné l'assistance. Le président Kherrous Boualem tenait à la qualité du programme musical de sa troupe, en raison de ses liens étroits avec l'Association de Monastir et avec son défunt président, Hadj Bachir Harzallah. Les artistes de Koléa ont entamé leur passage par un bachraf lakbir, un moment musical pur de malouf, enchaînant avec des extraits de nouba maya, noubates inkilabate (malouf) et en terminant avec ce passage magique par une chouchana (mouwachah tunisien), Des moments de ferveur indescriptibles et fortement appréciés par les familles mélomanes tunisiennes et les organisateurs. «On avait besoin d'une cure pareille en ces moments en Tunisie», a déclaré le wali de Monastir à l'issue du spectacle. La communion des artistes maghrébins dans cette 1re édition était impressionnante. Le public tunisien, aux anges, accompagnait les chanteurs découvre des talents. Mahmoud Guettat, musicologue, ethnomusicologue qui avait animé une conférence dans la matinée, était ravi et optimiste durant le spectacle. «L'école de Koléa fait partie des institutions qui travaillent dans la préservation du patrimoine musical maghrébo-andalou», nous dit-il. Les élèves de Dar El Gharnatia, frustrés par le diktat de Gherbas et ses acolytes lors de la remise du 1er prix du concours national de Sanâa, ont rejoint la Tunisie au lendemain du scandaleux verdict de l'équipe de Gherbas, et ont démontré leur valeur au-delà des frontières. Quant à Frih Mahmoud, ému par le succès de la manifestation, il se prépare déjà pour 2013.