La procureure de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bensouda, a souligné mardi, devant le Conseil de sécurité, que la Libye continuait à faire face à des ''problèmes de sécurité graves'' et à une ''crise politique profonde'' qui compromettent sa capacité à apporter des changements judiciaires ''significatifs et indispensables''. Dans son 7ème rapport présenté devant l'organe de décision de l'ONU, Mme Bensouda a considéré que le renforcement de la capacité de la Libye à assumer ses responsabilités en matière de sécurité demeurait la clef du succès des efforts communs pour une paix durable dans le pays. Par ailleurs, elle a rappelé que le Conseil de sécurité, en vertu d'une résolution de 2011, avait déféré au procureur de la CPI la situation en Libye pour les violations du droit international et des droits de l'homme commises dans le pays depuis février 2011. ''Les Libyens devraient répondre à l'appel du Conseil de sécurité à soutenir la transition démocratique en Libye, à engager un dialogue politique et à s'abstenir de toute violence et d'actes qui remettraient en cause la stabilité de l'Etat'', a-t-elle soutenu. Selon elle, la ''détérioration constante'' de la situation en matière de sécurité a sapé ses activités d'enquête et entravé les possibilités d'interaction efficace avec le gouvernement libyen. En outre, elle a, une nouvelle fois, demandé à la Libye à satisfaire la demande que lui a adressée la Cour de lui remettre Saïf El-Islam El-Gueddafi, fils de l'ex- dirigeant libyen Mouammar El-Gueddafi. Saïf El-Islam El-Gueddafi, rappelle-t-on, fait l'objet d'un mandat d'arrêt de la CPI pour des crimes contre l'humanité qui auraient été commis pendant la révolte en Libye, alors que les autorités libyennes ont déposé en 2012 une requête contestant la compétence de la CPI à le poursuivre ainsi que pour le cas de l'ex-chef des renseignements, Abdallah Senoussi. Au cours du débat du Conseil de sécurité, de nombreuses délégations se sont félicitées des premiers contacts qui ont eu lieu entre le Bureau du procureur de la CPI et le procureur général de la Libye quant aux modalités de mise en œuvre du mémorandum d'accord, signé en 2013, entre les autorités libyennes et la CPI pour favoriser la collaboration et le partage des tâches en matière d'enquêtes et de poursuites. Mais le représentant de la Chine a rappelé la position de principe de son pays selon laquelle les organes de justice internationaux devraient respecter pleinement la souveraineté nationale des pays concernés. Pour sa part, le délégué russe a noté que la situation en Libye restait ''précaire'' et que des actes de violence y étaient perpétrés par des groupes contre lesquels le gouvernement lutte avec de grandes difficultés. Selon lui, compte tenu du climat politique actuel, ''la logique qui sous-tend les décisions prises par la CPI soulèvent des interrogations'', tout en faisant remarquer que les actions de l'OTAN, pendant le conflit, auraient dû faire l'objet d'un examen approfondi afin de respecter le principe d'impartialité. Présent à cette réunion, le représentant de la Libye, Ibrahim Dabbachi, a rappelé que son pays, qui n'a pas ratifié le Statut de Rome, avait choisi de son propre gré de travailler avec la CPI, et avait demandé à la communauté internationale de l'aider, en ce sens, à renforcer ses capacités.