Le documentaire "Les balles du 14 juillet 2014" du réalisateur français Daniel Kupferstein, projeté dimanche à l'occasion des 5e Journées cinématographiques d'Alger (JCA), tire de l'oubli un massacre anti-algérien perpétré par la police française en 1953, lors de la traditionnelle manifestation ouvrière du 14 juillet . Cette répression qui avait fait sept morts et des dizaines de blessés par balles a été soigneusement travestie en action de "légitime défense" par la justice française de l'époque et a fourni prétexte à la police pour se doter de deux corps répressifs spécialement destinés à mater les indigènes. Le documentaire de 85 minutes, reconstitue avec minutie les tragiques évènements de cet anniversaire, festif entre tous, où les Algériens ont rejoint la manifestation de la Cgt et du parti communiste français à l'appel du PPA-MTLD. S'appuyant sur les témoignages de nombreux acteurs de l'époque, victimes policiers, historiens et simples témoins dont, certains, pris pour des Algériens, ont également été blessés, le film est une enquête approfondie qui démonte, archives à l'appui, les subterfuges du juge d'instruction pour nier une tuerie froidement commanditée. Les images d'archives montrent les ouvriers algériens défilant en grande tenue et dans une organisation parfaite , portant le portrait de Messali Hadj et le drapeau algérien. Abdallah Bacha, Tahar Madjène, Mouhoub Illoul, Tabdjadit Ameur,Abdelkader Draris, Larbi Daoui et Maurice Lurot, les sept ouvriers abattus lors de cette manifestation, sont par la suite présentés comme des malfaiteurs par la presse française et les parlementaires de droite alors que leurs obsèques se déroulent sous très haute surveillance en Algérie et à Paris. "Cette tuerie qui a marqué en France, la fin des cortèges populaires du14 juillet a été le prélude à une guerre totale" conclut le documentaire en voix off, en faisant un parallèle entre les six ouvriers algériens tués et les six architectes du1er novembre 1954. Très applaudi, ce film a été précédé par "Le Droit au Baiser" de Camille Ponsin et "Hna Bara" (Nous, Dehors) de Bahia Bencheikh Lefgoun et Meriem Bouakkaz, deux documentaires abordant avec intelligence et délicatesse la problématique de la liberté féminine et citoyenne en Algérie, en Turquie et partout ailleurs dans le monde. Les 5e JCA, organisées par l'association de cinéma "A Nous les Ecrans" se poursuivent jusqu'au 12 novembre à la salle El-Mougar d'Alger. Une trentaine d'oeuvre y sont en compétion entre documentaires et courts-métrages. Un concours du meilleur scénario y est également organisé.