Les négociateurs iraniens et ceux du groupe 5+1 poursuivaient vendredi leurs discussions "cruciales" à Vienne pour parvenir à un accord sur le dossier nucléaire de Téhéran, à trois jours de la date-butoir du 24 novembre. Après des mois de discussions techniques, cette séquence cruciale et purement politique a été lancée par un long entretien, jeudi soir dans un palace de Vienne, entre le chef de la diplomatie américaine, John Kerry et son homologue iranien Mohammad Javad Zarif. Les deux hommes se sont à nouveau réunis pendant deux heures en fin de matinée, en compagnie de l'ex-représentante européenne Catherine Ashton, qui continue de coordonner la négociation. A trois jours de la date-butoir du 24 novembre, selon des sources diplomatiques, l'Iran et les grandes puissances du "5+1" (Chine, Etats-Unis, France, Russie, Royaume-Uni et Allemagne) ont réussi à aplanir leurs désaccords. Les Iraniens appelés à saisir "la chance" Du côté des grandes puissances, on estime que c'est aux Iraniens de faire un pas en avant. Le ministre des Affaires étrangères français, Laurent Fabius a invité l'Iran à "saisir l'opportunité" d'un accord. De son côté, le chef de la diplomatie britannique Philip Hammond a affirmé que l'Iran aurait "énormément à y gagner, faisant référence notamment à l'accès à des montants très importants d'avoirs gelés, la capacité de commercer de nouveau librement avec le monde, et de faire redémarrer les relations avec la communauté internationale". John Kerry, quand à lui, a qualifié l'actuelle phase de discussions de "chance" qui doit être saisie pour parvenir à un accord définitif. Cet espoir est également partagé par la Russie qui par la voix de son chef de la diplomatie, Sergueï Lavrov a indiqué que "tous les ingrédients pour un accord sont sur la table". Un accord redonnerait du souffle à l'économie iranienne, en particulier grâce à la levée de l'embargo occidental sur le pétrole iranien. Il ouvrirait aussi la voie à une normalisation des relations entre l'Iran et l'Occident, rendant possible des coopérations, notamment dans les crises en Irak et en Syrie. Le secrétaire d'Etat américain exclut pour l'heure une nouvelle prolongation des discussions, qui ont déjà dépassé une première date-butoir fin juillet. Un échec à conclure un accord dans le délai prévu créerait en effet une forte incertitude sur l'avenir des discussions, qui déplaisent aux sceptiques des deux camps. "Une possibilité comme celle que nous avons aujourd'hui est très rare", a averti M. Le vice-ministre des Affaires étrangères Sergueï Riabkov, à la tête de la délégation russe à Vienne. "C'est un moment crucial, et le laisser passer serait une grave erreur, avec d'assez lourdes conséquences". A partir de janvier, les opposants républicains à Barack Obama contrôleront l'ensemble du Congrès américain, alors que jusqu'à présent, le président a eu les mains libres pour négocier sans interférence des parlementaires à Washington. Un échec de la négociation de Vienne fragiliserait aussi le président iranien Hassan Rohani. Celui-ci joue une grande partie de sa crédibilité dans le succès de cette ouverture vers les grandes puissances, menée à bien afin de relancer l'économie iranienne en crise. Des divergences persistent Dans une nouvelle sortie médiatique, Le chef de la diplomatie britannique M. Hammond a estimé que des "divergences très significatives" subsistent sur la voie d'un accord entre l'Iran et les grandes puissances. M. Hammond a aussi évoqué la poursuite de discussions "très utiles", alors que se profile la date-butoir du 24 novembre pour trouver un accord. M. Zarif, après avoir laissé entendre dans la matinée qu'il pourrait retourner à Téhéran pour des consultations, a décidé d'annuler son voyage en Iran. Son entourage a argué que les discussions autour des "idées" présentées par la partie iranienne n'étaient "pas arrivées au point" où elles pouvaient être présentées. Les positions paraissent s'être rapprochées sur de nombreux points. Mais deux divergences majeures subsistent entre l'Iran et les grandes puissances du "5+1" , qui ont jusqu'à lundi 24 novembre pour conclure un accord. Les "5+1" veulent que la République islamique réduise fortement sa capacité d'enrichissement d'uranium, afin d'éviter qu'elle puisse obtenir l'arme atomique. L'Iran exige en revanche de conserver, et même d'amplifier cette capacité, dont le pays dit avoir besoin pour alimenter ses futures centrales nucléaires. Selon des sources occidentales, l'Iran réclame par ailleurs une levée immédiate de toutes les sanctions qui lui ont été infligées au long d'une décennie de controverses sur son programme atomique.