Creuset pour jeunes talents, le 8e Festival national de musique diwan, prévu du 23 au 29 mai à Bechar (sud-ouest), comprend des spectacles dans les grandes agglomérations de la région mais aussi un volet académique explorant la valeur patrimoniale de ce genre musical ancestral. Devant une affluence considérable qui ne cesse de grossir au fil des éditions du festival --le stade de la commune de Bechar ayant accueilli jusqu'à 8.000 personnes en une soirée-- les organisateurs ont programmé des spectacles sur les places publiques de Taghit, Béni Abbas Kenadsa et Igli, des communes situées à plus de 200 km de Bechar, pour les plus éloignées. Comme à l'accoutumée, quinze troupes musicales, amateurs ou issues de confréries soufies, de villes comme Mostaganem, Oran, Bechar ou Constantine se disputeront les trois premières places pour s'assurer du ticket de passage sur la scène du festival international de musique diwan d'Alger. Déjà primées lors de précédentes éditions et très attendues par le public, des troupes comme Dar Bahri Ousfane de Constantine ou Jil Diwan Kandoussi de Bechar prendront part cette année à la compétition, même si la conception du concours a été très sévèrement critiquée et jugée "incompatible" avec l'échange culturel et la créativité. Suivant le vœu des observateurs et des participants au festival, une "Lila", cérémonie authentique de diwan telle que pratiquée par les confréries, sera portée sur scène, dans la pure tradition de ce style, lors de la seconde soirée du festival. Une parade à travers les rues de Bechar, réunissant les différentes musiques populaires du folklore de la Saoura, ouvrira le bal. Le festival prévoit également de faire connaître la nouvelle scène algérienne en invitant des groupes comme Caméléon, une troupe d'Ahalili féminin d'Adrar et Freeklane, en plus des incontournables Essad et Hasna El Becharia. Même si après le passage de Lemchaheb, Lotfi Attar, Gaada Diwan Bechar et Hamid El Kasri aux précédentes éditions, cette programmation --conçue pour "enrichir le contenu" d'une des rares manifestations culturelles de la région-- déçoit beaucoup d'adeptes qui y voient une "régression". Après de riches débats, lors de la 7ème édition, sur la recherche consacrée à ce style musical, sa promotion et son passage du sacré à la scène, les organisateurs ont choisi, pour cette édition, d'assigner au volet académique la mission de mettre en relief le caractère patrimonial et culturel "authentique" de la musique diwan. La réflexion sur le rôle des festivals culturels en tant que levier au service de la dynamisation touristique et économique des villes algériennes fera l'objet d'un atelier ad hoc, également programmé en marge des concerts. L'aspect thérapeutique de la musique diwan, traditionnellement accompagnée da transes lors des cérémonies animées par les confréries, sera aussi abordé par des chercheurs du Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (CNRPAH), selon les organisateurs. Formation et production audiovisuelle Suivant les recommandations des participants à l'édition 2013, les organisateurs du festival prévoient de reconduire la résidence d'artistes afin d'instaurer un "environnement propice" à la création et dont le produit sera présenté sur scène en clôture. Les spécialistes voient dans ce genre de manifestations une opportunité "irremplaçable" pour l'échange, la rencontre des genres musicaux, la création et la fusion. La fabrication artisanale des instruments de musique propres au diwan sera de mise à ce 8e Festival, à travers des artisans de la région qui devront exposer leurs produits à la maison de la culture de Bechar. Et pour se conformer aux standards internationaux, l'édition 2014 devrait être couronnée pas la réalisation de compilations musicales puisées dans les archives des sept précédents festivals.