L'implication du citoyen dans les débats et la préparation des projets à lancer dans sa commune, la prise en charge des doléances des populations envers les responsables, pour instaurer une démocratie participative dans la gouvernance locale, ont été les thèmes débattus mercredi à Alger par le groupe de travail chargé de la mise en place de mécanismes sur la gestion locale. Présidents d'Assemblées communales et de wilaya, spécialistes, représentants de ministères et cadres du ministère de l'Intérieur ont, tour à tour, fait part de leurs avis sur le "sens de la concertation qui doit régner au niveau local pour mieux prendre en charge les aspirations des populations et l'amélioration de leur niveau de vie à travers le développement multisectoriel". Les travaux du groupe de travail, installé la veille, sont présidés par le secrétaire général du ministère de l'Intérieur et des collectivités locales, Ahmed Adli. Partant de constats réels à travers différents événements enregistrés dans les communes du pays, des intervenants ont insisté sur le "renforcement des prérogatives des présidents des Assemblées communales qui manquent actuellement d'éléments de réponse lorsqu'il est impossible de satisfaire les revendications des habitants". Dans ce contexte, un président d'une Assemblée de wilaya s'est interrogé sur l'"efficacité" des cadres de concertation, déjà existants, au niveau local. "Nous recevons chaque jour des citoyens et nous discutons avec eux mais le problème c'est comment apporter une réponse satisfaisante à leurs doléances notamment en ce qui concerne le logement et l'emploi", a-t-il notamment dit, affirmant que la mission du responsable local sera "plus facile et crédible en associant toutes les catégories de la société à la concertation". Il est question dans ce sens d'ouvrir les Conseils consultatifs aux compétences scientifiques et économiques, en plus des représentants de jeunes et de la femme, afin de recueillir "le maximum d'informations inspirées de la réalité que vit le citoyen et proposer, ainsi, les solutions pratiques aux décideurs". Toutefois, ont affirmé d'autres responsables, une bonne gestion locale qui se construit sur la concertation, ne peut être instaurée qu'à l'aide d'"une bonne communication qui touchera le maximum des habitants lorsque il s'agirait, à titre d'exemple, du lancement de projet de développement et l'explication, aux citoyens, de leur utilité publique". Ainsi, a-t-on indiqué, la concrétisation de la démocratie participative doit être conforme aux spécificités locales, ce qui permettra une large participation citoyenne à la vie politique et socio-économique de la collectivité. "La société civile à un rôle important dans la gestion participative, d'où l'importance de lui accorder de l'intérêt et faire d'elle un investissement de l'Etat en matière de prise en charge des affaires publiques", a souligné un autre intervenant, non sans signaler l'importance de faire adhérer les responsables de tous les secteurs de l'Etat représentés à travers le territoire national, tels que les services des eaux, du gaz, l'électricité, l'Education, qui ne sont pas sous l'autorité des présidents des Assemblées communales et des wilayas. Consigner ce genre de recommandations dans l'élaboration d'une plate-forme de mécanismes permettant la participation à la gestion locale constituera "un vivier pour l'expression d'idées lumineuses provenant de personnes directement concernées et inspirées de la réalité". Les espaces de concertation peuvent tirer profit, ont indiqué des responsables centraux, des avis "incontournables" de spécialistes de tout bord dont les recommandations s'appuient sur des arguments scientifiques et méthodiques. Néanmoins, même si les cadres de concertation existent, comme l'a affirmé M. Adli, le citoyen n'arrive pas à se contenter de se plaindre auprès d'une seule instance mais il reformule les mêmes revendications auprès de la Daïra, l'APW et la Wilaya. Pour ce faire, a-t-on recommandé, il est nécessaire de mieux définir "le concept de la démocratie participative pour avancer dans le débat lors des ateliers destinés à la mise en place des mécanismes de gestion locale et, par la même, l'amélioration de la gouvernance locale". "Le rôle du citoyen ne se limite pas seulement à prendre son avis lors de la préparation des projets locaux mais le même citoyen doit être impliqué dans le suivi de la réalisation des plans de développement", ont dit des intervenants au fait de la gestion locale, recommandant également la révision du cadre organisationnel du mouvement associatif et de la société civile. Pour M. Adli, il est temps que le gestionnaires locaux se penchent sur les mécanismes à instaurer pour une gestion participative, en partant des constants sur le terrain. Il faut, a-t-il indiqué, s'interroger, à titre d'exemple, sur l'esprit d'"indifférence" affiché par certains citoyens envers le bien public, recommandant au groupe de travail de penser à amener le citoyen à participer activement à la concertation locale et tirer, par ailleurs, profit des expériences réussies initiées par certaines collectivités locales. Dans le même ordre d'idées, M. Adli a notamment évoqué les outils à proposer pour rendre effective la participation citoyenne à travers "une démarche pratique et pragmatique", "la systématisation autant que possible de la participation à la gestion locale", "la concertation et l'instauration de la transparence dans la gestion locale", "l'adaptation de la gestion aux nouveaux outils technologiques", "la mise en place de comités locaux de concertation comprenant les élus, la société civile, les notables et les compétences locales parmi les habitants de la région". L'"exploitation de l'avantage qu'offrent le Numéro Vert, le registre des doléances et l'assouplissement du dispositif de prise de décision", ont été également évoqués par le secrétaire général du ministère, qui a invité les participants à contribuer à la réflexion sur les ateliers dont les travaux aboutiront à l'élaboration de mécanismes relatifs à la participation du citoyen à la gestion locale. La veille, le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des collectivités locales, Tayeb Belaïz, avait souligné la nécessité de trouver des mécanismes et des dispositifs qui permettent aux citoyens de participer à la gestion des affaires de leurs communes et wilayas conformément à la Constitution et aux lois. "La participation des citoyens à la gestion des affaires locales est un droit consacré par la Constitution et par les codes communal et de wilaya, avait précisé M. Belaïz lors de l'installation du groupe de travail composé de représentants de tous les secteurs ministériels, d'élus et de certaines institutions.