Unis) - La procureure de la Cour pénale internationale (CPI) a estimé mardi que des crimes de guerre étaient probablement commis en Libye mais déploré que la Cour n'ait pas les moyens d'enquêter en raison du chaos qui règne dans le pays. "Il y a des indications selon lesquelles des crimes qui tombent sous la juridiction de la CPI sont commis" en Libye, un pays qui "est sur la mauvaise pente dans sa transition", a déclaré Fatou Bensouda devant le Conseil de sécurité des Nations unies. Elle a cité notamment "la série actuelle d'assassinats à Benghazi et les menaces brandies contre les médias, les défenseurs des droits de l'homme et les femmes en particulier ainsi que les procureurs, les juges et les avocats". La procureure a aussi dénoncé une nouvelle fois les nombreux cas de détention arbitraire d'individus qui "risquent d'être torturés et tués en détention". Malheureusement, a-t-elle déploré, l'insécurité "a fortement affaibli notre capacité à enquêter de manière efficace dans le pays", de sorte que la CPI "a été forcée de réduire les moyens consacrés aux enquêtes, en particulier sur de nouveaux cas de crimes de masse commis par les forces rebelles". Mme Bensouda a "instamment demandé aux autorités libyennes de redoubler d'efforts (...) afin de garantir que les conditions nécessaires soient réunies dès que possible pour faciliter nos enquêtes en Libye". Elle a aussi suggéré la mise en place d'un "groupe de contact international sur les questions de justice" afin de fournir un soutien matériel et juridique à la Libye. Mme Bensouda a par ailleurs réitéré la volonté de la CPI de transférer à La Haye Seif al-Islam, fils du défunt dirigeant Maamar El-Gueddafi, que la Libye veut juger sur son territoire. Elle a aussi indiqué qu'elle allait examiner la possibilité de faire appel d'une décision de justice soutenant la demande de la Libye de juger sur place Abdallah al-Senoussi, ancien chef du renseignement. La Libye est plongée dans le chaos à la suite d'une lutte de pouvoir entre une autorité centrale et des milices armées qui contrôlent la capitale Tripoli.